Un petit groupe de manifestants s'est réuni sous la pluie ce samedi 28 octobre place de la Nation, à Paris, pour dénoncer le non-lieu prononcé au début d'année dans l'affaire du chlordécone. La manifestation, organisée par un collectif de syndicats (CGT, Union syndicales Solidaires, CNT, FSU) et plusieurs associations, fait écho aux rassemblements qui ont lieu en Martinique toute la semaine.
"Nous sommes debout!", harangue Malcolm Ferdinand depuis le kiosque de la place de la Nation. Cet ingénieur en environnement et membre de l'observatoire Terre-Monde salue "une très belle mobilisation" qui "s'est internationalisée". "On n'est plus dans notre petit coin antillano-antillais, aujourd'hui la question du chlordécone est un sujet militant, politique, qui est reconnu", explique-t-il.
Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, a fait le déplacement. "L'État a une responsabilité énorme dans cette question, il doit le reconnaitre, estime la députée. En Martinique, les organisations demandent une loi cadre pour à la fois dépolluer les sols et faire en sorte qu'il y ait des indemnisations, nous sommes là avant tout en soutien et pour redire que l'État doit prendre ses responsabilités."
Une nuit à pleurer
Rebecca Rogly est membre de l’observatoire Terre-Monde, un centre d’études en écologie politique pour les Outre-mer et leurs proches régions. Elle se souvient "très bien" du jour où elle a appris la décision de non-lieu, dans la presse. "J'étais tétanisée par tout ce mépris, par cette espèce de machine un peu coloniale qui nous écrase complètement. J'avais passé toute une nuit à pleurer, à me demander 'mais comment on va faire pour continuer de lutter, pour montrer qu'on est un peuple digne, qu'on ne va pas oublier?', raconte la jeune femme. C'est ce que l'État souhaite, c'est ce que les criminels qui ont utilisé ce poison souhaitent : qu'on oublie. Ce non-lieu était une des manières de nous imposer cet oubli-là."
Je maintiens ma colère jusqu'à ce que justice soit rendue au sujet du chlordécone.
Rebecca Rogly, membre de l’observatoire Terre-Monde.
"Le combat continue, nous on veut la vérité. Il faut une justice. On ne peut pas traiter la population française de Guadeloupe et de Martinique de façon différente de ce qui se passe dans l'Hexagone", abonde Gaëtan Silene, responsable de la CGT fonction publique pour le secteur Outre-mer. Persuadé qu'une "pression sur le gouvernement" est possible, notamment pour obtenir des réparations "à la hauteur", il appelle à de nouvelles mobilisations à Paris prochainement.