VIDEO. Simane, artiste du lien social en Nouvelle-Calédonie [Outre-mer danse]

Simanë est né à Lifou puis a grandi à Rivière-Salée, un quartier populaire de Nouméa. Il découvre le hip hop avec un de ses grands frères. La danse, le rap et le slam lui permettent de trouver son identité d'artiste et l'imposent sur la scène de la culture urbaine calédonienne.

Simanë, artiste multiple, a aujourd'hui 35 ans. Les battles de breakdance des années 2000 l'ont construit. L'artiste kanak a créé son style et sa signature en mixant tradition et modernité. Par cette fusion, il s'est réapproprié sa culture en la reformulant. Devenu formateur, la transmission figure au centre de ses préoccupations.

Un style original navigant entre coutume et culture urbaine

Simanë est son vrai prénom kanak. Il en est fier, ça veut dire "baigné de chance" dans la langue de son clan, parce qu'il a un frère jumeau. Il découvre très jeune que ce prénom est aussi un oxymore comme Rivière Salée. C'est un déclic, le verbe devient passion. Simanë écrit, slame, rappe, chante. Cela renvoie ce féru de jeux de mots à la coutume, où la parole tient une place primoridale.

L'adolescent découvre la danse avec Sylvain. Son frère fait partie de l'association Yanness, précurseur du new style de Nouvelle-Calédonie : un mélange de danse traditionnelle et contemporaine sur des musiques modernes. En suivant leurs exemples, Simanë se lance. Il aime le boogaloo, un vieux style de danse hip hop aux mouvements robotiques et dissociés. Son entourage est composé de Bboy, donc il apprend salto et back flip pour composer des sets de breakdance. Son style est né, enchainements de mouvements inspirés des danses kanak, de figures de break et de boogaloo.

Un passeur de culture au destin peu commun

Simanë en pleine démonstration sur la plage avec de jeunes danseurs qu'il accompagne.

Simanë, aujourd'hui connu comme artiste, est fier de montrer l'exemple. Il partage les outils qu'il maîtrise dans ses pratiques artistiques. Le danseur entraîne quelques jeunes sur la plage ou dans l'espace break du Rex, le centre culturel de Nouméa. Le slameur enseigne son art à de futurs enseignants, ceux qui prendront en charge la future génération d'écoliers. 

La transmission, c'est surpuissant. Ça me fait grandir aussi.

Simane

Roger Wenethem, le père de Simanë était le petit chef de Wé, le chef-lieu de Lifou. La charge coutumière est portée par toute la famille depuis son départ. L'artiste urbain a été désigné héritier de la fonction. Simanë a accepté de se former à la chefferie. Le Kanak se rend de plus en plus souvent à Lifou. Une nouvelle étape se dessine.

Pour aller plus loin et découvrir d'autres talents ultramarins : Outre-mer danse mais aussi Outre-mer Street art et Ultra sons proposent des portraits de la nouvelle génération d'artistes de la culture urbaine.

Écriture et réalisation : Sarah Almosnino
Production : 909 Productions
Durée 12 minutes - © 2023