À force de le présenter et de le représenter, on prendrait presque le risque d'écorcher le palmarès de Damien Seguin. Cinq fois champion du monde, trois médailles paralympiques dont deux en or, premier skipper handisport à avoir bouclé le Vendée globe…
Alors aux abords du ponton où est amarré son IMOCA aux couleurs d'Apicil, la foule est dense. "Les gens commencent à me connaître et je pense qu'ils apprécient autant le côté sportif que ce que je peux véhiculer au niveau associatif", explique Damien Seguin, qui savoure le côté festif de la Route du Rhum. "C'est sûr que c'est chronophage, mais en même temps c'est comme ça qu'on fait le plein d'énergie et d'ondes positives."
Les gens, les écoles qui suivent le projet, mon association, ma famille, mes amis… Je sais qu'il y a des dizaines, des centaines de gens derrière moi. Dans les moments un peu plus difficiles à bord, ça me donne un coup de boost et ça me motive pour terminer l'aventure de la meilleure des façons.
À quelques jours du départ, Damien Seguin l'assure, tout va bien. Le skipper qui a grandi en Guadeloupe et a assisté à l'arrivée mythique de Florence Arthaud à Pointe-à-Pitre en 1990, se lancera dimanche 6 novembre sur sa quatrième Route du Rhum. "Certainement la plus belle des façons de rentrer à la maison !" À la première place ? "C'est difficile de se projeter en termes de places", préfère-t-il répondre, prudent.
Outre-mer la 1ère a rencontré Damien Seguin à Saint-Malo :
Ce sera d'ailleurs son petit plus, sa force sur cette nouvelle transat : viser la maison et surtout, prendre du plaisir, après une saison bien chargée et avec l'échéance du Vendée globe qui se rapproche. "Il faut que la notion de plaisir soit présente parce que sportivement, ce sera beaucoup plus compliqué", explique celui qui dit se sentir bien sur son bateau.
Objectif plaisir... et record personnel
En 2018, Damien Seguin avait bouclé la traversée en 14 jours, 18 heures et 55 minutes, se plaçant 6 e de la catégorie IMOCA. "Je me suis fixé de faire 13 jours ou moins", annonce le skipper de 43 ans. "Après, si j'arrive en Guadeloupe, déjà ce sera bien et je sais que je pourrai viser une belle place à l'arrivée."
Un bien-être que Damien Seguin entend bien transmettre à celles et ceux qui le suivent. En particulier aux enfants, qui, comme lui, sont porteurs de handicap. Avec son association Des pieds et des mains, le skipper né sans main gauche veut "montrer qu'avec un peu de volonté et en étant bien entouré, on peut réaliser ses rêves." Et, même sans devenir un champion de sa trempe, pouvoir atteindre des objectifs comme "surmonter son handicap en public", "être scolarisé avec les autres enfants", "aller à la piscine avec des copains"…
Le handisport est, selon Damien Seguin, un formidable vecteur de ces messages positifs. "Aujourd'hui, on arrive à avoir de l'audience sur des chaînes publiques, du public dans les stades", salue le skipper, "et je pense que Paris 2024 sera un vrai déclic." L'équipe de France, "unie, valide et handisport" sera capable de véhiculer un beau message à tout le monde. Tout comme le marin, bientôt reparti à l'assaut de l'Atlantique.