Seine-Saint-Denis : jugés pour trafic de drogue, les prévenus nient ou minimisent

Tribunal correctionnel de Bobigny
Un procès s'est ouvert au tribunal de Bobigny. Treize personnes sont poursuivies dans un important trafic d'héroïne et de cocaïne dans une cité de Seine-Saint-Denis. La drogue arrivait de Martinique, via des mules. Ce lundi, plusieurs prévenus ont nié ou minimisé leur implication.
"Je ne le connais pas", "Je ne me souviens plus" : lundi 18 décembre, au premier jour de leur procès pour un important trafic d'héroïne et de cocaïne dans une cité de Seine-Saint-Denis, plusieurs prévenus ont nié ou minimisé leur implication.

La cocaïne arrivait de Martinique

Treize personnes, douze hommes et une femme, âgés de 21 à 41 ans, sont poursuivies dans cette affaire.

Jusqu'à 200 acheteurs d'héroïne certains jours, un point de vente qui fonctionnait de 11h à 22h, avec un gramme d'héroïne vendu en moyenne 40 euros, des "mules" chargées de convoyer de la cocaïne depuis la Martinique : en novembre 2015 les policiers avaient interpellé quinze personnes, dont l'une en Martinique, soupçonnées d'intervenir à des degrés divers dans ce juteux trafic, cité Gabriel-Péri à Saint-Denis.

Six d'entre elles ont défilé à la barre lundi à Bobigny, jogging noir ou jean sombre. Confrontés aux nombreuses interceptions téléphoniques réalisées pendant les six mois d'enquête, ces prévenus ont contesté l'interprétation qu'en font les autorités.

"Bombarde"

L'un, interpellé avec un sac plein de doses individuelles d'héroïne, est interrogé sur une écoute où il lui est demandé de "bombarder". Le président, qui explique être habitué à traiter des affaires de stupéfiants, rappelle que "bombarde" signifie "dépêche-toi de vendre, bombarde, envoie le produit stupéfiant pour vendre".

Le prévenu, 21 ans, conteste : "Pour moi, c'est -dépêche-toi-". En l'occurrence, il s'agissait selon lui de se dépêcher pour "rapporter une voiture".

Guetter, recharger les points de vente, vendre

Un autre, 24 ans, est interrogé sur le fait qu'il a été vu à plusieurs reprises en compagnie de guetteurs au pied d'un immeuble. "J'habite au cœur du trafic", se justifie-t-il. "Je suis obligé de passer par là". Lui reconnaît avoir participé au trafic, mais de manière ponctuelle, en tant que "remplaçant" occasionnel. Son rôle : surveiller les guetteurs, recharger les points de vente et, à l'occasion, vendre. Une activité qui lui aurait rapporté 1.000 euros par mois, et qu'il dit avoir exercée à peine quatre mois.

Pourtant, dans des interceptions téléphoniques antérieures à cette période, il évoque des "recharges". "C'était des recharges téléphoniques". Et lorsqu'il ordonne d'"envoyer un petit au -129-" ? Il ne s'agissait pas de placer un "guetteur", assure-t-il, mais d'"envoyer un petit pour chercher à manger. Le -129-, c'est un snack". Quant aux vêtements de luxe retrouvés en perquisition ? Des "faux", achetés en Thaïlande.

Dans le box, le surnommé "Hercule", un colosse soupçonné d'être le gérant du trafic, nie tout aussi vigoureusement, répondant à plusieurs reprises n'avoir "rien à voir avec cette affaire". Les auditions se poursuivront mardi. Le procès doit durer jusqu'au 21 décembre.