Chlordécone en Martinique et en Guadeloupe : seulement 200 dossiers d'indemnisation déposés depuis 2020 auprès du fonds des victimes de pesticides

Bananeraie en Guadeloupe - Le Chlordécone a été saupoudré au pied des bananiers pour lutter contre la cercosporiose (illustration).
Depuis 2020, seuls 200 dossiers d'indemnisation ont été déposés auprès du fonds des victimes de pesticides par des personnes exposées au chlordécone aux Antilles, d'après les derniers chiffres de la Direction générale de la Santé pour franceinfo. Ce pesticide dangereux a été interdit il y a trente ans.

Les anciens ouvriers agricoles, notamment producteurs de bananes, qui sont tombés malades à cause de l'usage du chlordécone, ont le droit d'être indemnisés, sous conditions, depuis 2020. Sur les 200 dossiers reçus, 114 ont été déposés en Guadeloupe et 84 en Martinique, précise la Direction générale de la Santé. 
 
Pour l'instant, 154 ouvriers ont vu leurs dossiers validés. Chaque trimestre, ils touchent en moyenne 2 616 euros, toujours d'après la même source, mais certains attendent toujours l’argent. La CGT en Guadeloupe, qui informe et aide les ouvriers à monter leurs dossiers, estime que les pouvoirs publics "ne font pas assez pour faire connaître et indemniser"


 
Même écho pour les associations comme Phyto-Victimes, qui vient d’ouvrir une antenne en Guadeloupe. "Aujourd'hui, la loi ne permet pas de réparations autres que pour les travailleurs qui ont été exposés aux pesticides et pour les enfants qui ont été exposés in utero via une exposition professionnelle de leurs parents. Les indemnisations pour les maladies professionnelles, de manière globale, sont totalement insuffisantes", lance Claire Bourasseau, l'une des responsables de Phyto-Victimes. 
 
Au début de l’année 2024, l’État a reconnu sa responsabilité dans le scandale sanitaire du chlordécone via une loi qui, après l’Assemblée, doit être votée par le Sénat. L'objectif de ce texte est l’indemnisation de tous les Antillais directement victimes du chlordécone.