Le Chef Colette Chicot a fait le pari de contenter et régaler ses clients, avec un produit local longtemps délaissé : le fruit à pain. Pour sa recette de bokit, elle a choisi la farine tirée de ce fruit, concoctée par Siméon Risemonde, un autre Marie-Galantais militant.
La tendance locavore
On parle aussi de locavorisme. Les personnes qui adhèrent à ce mouvement privilégient la consommation de nourriture produite dans leur environnement proche. Dans le cas des territoires insulaires, il s’agit de s’approvisionner en denrées prioritairement, voire exclusivement, localement.
La tendance locavore a bien des intérêts. En permettant aux producteurs locaux d’écouler leur marchandise et en préférant les produits locaux et de saison, les adeptes du locavorisme misent sur leur santé, sur l’emploi et l’économie intraterritoriaux et limitent le gaspillage alimentaire. Sans compter que l’importation massive (transport de marchandises par bateau ou par avion, sur des milliers de kilomètres) nuit à l’environnement.
Cette tendance a déjà conquis nombre de Guadeloupéens qui, de plus en plus se réapproprient les fruits, légumes, viandes, poissons, ou encore les œufs locaux et privilégient les circuits courts. Des spécialistes de la nutrition guident ces consommateurs, en leur indiquant la valeur de chaque aliment. Et force est de constater que la Guadeloupe n’a rien à envier aux pays importateurs ; l’archipel regorge de richesses bénéfiques à la santé de la population.
C’est ainsi que des produits délaissés, ou dénigrés, gagnent leurs lettres de noblesse. Parmi eux, le fruit à pain.
Le fruit à pain
« Fouyapen, sé manjé a kochon ! »*
On trouve partout, en Guadeloupe, des arbres à pain. Ils sont généreux, tout au long de l’année, tant ils ont de fruits à offrir.
Pourtant ces derniers ont longtemps été réservés aux cochons. Ils faisaient aussi l’affaire des familles démunies. Parfois, ils sont abandonnés aux fourmis manioc**.
Mais avec la tendance locavore, la population redécouvre ce produit, qui pousse facilement et qui est, donc, bon marché. Le fruit à pain, riche en amidon, en sucre et en vitamine C, est un concentré d’énergie. Cet aliment est un puissant antioxydant. Autre atout de taille : il convient parfaitement aux personnes intolérantes au gluten.
En cuisine il est souvent utilisé, cuit, en remplacement de la pomme de terre. Mais, depuis quelques-temps les artisans et les chefs cuisiniers de Guadeloupe rivalisent d’inventivité pour le valoriser.
C’est ainsi que Siméon Risemonde a eu l’idée de le transformer en farine. Colette Chicot, quant à elle, séduite par la texture et les vertus de cette fécule, a décidé d’en faire la base de ses bokits . Et la restauratrice a trouvé l’équilibre parfait pour séduire ses clients.
Le snack locavore « BôKaraïbes » de Colette Chicot
Le crédo de « BôKaraïbes », snack créole locavore : valoriser les produits locaux de manière innovante. C’est ainsi que la gérante, Colette Chicot privilégie les circuits courts, pour s’approvisionner, en bonne adepte du locavorisme.
Quand la chef culinaire a eu l’idée (et l’envie) de valoriser le fruit à pain, pur produit du terroir, elle s’est tournée vers son compatriote marie-galantais Siméon Risemonde, dont elle apprécie les farines estampillées « Filawo ». Il en propose une à base de fruit à pain depuis 1999.
C’est ainsi que le bokit*** à base, donc, de farine de fruit à pain est né, en 2018, toujours garni de denrées… locales, bien sûr !
Ce traditionnel sandwich est devenu la spécialité de l’enseigne et a séduit les clients, même les réticents !
Contact
Colette Chicot, artisan chef culinaire, gérante du snack « BôKaraibes »
Impasse Gustave Eiffel – Jarry
97122 Baie-Mahault - Guadeloupe
https://www.facebook.com/BoKaraibes/
*Traduction du créole guadeloupéen : « Le fruit à pain, ce n’est bon qu’à donner à manger aux cochons ! ».
**Fourmi manioc ou « Acromyrmex octospinosus » : insecte invasif de la Guadeloupe.
***Sandwich frit guadeloupéen.