"Avoir ce prix, c'est une première, je n’aurais jamais pensé qu’un jour je recevrais un prix concernant notre projet d’autonomisation", réagit Roland Sjabere, Yopoto (chef coutumier) du village de Prospérité en Guyane. C’est avec le sourire que le représentant kali’na accepte humblement de recevoir le prix de la Fondation Danielle Mitterrand, prix qui récompense chaque année une lutte écologique, démocratique et solidaire issue de la société civile. Pour leur combat contre le projet de construction de la centrale électrique de l'Ouest guyanais (CEOG) proche de leur village, l’ensemble des habitants de Prospérité sont récompensés, via leur chef coutumier, qui a fait le déplacement jusqu’à Paris.
Devant près de 250 personnes réunit à l’Académie du Climat, Roland Sjebere a pris la parole pour défendre son combat et celui des kali’na de Prospérité. "C’est l’opportunité [pour le chef coutumier, ndlr] de se saisir de ce moment pour en faire une tribune et permettre une visibilité à la lutte qu’il mène depuis plus de quatre ans, explique Éloïse Berard, chargée de programmation de la Fondation. C’est symbolique de voir qu’il y a des gens dans l’Hexagone pour qui cette lutte résonne."
Alliances et financements
"Un des critères est de mettre en lumière des combats portés par des habitants de territoire qui bénéficie de peu de visibilité, peu de soutien." Au-delà du prix et de la visibilité qu’il accorde, cette soirée permet de rencontrer de potentiels activistes et personnalités internationales venues du Chili, d’Équateur ou encore de Colombie pour former "des alliances concrètes", selon Éloïse Berard.
"C’est un soutien important depuis l’Hexagone, un coup de pouce à notre projet", atteste le Yopoto (chef coutumier) Roland Sjabere. En lien avec le village guyanais depuis 2020, la Fondation Danielle Mitterrand s’engage à financer le projet d’autonomisation de Prospérité et d’aider à en trouver davantage. "Il s’agit surtout de financer des infrastructures qui permettent la subsistance du village", termine la chargée de programmation de la Fondation.
Pour Roland Sjabere, cette reconnaissance pour son combat quotidien ne lui fait pas oublier "la forêt impactée" par les travaux de la centrale électrique. "Je suis heureux d’être arrivé jusque-là. La résistance autochtone et Kali’na va continuer, mais un jour, il faudra que ça cesse. Notre espace de vie, notre espace de transmission est impacté et même notre communauté souffre psychologiquement. La lutte doit prendre fin."