Vaccination contre le Covid-19 : les Outre-mer en retard

"Synchroniser la vaccination entre l'Hexagone et les Outre-mer". C'est l'objectif que s'est fixé le gouvernement. Mais les chiffres sont là : les Outre-mer sont en retard dans cette campagne de vaccination.

Plus de trois semaines après le début de la vaccination contre le Covid-19 sur le territoire français, l'objectif du gouvernement reste le même. Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, l'expliquait au Sénat le 14 janvier dernier : "la stratégie de vaccination se déploie Outre-mer au même rythme que dans l'Hexagone". Pourtant, les données chiffrées du ministère de la Santé montrent que cette campagne de vaccination est en retard dans les départements et régions d'Outre-mer, par rapport à l'Hexagone. 

Moins de 1% de la population vaccinée

Selon les chiffres officiels fournis par le ministère de la Santé le 22 janvier, moins de 0,5% de la population des DROM est vaccinée contre le Covid-19. Ainsi, en Guyane, 581 personnes ont reçu la première injection, soit 0,2% de la population. C'est La Réunion qui compte le plus de personnes vaccinées, 1990, mais cela ne représente également que 0,2% du nombre total d'habitants. Dans les régions de l'Hexagone, la part de personnes vaccinées dépasse partout la barre des 1%. Regardez les chiffres en détail :

 

Le vaccin Moderna se fait attendre

Le ministre des Outre-mer avait annoncé le 17 janvier que pour les Outre-mer, c'est le vaccin Moderna plutôt que celui produit par Pfizer qui est désormais privilégié, en raison de son mode de conservation plus facile (il se conserve à -20 degrés, contre -70 pour celui de Pfizer). Mais au 22 janvier, aucune livraison du vaccin Moderna n'avait eu lieu dans les Outre-mer, selon le ministère de la Santé. Dans l'Hexagone, quatre régions au total disposent déjà de 50.000 doses de Moderna. 

 

Les contraintes logistiques

Bien évidemment, ce retard peut s'expliquer par les contraintes logistiques. La vaccination a démarré plus tardivement dans les Outre-mer que dans l'Hexagone. Il a fallu équiper les régions d'Outre-mer de congélateurs permettant de garder le vaccin Pfizer à -70 degrés. Mais le 14 janvier, au Sénat, le ministre des Outre-mer expliquait que cela était désormais le cas grâce aux concours de l'Armée qui avait livré par avion des congélateurs. "Il y avait des enjeux logistiques (...) Désormais les différents territoires sont équipés. Donc nous avons une stratégie de vaccination qui se déploie au même rythme que dans l'Hexagone".

Dans son interview à Ouest-France, le 17 janvier dernier, Sébastien Lecornu affichait un objectif : 40.000 vaccinés début février dans les Outre-mer. Au 22 janvier, pour les cinq départements et régions d'Outre-mer, le total de personnes vaccinés s'élevait à 4954. 

A ce jour, cette volonté politique ne se traduit donc pas dans les chiffres, et pourtant, dans certains territoires d'Outre-mer, il y a urgence. En Guyane, le taux d'incidence grimpe et le plan blanc dans les trois hôpitaux du département a été déclenché vendredi 22 janvier par l'ARS.  La situation est également préoccupante à Mayotte. Plus inquiétant encore, la présence confirmée ou suspectée sur plusieurs territoires ultramarins des fameux variants. Le variant sud-africain est ainsi présent à Mayotte et à La Réunion.