La plupart se sont connus ici, enfants. Certains n’y sont restés que quelques semaines avant d’être adoptés. D’autres y ont passé plus de 10 ans, comme Marie-Josée Virapin. Hébergée dans le centre de 1969 à 1979, elle y a, par la suite, été monitrice-éducatrice pendant 13 ans. A son tour, elle a pris soin des enfants qui arrivaient au foyer.
Cette visite a une saveur particulière pour la Réunionnaise qui retrouve d’anciens collègues devant l’établissement. De son passage à Saint-Clar, elle garde des souvenirs partagés, parfois difficile à concilier. Ce samedi, l'émotion est forte. "J'ai passé tellement d'années ici, j'ai connu tellement de choses difficiles que, bien sûr, j'ai le cœur gros, confie-t-elle. D'être avec les compatriotes qui étaient avec moi aussi, ça crée une émotion très forte."
C'est important pour tous mes compatriotes, pour tous les gens qui sont là, qu'ils puissent connaître l'histoire, ce qui s'est passé ici pendant vingt ans, pour que la mémoire de l'histoire des enfants réunionnais de la Creuse ne soit pas oubliée. Et pour ne pas que ça recommence. Je vais pouvoir maintenant tourner une page qui était beaucoup trop lourde jusqu'à maintenant.
- Marie-Josée Virapin
Soudés
Les enfants Réunionnais de Saint-Clar ne sont pas venus seuls aujourd’hui. Pour faire face à des souvenirs souvent malheureux, ils se sont entourés de leurs proches et d’autres "ex-mineurs" exilés dans différents départements de l’Hexagone.À l’intérieur du bâtiment, les anciens se serrent les coudes. Certains ne se sont plus revus depuis 35 ans. Ensemble, ils visitent ce qui reste du réfectoire, des dortoirs, des anciennes douches...
À l’origine de la visite aujourd’hui, la Fédération des Enfants Déracinés des Départements et Régions d’Outre-mer. La FEDD regroupe des associations d’ex-mineurs déplacés de force de La Réunion jusque dans l’Hexagone pendant près de deux décennies. Pour Valérie Andanson, sa présidente, ces visites sont essentielles dans le processus des reconstruction de ces enfants désormais adultes.
Pour nous c'est un milieu symbolique. Le fait de soutenir nos compatriotes, c'est extraordinaire et très important pour nous. À chaque fois, certains se disent "on a vécu ici, ça a été des moments extrêmement difficiles, compliqués. Mais d'autres ont envie de laisser leur passé derrière eux.
- Valérie Andanson
Les enfants du Gers
C’était l’une des conclusions surprenantes des experts de la commission nationale. Dans leur rapport, ils ont établi que le Gers est le département qui a accueilli le plus d’enfants réunionnais exilés dans l’Hexagone. Ceux qu’on appelle "les enfants de la Creuse" ont, en fait, souvent atterri ici à Saint-Clar, petit village de 1000 âmes au coeur du Gers.De 1963 à 1982, plus de 2015 enfants réunionnais, orphelins ou non, ont ainsi été "transplantés" pour repeupler des zones rurales telles que la Creuse, le Tarn, le Cantal, la Lozère et donc le Gers. Ces déplacements furent organisés par Michel Debré, député de La Réunion.
Pour mieux comprendre l'histoire des Réunionnais de la Creuse, regardez ce décryptage de France Ô/La 1ère :