Il y a deux semaines, Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, appelait les Mahorais à ne plus payer leurs factures d'eau. Dans le département, qui fait face à une sécheresse exceptionnelle, les réserves collinaires sont au plus bas. Depuis le 18 septembre, les tours d'eau sont drastiques et l'eau est coupée deux jours sur trois.
"La Première ministre a décidé que les abonnés au service de l’eau n’auraient pas à payer les factures des mois de septembre à décembre 2023, compte tenu de la dégradation très importante du service rendu au public", indique Matignon dans un communiqué. L'annonce a été faite après un comité interministériel sur la crise de l'eau à Mayotte organisé par la Première ministre, Elisabeth Borne, en début d'après-midi.
"On continuera en janvier si l'eau n'est pas revenue de façon courante aux robinets des Mahoraises et des Mahorais", a précisé le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, au micro de nos confrères de franceinfo. Ce dernier estime que l'opération coûtera "12 millions d'euros" et chiffre plus largement l'investissement de l'État pour résoudre la crise de l'eau à Mayotte à "35 millions d'euros" d'ici à la fin décembre.
Urgence à agir
La semaine dernière, 500 000 litres d'eau ont été acheminés depuis La Réunion pour approvisionner le département. Il s'agissait du troisième envoi, et d'autres sont prévus d'ici à la fin de l'année. Le gouvernement envisage "d'élargir progressivement le public bénéficiaire". Pour l'instant, la distribution de bouteilles d'eau gratuites concerne environ 51 000 personnes parmi les plus vulnérables. "300 militaires et civils seront déployés à Mayotte pour assurer la logistique de cette distribution", précise le gouvernement.
On accélère les travaux d’urgence parce qu’il y a beaucoup de fuites (…) on a 30 à 40% de pertes d’eau.
Philippe Vigier, ministre délégué aux Outre-mer
Le ministre délégué aux Outre-mer, en visite sur l'île du 27 au 28 septembre, a évoqué des solutions pour résoudre la crise de l'eau, mais de moyen terme. Il s'agit notamment d'augmenter les capacités de production de l’usine de dessalement de Petite-Terre et d’accélérer la construction de nouvelles infrastructures. "Nous allons augmenter la production d’eau dessalinisée, ce sera effectif dans quinze jours, a assuré à nos confrères de franceinfo Philippe Vigier. On aura un peu plus d’eau disponible."
Aides aux entreprises
Un dispositif d’aides aux entreprises "de tous secteurs en difficulté en raison des pénuries d’eau" sera mis en place courant novembre.
Par ailleurs, 50 assistants d’éducation supplémentaires seront recrutés pour assurer la distribution de l’eau aux élèves, et 30 personnels soignants renforceront les effectifs du centre hospitalier de Mamoudzou dans les prochains jours.