Au lendemain d'une quatrième nuit consécutive de violences et de l'annonce par le ministre de l'Intérieur de l'envoi de renforts du GIGN et du Raid dans l'île antillaise, Matignon débute la semaine en mettant l'accent sur l'importance du dialogue avec les élus de Guadeloupe. Épaulé par les ministres des Outre-mer, de l'Intérieur et de la Santé, le Premier ministre reçoit ce lundi soir des élus de l'île.
D'après Matignon, il s'agit de leur permettre "d'exposer leur analyse de la situation sur place". La réunion doit aussi permettre "un dialogue sur les conséquences de l'obligation de vaccination pour les soignants et les pompiers." Les parlementaires de Guadeloupe vont se réunir dans l'après-midi, afin de "parler d'une seule voix" apprend-on de l'entourage d'un élu. Outre les députés et sénateurs de l'archipel, le président de la collectivité de Guadeloupe participera à cet échange en visioconférence.
Répression et dialogue
Samedi soir, Gérald Darmanin a annoncé l'envoi en Guadeloupe de 50 membres du GIGN et du Raid pour faire face aux violences, en supplément de renfort de 200 effectifs de la police et de la gendarmerie. Il a affirmé que le préfet de Guadeloupe avait "à sa disposition 2250 policiers et gendarmes" pour ramener le calme sur le territoire antillais.
"Répondre, comme l'a fait Darmanin, par le sécuritaire, l'envoi de renforts, on peut entendre ça, mais on ne peut pas approuver totalement, a répliqué Victorin Lurel, sénateur de Guadeloupe, sur BFMTV lundi matin. Manifestement, il y a un malaise existentiel, il y a un malaise sociétal." L'annonce a été faite au cours d'un bref point presse, après la réunion d'une cellule de crise à Paris. Présent aux côtés de Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu avait insisté sur la nécessité de "poursuivre le dialogue sur le terrain social avec les personnels soignants hospitaliers" et les pompiers notamment.
Discussions à Paris
C'est donc à Paris que doit se tenir cette réunion, alors que certaines voix se sont fait entendre pour demander la visite de membres du gouvernement en Guadeloupe. Dans un communiqué ce lundi, le ministère des Outre-mer est revenu sur l'absence de voyage de Sébastien Lecornu à ce stade : "un tel déplacement aurait été davantage un poids qu’une aide, les forces de l’ordre devant d’abord être mobilisées et dirigées sur le retour au calme plutôt que sur la protection d’un tel déplacement."
Depuis l'été, le taux de vaccination a progressé en Guadeloupe, avec un taux de près de 90% des soignants vaccinés, et approchant 50% dans la population générale. Le mouvement dépasse désormais le rejet du pass sanitaire et de l'obligation vaccinale pour les soignants. Plusieurs revendications communiquées par des syndicats sont semblables à celles martelées en 2009 lors du grand mouvement de grogne sociale aux Antilles. Ce lundi 22 novembre 2021, Matignon souhaite éviter que se renouvelle ce scenario qui avait alors paralysé les Antilles pendant une quarantaine de jours.
Le point à Matignon avec Kessy Weishaupt-Tahi :