Surpopulation, violence, insalubrité… Les conditions de vie dans les établissements pénitentiaires d'Outre-mer comptent parmi les pires de France. Une situation qui perdure depuis des années.
La question de la surpopulation dans les prisons françaises est régulièrement remise à l'ordre du jour, sans que la situation ne s'améliore. Dans son dernier rapport datant du 1er janvier, l'administration pénitentiaire dénombre 68 432 détenus, pour 66 678 places. En Outre-mer, il y a 5 133 détenus pour 4 064 places, soit une densité carcérale de 126 %, contre 116 % dans l'Hexagone.
À Nuutania, des détenus entassés les uns sur les autres
Dans le détail, c'est la prison de Nuutania en Polynésie qui remporte la triste palme de la surpopulation. Ils sont 138 détenus pour 54 places, soit une densité carcérale de 255 %.
La vie dans les prisons ultramarines est rendue infernale par une hygiène très douteuse : rats, cafards dans les cellules comme dans les douches, toilettes jamais nettoyées… "La prison de Camp-Est, à Nouméa en Nouvelle-Calédonie est une zone de non-droit, une île de l'oubli. La santé des détenus est en danger", dénonçait la Ligue des droits de l'homme en mars 2015.
La construction de prisons au centre des politiques de l'Etat
Les rapports parlementaires et annonces des majorités successives se suivent pendant des années. Mi-2014, un rapport est remis à Christiane Taubira, alors ministre de la Justice et Georges Pau-Langevin, ministre des Outre-mer. Il contient 43 propositions pour améliorer la situation des prisons dans les Outre-mer. Un rapport pourtant resté en partie lettre morte, notamment sur le développement des mesures alternatives à l'incarcération.
L'Etat préfère bâtir de nouveaux établissements pénitentiaires ou agrandir les anciens. La prison de Tatutu va ouvrir en Polynésie cette année, un projet est en cours à Koné en Nouvelle-Calédonie, Ducos a été rénovée récemment. Lors de son déplacement en Guadeloupe début juillet 2016, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas annonce à l'agrandissement et la création de prisons.
Dernier grave problème qui découle de la surpopulation :ces centaines de détenus ultramarins qui purgent leur peine dans l'Hexagone. Que ce soit par choix ou par "mesures d'ordre et de sécurité", difficile pour eux d'envisager un retour en Outre-mer. Il n'y pas de place dans les établissements pénitentiaires ultramarins et la préparation à la sortie y est moindre. Ils souffrent donc de la distance avec leur famille, du climat…
De plus, "comment faire pour préparer un aménagement de peine lorsqu'on est en France, et qu'on veut se réinsérer à La Réunion", s'interroge-t-on au Contrôle général des lieux de privation de liberté qui suit de près la situation Outre-mer. Et d'ajouter, "il reste beaucoup de travail à faire".