Vincent Vermignon: "Sur le tournage du Gang des Antillais, on avait tous la sensation de casser un non dit"

Vincent Vermignon (à droite) dans le Gang des Antillais
Le Gang des Antillais, qui retrace l'histoire vraie de quatre braqueurs originaires des Antilles ayant sévi en Ile-de-France dans les années 70, sort en salles ce mercredi. Rencontre avec Vincent Vermignon, l'un des quatre "braqueurs" de l'équipe.
Dans le film le Gang des Antillais, réalisé par Jean-Claude Barny, Vincent Vermignon incarne Liko, un des quatre membres du gang initial. Un jeune postier qui, malgré l'argent facile, craint rapidement d'être dépassé par les événements. 
Le comédien, remarqué dans la série Cut, diffusée sur France Ô a accepté de revenir pour la1ere.fr sur le projet.
 
 
Quelle est la particularité  de Liko, un des quatre braqueurs de ce gang? 
Liko, c'est en quelque sorte le cœur du gang. C'est lui qui fait en sorte que la bande tienne, qui arrondit les angles. C'est aussi celui qui est le plus attaché à ses racines antillaises. Il a le même parcours que les autres, c'est un enfant du Bumidom (le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer), mais lui réagit d'une façon particulière, et surtout n'oublie jamais d’où il vient…
 
 
Justement, le parcours de ces hommes et ces femmes, venus des Antilles via le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer  vous le connaissiez?
Je suis né en Martinique, j'y ai grandi. Pourtant  je me souviens que lorsque j'ai pu rencontrer des Antillais qui avaient grandi dans l'Hexagone, j'ai parfois eu du mal avec  leur histoire. J'ai du m'instruire sur le Bumidom:  le déracinement, la pauvreté, la discrimination, les souffrances que cela a engendré. 
C'est une histoire qui reste taboue, parce qu'elle est douloureuse. Et il y a une pudeur des protagonistes face à cette douleur, une volonté de cacher la misère tout en préservant l'entourage.
 
 
Image tirée du film Le Gang des Antillais de Jean-Claude Barny

Ce projet était dans les tiroirs de Jean-Claude Barny, le réalisateur depuis de nombreuses années. Quand avez-vous intégré le projet?
Je l'ai intégré assez tard. Jean-Claude Barny était venu à une projection de Vivre, un court-métrage dans lequel je jouais et a fait appel à moi. J'étais bien sûr très content de cette aventure. Raconter une telle histoire avec quatre personnages principaux, quatre Noirs, c'est assez rare pour être souligné!

Il a fallu vous préparer…
J'ai eu la chance de pouvoir rencontrer, grâce à mon père notamment, des gens qui connaissaient des membres du gang. Et qui ont pu, après quelques temps, accepter de m'en parler.
De mon coté, je m'étais créé une playlist de l'époque. A chaque fois que je l'écoutais, elle me permettait de me plonger dans une atmosphère particulière, de travailler les attitudes "de l'époque"…
 
Sur le tournage, vous côtoyez Djedje Apali,  Jocelyne Beroard, Mathieu Kassovitz, Zita Hanrot, Adama Niane… Comment est l'ambiance sur le tournage?
Je crois qu'on avait tous la sensation de dire quelque chose, de casser un non-dit en libérant enfin la parole. On était tous conscient de l'importance de ce qu'on faisait. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui encore, nous sommes tous très passionnés par tout ce qui concerne le film. Et qu'on espère qu'il sera vu par le plus grand nombre…
 

Le Gang des Antillais, de Jean-Claude Barny.  Sortie aux Antilles et en Guyane le 15 octobre, sortie nationale le 30 novembre