Schisme au sein de l'ex-principal parti loyaliste de Nouvelle-Calédonie

Philippe Gomès durant la première assemblée de province Sud 2019-2024.
En Nouvelle-Calédonie, le parti Calédonie ensemble, parti de centre droit qui a subi une cuisante défaite aux élections provinciales du 12 mai, traverse une crise sans précédent après la défection de deux figures montantes. Explications.
 
Calédonie ensemble, parti de centre droit qui a subi une cuisante défaite aux élections provinciales du 12 mai en Nouvelle-Calédonie, traverse une crise sans précédent après la défection de deux figures montantes, a-t-on appris mercredi.
 

La défaite aux Provinciales 

A la tête de la province Sud, la plus importante, et du gouvernement collégial lors de la précédente mandature, Calédonie ensemble (CE) s'est effondrée à l'occasion des élections provinciales, qui ont ouvert le dernier mandat de l'accord de Nouméa.   

Le parti, jusqu'alors rangé avec discipline derrière le député Philippe Gomes (UDI), est passé de 15 à 7 élus au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de 16 à 9 élus dans la province Sud et de trois à zéro dans le Nord. Avocat d'une ligne "plus ferme" avec les indépendantistes, son rival proche de LR, L'Avenir en confiance, a remporté une nette victoire et récupéré le leadership du camp loyaliste.
 

Les tensions

Au sein de CE, l'échec a cristallisé les tensions. Dans une "lettre aux militants, sympathisants et élus de CE", Nicolas Metzdorf, 31 ans, ancien membre du gouvernement en charge de l'agriculture et du porte-parolat, et Nina Julié, 39 ans élue en pointe sur les questions environnementales, ont indiqué "reprendre (leur) liberté" et "siéger désormais en non-inscrits".   

Ils expliquent ce départ "après une manoeuvre politicienne" des leaders de CE, qui aurait consisté à conclure une alliance vendredi dernier lors de l'élection du président de la province sud avec les indépendantistes du FLNKS et un parti communautaire, l'Eveil Océanien, pour faire barrage à l'Avenir en confiance, qui a raflé 20 sièges sur 40.     

Les explications de Nina Julié le 22 mai, sur NC La1ère :


Une "trahison"

Les deux élus, présents dans les institutions depuis 2014, écrivent s'être "opposés avec force" à cette "décision (qui) ne correspondait pas aux résultats des élections" et "était contraire aux engagements pris durant la campagne". Pour garder leur différend sous le boisseau, les élus CE avaient finalement voté blanc.      

La direction collégiale de Calédonie Ensemble a "pris acte de cette trahison" de M.Metzdorf et Mme Julié, affirmant qu'elle était "guidée par des ambitions personnelles" et "qu'une pitance leur serait bientôt servie" par l'Avenir en Confiance.    
 


Trouver des majorités

Ces éclats interviennent alors que d'âpres négociations sont en cours pour trouver des majorités à l'échelle territoriale. Au Congrès, les indépendantistes disposent de 26 élus, les non indépendantistes en ont 25 et l'Eveil Océanien, proche des loyalistes, a trois sièges.

Selon des déclarations de Philippe Michel, élu et secrétaire général de CE, un accord aurait été trouvé pour qu'il obtienne vendredi la présidence du Congrès. Un gouvernement collégial sera élu dans les semaines suivantes. Cette redistribution des cartes survient à l'aube du dernier mandat de l'accord de Nouméa (1998), au cours duquel deux référendum sur l'indépendance pourront être organisés en 2020 et 2022 après celui du 6 novembre 2018, gagné par les pro français (56,7%).