Les touristes s’en approchent en kayak ou en paddle mais le meilleur moyen de contempler la “Poule de Hienghène” est de le faire depuis ce point de vue. Le panorama est à couper le souffle. Pour moi, c’est un des plus beaux endroits de la Nouvelle-Calédonie. On y voit, au milieu des eaux, un rocher immense : la “Poule”. D’après la légende, elle aurait jailli des eaux afin d’aider les habitants à mieux vivre dans ces lieux reculés de la Grande Terre.
Mais la splendeur de ce point de vue aménagé, très fréquenté par les touristes qui viennent admirer le paysage, contraste avec son insalubrité…
Canettes, bouteilles plastiques, bouts de tôle… Nous avons collecté des centaines de déchets lors d’une opération de nettoyage organisée par l'association Caledoclean - que j’ai co-fondée - aux côtés des élèves de l'internat du collège de Hienghène. Cette photo est bien représentative de la réalité locale : nous circulons parmi les déchets jetés quotidiennement sur la voie publique, qui sont omniprésents dans notre environnement. Y compris dans les endroits les plus emblématiques et les plus rayonnants. Les personnes qui profitent de l'endroit (touristes comme locaux) laissent souvent derrière eux des déchets d'emballages. Ils apprécient la beauté du lieu sans le respecter.
Et ce phénomène est visible partout en Nouvelle-Calédonie. Il peut s'agir de sites naturels - comme des plages, des rivières ou des îlots saturés de déchets - mais aussi de parkings, de parcs urbains ou de sites touristiques qui ne sont pas nettoyés régulièrement et où les gens jettent leurs déchets par terre alors même que des poubelles y sont installées.
Lors de cette action, j’ai éprouvé de la colère et de la honte. Avant tout parce que nous sommes aujourd'hui bien informés sur l'importance de garder un environnement propre. Mais même si l’on n’est pas sensibilisé à la problématique des déchets et de la pollution, il faut selon moi faire preuve de respect. Nous héritons d'un patrimoine naturel exceptionnel dont nous sommes fiers et duquel nous profitons. Il est donc de notre devoir de le préserver et d'adopter les bons comportements pour montrer l'exemple… mais aussi construire un avenir sain pour les générations futures.
De plus, l’accumulation de déchets ne se contente pas de gâcher le paysage et de salir visuellement la nature. Elle engendre également des conséquences à long terme sur l'environnement. En se décomposant, les déchets libèrent en effet des produits toxiques et polluent durablement les écosystèmes.
Mais Caledoclean et toutes les autres associations calédoniennes vont continuer à multiplier les actions de terrain pour nettoyer et sensibiliser les populations. L’idée est d’agir en amont et d’apprendre les bons gestes afin, tout d’abord, de réduire ses déchets, puis de les recycler et, enfin, d’éviter l’apparition de nouvelles décharges sauvages.
Même si le combat ne pourra pas être gagné sans l’aide de l’État et des collectivités locales, les actions individuelles ont du sens. Et je tiens à saluer, par exemple, le travail de l’association Zéro déchet Nouvelle-Calédonie. En ce moment, elle est partenaire du « défi familles zéro déchet », auquel participent 18 familles de Nouméa. Pendant six mois, elles vont être accompagnées pour réduire au maximum le contenu de leurs poubelles. Car il faut bien retenir que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !
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