Veste obligatoire à l'Assemblée : les députés d'Outre-mer pourront continuer à porter leurs habits traditionnels

Steve Chailloux, Moetai Brotherson et Tematai Le Gayic sont arrivés à l'Assemblée nationale parés d'un lavalava.
Les parlementaires se sont prononcés mercredi en faveur de l'obligation du port de la veste dans l'hémicycle pour les hommes. Mais les élus ultramarins ne seront pas obligés de s'y soumettre s'ils préfèrent porter une tenue traditionnelle, comme le font les représentants de la Polynésie.

Cravate ou pas cravate ? Veste ou pas veste ? La question ne se posera pas pour les élus d'Outre-mer. Mercredi 2 novembre, le bureau de l'Assemblée nationale a décidé d'imposer le port de la veste pour tous les hommes au sein de l'hémicycle.

"La tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’hémicycle doit être neutre et en adéquation avec la solennité des lieux", estime la plus haute instance collégiale du Palais Bourbon. Veste obligatoire pour les hommes. Cravate"recommandée". Short et bermuda "prohibés".

Exemption pour les tenues traditionnelles

En revanche, le port d'une tenue traditionnelle donne droit à une dérogation. Les élus d'Outre-mer, dont certains arborent fièrement leurs habits pour défendre leur identité territoriale, pourront donc laisser leurs vestes et cravates dans les vestiaires.

L’Assemblée nationale estime que les “tenues de cérémonie” des députés ultramarins sont “en adéquation avec la solennité des lieux”, a précisé une source parlementaire à Outre-mer La 1ère.

Chemises à fleurs et lavalava seront donc toujours acceptés dans l'hémicycle. Mais seulement s'ils relèvent d'une tradition culturelle. Un élu sans lien avec la Polynésie se verrait rappelé à l'ordre s'il se présentait dans l'hémicycle vêtu comme Moetai Brotherson, le doyen des élus polynésiens.


Lors de leur rentrée parlementaire au mois de juin, les trois élus indépendantistes du Tavini revendiquaient le message politique caché derrière le port de leur tenue traditionnelle. "[Cette tenue] symbolise notre identité polynésienne (...) Nous représentons le peuple polynésien, c'est donc tout à fait symbolique que nous portions ces vêtements", justifiait alors Steve Chailloux, député de la 2ᵉ circonscription de l'archipel.

Querelle politico-vestimentaire

Le sujet de la "tenue vestimentaire en séance" a été mis à l'ordre du jour à la demande d'Eric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes et également questeur à l'Assemblée. Déplorant "une forme de relâchement vestimentaire et comportemental d'un nombre de plus en plus important de députés, notamment de LFI", il avait plaidé en juillet pour "une obligation du port de la cravate pour les hommes" auprès de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.

Les députés du Rassemblement national et leur cheffe, Marine Le Pen, avaient également fustigé la tenue des députés de gauche au début de la nouvelle législature, en juin. "On n’est pas la France insoumise, on ne vient pas en tongs et en chemises à fleurs [à l'Assemblée nationale]", avait-elle lancé.

Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée, avait tranché en faveur des tenues traditionnelles cet été, jugeant "tout à fait respectueuses" les tenues des Polynésiens.