À Mayotte, derrière la crise de l'eau, la menace sanitaire

Hôpital de Mamoudzou
Difficulté pour se laver les mains, consommation de l'eau des rivières... Non seulement le nombre de cas de gastro-entérite aigüe augmente dans le département, mais Santé Publique France surveille également d'éventuelles épidémies de choléra, d'hépatite A, de fièvre typhoïde et de poliomyélite.

Mayotte, en proie à une sévère sécheresse, va encore connaître un tour de vis sur la distribution d'eau à partir de mercredi, alors même que Santé Publique France indique que le manque d'hygiène a favorisé l'épidémie de gastro-entérite.

Ces restrictions d'accès à l'eau potable ont "probablement pour conséquence une intensité et une durée de l'épidémie (de gastro-entérite, NDLR) supérieure à ce que l'on a observé les années précédentes", note Santé Publique France dans un rapport publié mardi, qui fait le point sur la situation au 6 octobre. "L'épidémie se maintient car il y a moins d'hygiène à cause du manque d'eau, les gens prennent moins de précautions", souligne Youssouf Hassani, responsable de la cellule de Santé Publique France à Mayotte. 

"Menace sanitaire importante"

Le nombre de cas de gastro-entérite aigüe est, en effet, reparti à la hausse pendant la dernière semaine de septembre, après deux semaines de baisse. L'agence de santé publique relève un "niveau élevé" des passages aux urgences pour gastro-entérite, "tous âges confondus". "Depuis le début de l'épidémie de gastro-entérite, il y a eu 13 cas graves admis en réanimation au centre hospitalier de Mayotte", précise le rapport.

La part des anti-diarrhéiques et des solutés de réhydratation orale dans les ventes des pharmacies du territoire est supérieure à la moyenne des années précédentes, à un niveau "le plus élevé depuis le début de l'année", indique-t-il aussi. Santé Publique France surveille également les éventuelles épidémies de choléra, hépatite A, fièvre typhoïde et poliomyélite et alerte sur "la menace sanitaire importante" pour une population mahoraise qui, "pour une majorité d'entre elle, est en situation de grande précarité". 

En raison de leur mode de transmission et la détection régulière de foyers de contamination sur le territoire, ces maladies hydriques pourraient faire l'objet de flambées épidémiques, à cause de la pénurie d'eau à Mayotte.

Santé Publique France

Consommation d'eau non potable


"Nous savons que certains patients - les plus défavorisés, qui n'ont pas les moyens de s'acheter des bouteilles d'eau - boivent aussi l'eau des rivières. C'est ce qu'il y a de pire, cela provoque notamment les épidémies de fièvre typhoïde", souligne un infirmier du Centre hospitalier de Mayotte, souhaitant conserver l'anonymat. Cette maladie est en effet endémique sur le territoire. "L'année dernière, nous avons recensé 123 cas. Actuellement, il y en a neuf", indique Youssouf Hassani, le responsable de la cellule de Santé publique France.

Le gouvernement a annoncé jeudi plusieurs mesures pour tenter d'endiguer la crise de l'eau, notamment en prenant en charge les factures d'eau de septembre à décembre des 310.000 habitants de ce petit archipel français de l'océan Indien, et l'élargissement à 110.000 ou 120.000 du nombre de personnes bénéficiaires d'une distribution d'eau en bouteille gratuite.