De la Sakay à la Carapa
Dans les années soixante, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer, plus connu sous le nom de "BUMIDOM", organise des déplacements de population depuis les départements ultramarins. Il s'agit de répondre à la poussée démographique sur ces territoires ainsi qu'au besoin de main-d’œuvre dans l'Hexagone. De nombreux Antillais ont ainsi quitté leur territoire via ces migrations "de travail". Ces déplacements et les conditions d'accueil ont laissé des souvenirs plutôt amers à ceux qui les ont vécus, jusqu'aujourd’hui.
Moins connue est l'histoire des travailleurs agricoles réunionnais, qui vécurent une double migration, vers Madagascar, puis vers la Guyane. Au début des années cinquante, Madagascar est encore une colonie française, les migrations de travailleurs réunionnais y sont encouragées, ce sont surtout des agriculteurs précaires des Hauts de l'île qui accepteront les propositions des autorités de l'époque. Un "Programme pilote", imaginé par Raphaël Babet, alors député-maire de Saint-Joseph dont l'objectif est la formation aux métiers agricoles et un « grenier » pour Tananarive. C'est le projet, "Sakay", du nom de la rivière autour de laquelle va pousser la nouvelle ville et de grandes exploitations agricoles. L'indépendance malgache en 1960, puis la nationalisation des terres, verra la fermeture du projet Sakay et le départ des 85 familles réunionnaises qui y vivaient.
Le BUMIDOM se tourne alors vers la Guyane, à la Carapa entre Macouria et Montsinéry, pour installer des exploitations agricoles. Cinq familles de la Sakay vont alors accepter la proposition de s'y installer, en échange de terrains et compensations financières. Installées en pleine forêt dans des conditions assez difficiles, il leur faut tout reconstruire une nouvelle fois.
Voyez ce reportage de FR 3 Guyane, en janvier 1980
Un an après l'arrivée des familles réunionnaises à la Carapa, la Réunion paraît déjà loin.
Regardez ce reportage de RFO Guyane, du 03.12.1981
Le maloya résonne sous le carbet de Montsinéry
Quarante ans plus tard, la Réunion avec ses traditions est bien présente, les descendants ont choisi de garder vivant le souvenir du pays des parents et des aînés, ainsi que l'histoire de leur arrivée.
Jocelyne Helgoualch, a suivi les festivités des 40 ans des Réunionnais de la Carapa, c'était le 03 décembre 2015. Regardez, un reportage de Guyane 1ère