Le réalisateur calédonien Jérôme Roumagne inspiré par son Caillou natal pour un road trip sur grand écran

Jérôme Roumagne, réalisateur calédonien
Il était retourné sur le Caillou en décembre 2019 pour passer des vacances en famille. Six mois plus tard, le jeune réalisateur Jérôme Roumagne est toujours en Nouvelle-Calédonie! Des opportunités professionnelles et le Covid-19 sont passés par là… L'occasion de plancher sur un nouveau film.
Janvier 2020. Les fêtes sont passées, Jérôme a pu se ressourcer chez ses parents, sur le Caillou. Il a prévu de rentrer sur Paris en février, mais voilà qu'il est contacté par le bureau des tournages de Nouvelle-Calédonie. Le jeune homme reçoit une proposition qu’il ne peut pas refuser : travailler comme assistant réalisateur sur la série OPJ Pacifique Sud. Depuis le temps que Jérôme rêvait de pouvoir travailler en Calédonie! “J’ai sauté sur l’occasion“, confie-t-il, ce projet lui permettant de “prolonger son séjour en famille” tout en travaillant “à la maison”
Jérôme repousse son billet d’avion à juin. Bien lui en a pris! Car le coronavirus est là. Le 17 mars, c’est le confinement dans l’Hexagone. Il est étendu à la Calédonie le 23 mars.
 

Tournage suspendu pour cause de Covid-19

Or, après deux semaines de préparation, le tournage de la deuxième saison d’OPJ Pacifique Sud vient tout juste de commencer : on est le 18 mars.  “La production nous a annoncé que le tournage était suspendu dès la deuxième journée de tournage, à cause du Covid-19.”
 

C’était un début d’expérience génial, qui m’a permis de bosser avec les techniciens locaux et de voir qu’on a tout le potentiel pour faire de grandes choses ici! Hâte que le tournage reprenne!


Heureusement pour le Calédonien, le confinement n’a pas été trop dur à vivre. “J’étais chez mes parents et on a la chance d’avoir un jardin et une piscine donc c’était beaucoup plus agréable que de le passer dans mon studio à Paris!”

Un peu de sport, beaucoup de pâtisseries et de séries et le mois de confinement est passé relativement vite. On a de la chance, ça n’a pas duré très longtemps ici.


Redécouverte de la Calédonie et écriture 

Jérôme a su profiter de ces mois passés sur sa terre natale. “J’ai eu le temps de me balader un peu partout et d’échanger avec les gens ici. De redécouvrir la richesse des cultures locales et la joie de vivre des gens”. 

"Cela m’a donné envie de reprendre l’écriture d’un scénario que j’avais commencé il y a un an et demi”, de le modifier et de l’actualiser. Le scénario d’un road movie qui raconte la traversée de deux enfants victimes de violences familiales à travers “les différents paysages et cultures” de la Calédonie. “Là, l’idée, c’est de balayer pas mal d’endroits à travers leur parcours.”
 

Un cadre qui fera selon lui la force du film, car “il n’y a pas beaucoup de films qui parlent de Nouvelle Calédonie au cinéma." Effectivement, à part L’Ordre et la morale de M. Kassovitz ou plus récemment Mercenaire de Sacha Wolff, les exemples de films tournés là-bas ne se bousculent pas...

 

Road trip sur les violences familiales

Mais Jérôme veut surtout que ce “road trip” permette de parler d’un sujet grave, les violences faites aux enfants. “Les chiffres des violences familiales ont explosé pendant le confinement, que ce soit dans l’Hexagone ou en Calédonie, et ça m’a interpellé."
D’après le jeune réalisateur, ce sujet, qui lui “tient à coeur”, lui permettra de montrer le vrai visage de la Calédonie, “celui que j’ai redécouvert en revenant”. “Celui d’une Calédonie multiculturelle où il fait bon vivre et où j’ai redécouvert les traditions, les sourires, l’attention que se portent les gens les uns envers les autres.“ De ce point de vue, le feu d’artifice de la nouvelle année à Nouméa a été déterminant pour Jérôme. “A ce moment-là, j’ai vu toutes les familles, toutes les ethnies rassemblées. Moi, je veux que mon film parle de ça, de tous ces gens qui vivent ensemble depuis des années (...) Je préfère parler de ce qui rassemble, plutôt que de ce qui divise."

Jérôme Roumagne, sur le tournage de "Respire"


Et de préciser : “Choisir des enfants comme personnages principaux me permet d’évacuer toute question politique en cette période de référendum”. Le jeune réalisateur souhaite que son film traite avant tout “de l’humain”, pas de politique. Mais il veut en faire un film engagé. 

Entre Paris et Nouméa

Le jeune réalisateur sait déjà que ce long-métrage ne pourra pas être exclusivement financé en Calédonie, mais il compte quand même aller voir les boîtes de production calédoniennes avec une première version de son scénario d’ici un mois ou deux. En fait, Jérôme attend surtout d’être de retour dans l’Hexagone pour taper à la porte des boîtes parisiennes. “Mon souhait serait de retourner sur Paris fin juillet pour essayer de travailler un peu et de revenir à l’automne pour la suite du tournage d’OPJ Pacifique Sud.” Mais pour l’heure, aucune annonce officielle de ce côté-là. Le tournage est toujours suspendu. Jérôme, dont le billet d’avion retour pour Paris a été une nouvelle fois annulé, se dit qu'il est de plus en plus "possible qu’[’il] reste ici jusqu’en 2021!". Mais ce contretemps pourrait bien être pour lui l'occasion de se consacrer à l’écriture et aux repérages de son prochain film…
 
 

De Respire aux Vivants

A 26 ans, Jérôme a travaillé comme assistant réalisateur sur des séries (Profilage), des courts-métrages et des longs-métrages (Jusqu’à la gardede Xavier Legrand notamment). Aujourd’hui, il se sent prêt à endosser le premier rôle, celui de réalisateur - “c’est une forte envie” -  comme sur son court-métrage de fin d'études, Respire, qui l’a fait connaître. Pour ce film, il avait obtenu que Marthe Villalonga joue un des rôles principaux.
 
D’ailleurs, avec sa co-scénariste Marie, Jérôme travaille à l’adaptation de ce court-métrage pour le cinéma. Ils sont en relation avec plusieurs boîtes de production à Paris. “On croise les doigts”, sourit-il. Le projet se nomme maintenant Les Vivants.