Le référendum en Nouvelle-Calédonie aura lieu dans un mois, le 4 novembre 2018 [ENCADRE]

Le 4 novembre 2018, 174.154 électeurs de Nouvelle-Calédonie vont voter pour le référendum d'autodétermination. Gros plan sur ce rendez-vous crucial pour l'avenir du territoire. Quelle question, qui vote, que disent les sondages, pourquoi ce référendum, Que se passera-t-il après ? Réponses ici.

La question

Les tractations politiques pour parvenir à la rédaction de la question qui sera posée le dimanche 4 novembre 2018 aux 174.154 électeurs de Nouvelle-Calédonie ont été longues. Ils devront répondre par "oui" ou "non" à cette question : 

Voulez vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?


Un consensus a été trouvé concernant la rédaction de la question lors du 17ème Comité des signataires de l'Accord de Nouméa, en mars 2018. Proposée par le Premier ministre Edouard Philippe, la formulation de la question a recueilli l'assentiment des partisans et des adversaires de l'indépendance présents au sein du Comité des signataires. 
 

Qui vote ?

C'est l'une des complexités de ce scrutin : tous les électeurs inscrits sur les listes électorales en Nouvelle-Calédonie n'auront pas le droit de voter. Au total, ils sont 210.105 électeurs inscrits, selon les données du Haut-Commissariat. Mais pour le référendum, seuls 174.154 électeurs inscrits sur une "Liste Electorale Spéciale pour la Consultation" sont autorisés à voter, selon des conditions de résidence sur le territoire, longuement négociées à l'occasion des Comités des signataires de l'Accord de Nouméa. Près de 36.000 électeurs inscrits sur les listes électorales pour les scrutins nationaux (présidentielle, législatives, municipales) ne pourront donc pas voter le 4 novembre prochain. Regardez les explications de William Kromwel :
©la1ere

Comme l'explique le site officiel mis en place par le Haut-Commissariat pour ce référendum (consultable par ici), les électeurs inscrits sur la "LESC" (Liste Électorale Spéciale pour la Consultation) recevront dans le courant de ce mois d'octobre une carte électorale spéciale.


Pourquoi ce référendum ?

Ce référendum est l'aboutissement d'un long processus né lors de la signature des Accords de Matignon, en 1988, après des années de tension et d'affrontements entre Kanak et Caldoches en Nouvelle-Calédonie. Prévu initialement en 1998, dix ans après la signature des Accords de Matignon, son organisation avait été, d'un commun accord entre l'Etat, les indépendantistes et les non-indépendantistes, repoussé au plus tard à l'année 2018. D'où ce référendum du 4 novembre. 
 

Que disent les sondages ?

Pour l'heure, trois sondages ont été publiés et prédisent une nette défaite des indépendantistes au référendum d’autodétermination. Le dernier en date, un sondage Harris Intercative pour France télévisions, réalisé du 12 au 22 septembre sur un échantillon de 1038 personnes, donne le "non" vainqueur à 66%, contre 34% qui voteraient "oui" à l'indépendance. 85% des personnes interrogées se déclarent sûres de leur choix. 

Ce dernier sondage confirme la tendance dessinée par les deux précédents. Un sondage a été réalisé par l'institut I-Scope pour la télévision Caledonia, entre le 30 juillet et le 8 août. Selon ce sondage, 63% des personnes interrogées ont l'intention de voter "Non" à l'indépendance. 28% veulent voter "Oui". 9% des sondés n'ont pas encore fait leur choix. Début septembre 2018, l'institut Quid Novi, franchise de Kantar-TNS, a publié un autre sondage, indiquant que 69 à 75% des électeurs sont susceptibles de voter "Non" à l'indépendance. 
 

Comment se positionnent les politiques nationaux ?

Pour l'heure, tous les partis politiques nationaux ne se sont pas prononcés sur ce référendum en Nouvelle-Calédonie. En visite en mai 2018, Emmanuel Macron n'avait pas ostensiblement appelé à voter en faveur du oui ou du non, mais il avait tout de même exprimé clairement son point de vue lors d'un discours, expliquant :

Sans la Nouvelle-Calédonie, la France ne serait pas la même

- Emmanuel Macron, à Nouméa le 5 mai 2018


A droite, Laurent Wauquiez, le président de LR, était en déplacement en Nouvelle-Calédonie. Il avait sans ambiguïté pris position contre l'indépendance : 

Je suis là pour défendre une Nouvelle-Calédonie dans la France.

- Laurent Wauquiez, président LR, à Nouméa le 9 septembre 2018


De son côté, Jean-Luc Mélenchon "s'en remet aux électeurs de Nouvelle-Calédonie", même s'il nuançait son propos, il y a quelques jours sur France 3: 

Si je faisais parler mon coeur, je dirais "restons ensemble".

- Jean-Luc Mélenchon, sur France 3, le 30 septembre 2018


Au nom du Rassemblement National, Louis Aliot a entamé une visite en Nouvelle-Calédonie le 2 octobre, pour soutenir le "Non" au référendum. 
 

Et après  le 4 novembre?

En cas de victoire du "Oui", la Nouvelle-Calédonie accèderait à l'indépendance. En cas de victoire du "Non", l'article 5 de l'Accord de Nouméa prévoit la possibilité, dans certaines conditions, que deux nouveaux référendums soient organisés : 

Si la réponse des électeurs à ces propositions est négative, le tiers des membres du Congrès pourra provoquer l'organisation d'une nouvelle consultation qui interviendra dans la deuxième année suivant la première consultation. Si la réponse est à nouveau négative, une nouvelle consultation pourra être organisée selon la même procédure et dans les mêmes délais. Si la réponse est encore négative, les partenaires politiques se réuniront pour examiner la situation ainsi créée.

- Article 5 de l'Accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998

 

Comment suivre la campagne électorale ?

Le site de référence c'est bien sur NC la1ere. Tous les articles consacrés au référendum sont à retrouver en cliquant par ici.

Le Haut-commissariat de Nouvelle-Calédonie a mis en place un site dédié à l'organisation de ce référendum (consultable par ici), ainsi qu'une page Facebook.