Scandale du chlordécone : nouvelles plaintes d'un syndicat guadeloupéen

Plantation de banane aux Antilles Françaises (illustration).

L'Association guadeloupéenne d'action contre le chlordécone (AGAC) espère que des moyens seront débloqués pour analyser les sols pollués et accuse plusieurs responsables politiques d'avoir menti en 2019 face à la commission parlementaire sur l'utilisation du chlordécone.

L'Association guadeloupéenne d'action contre le chlordécone (AGAC), affiliée au syndicat UGTG, a déposé deux nouvelles plaintes et un recours devant trois juridictions différentes dans le dossier de l'utilisation du chlordécone aux Antilles, a appris l'AFP auprès de ses représentants. Face à la menace d'une prescription des faits dans le volet pénal de l'affaire, l'AGAC a saisi le 26 mai le tribunal administratif de Paris pour réclamer des investissements pour la cartographie des sols contaminés.

L'association sollicite par ailleurs la Cour de justice de la République et le procureur de la République de Paris, accusant les anciens ministres de la Santé et de l'Agriculture Agnès Buzyn et Didier Guillaume, ainsi que les directeurs de la Santé et de l'Alimentation Jérôme Salomon et Bruno Ferreira, d'avoir menti face à la commission parlementaire sur l'utilisation du chlordécone, en 2019, à l'Assemblée nationale.

Analyse des sols et mise en cause de l'Etat

Pour le recours administratif, il est réclamé 40 millions d'euros pour réaliser une analyse des sols potentiellement pollués et 100 millions d'euros pour indemniser les propriétaires si la contamination est avérée. Sur les deux autres plaintes, l'association reproche à Mme Buzyn et M. Salomon d'avoir nié la connaissance de la dangerosité par l'État avant 1998, malgré des témoignages relevant un risque dès 1991.

"Ils disent que le ministère de l'Agriculture n'est au courant que depuis 1998, mais c'est faux. Les auditions ont montré qu'ils savaient qu'il y avait du chlordécone dans l'eau depuis 1991, et il avait été demandé aux fonctionnaires de se taire."

Elie Domota, secrétaire général de l'UGTG.


Concernant MM. Guillaume et Ferreira, l'AGAC dénonce une minimisation de l'implication de l'État, malgré un avis défavorable sur le chlordécone par la Commission des Toxiques, en 1969. "Si le gouvernement avait respecté les textes, jamais il n'aurait été utilisé. Ce sont des fausses déclarations pour exonérer l'État de sa responsabilité", a estimé Elie Domota, le secrétaire général de l'UGTG.

Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990, a continué à être autorisé dans les champs de bananes des Antilles par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, provoquant une pollution importante et durable. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.

Retrouvez notre dossier complet sur le chlordécone ici.