C'est le temps des retrouvailles joyeuses et des embrassades à l'aéroport d'Orly ce samedi matin. Vers 9h (heure de Paris), 22 pèlerins polynésiens sont accueillis par leurs 12 compagnons de voyage, qui sont arrivés la veille par un autre avion.
Car quitter Jérusalem et rejoindre l'Hexagone n'a pas été simple pour ces chrétiens : s'ils ont pu tous ensemble traverser la frontière entre Israël et la Jordanie, ils ont ensuite été séparés en deux groupes. L'un composé d'une douzaine de Polynésiens qui est passé par la Turquie et est donc arrivé ce vendredi à Paris, et le second de 22 personnes qui a transité par l'Italie et atterrit ce samedi matin. Un périple incroyable pour Teura Tarahu qui n'a "pas de mot" pour expliquer ce qu'elle a vécu.
"Nous sommes passés en priorité"
Elle garde cependant un regard critique sur la situation : avertie par un sénateur polynésien qu'un vol avait été affrété pour les ressortissants français basés en Israël, elle ne comprend pas pourquoi l'agence "qui a organisé notre pèlerinage nous a fait faire tout ce parcours jusqu'en Jordanie, ensuite passer par Rome, compliqué quoi... Il semblerait que ce soit la solution la plus rapide pour sortir du pays et être en sécurité en Jordanie."
Ce n'était en tout cas pas l'avis de Serge Cohen Solal, le consul honoraire d'Israël à Tahiti, qui avait estimé que, dans le contexte actuel, ce parcours était " imprudent".
Pour le père Bruno Mai, à l'inverse, ce passage par la Jordanie "a été une grâce" car il a permis "de contourner le problème". "L'agence de voyages [...] a obtenu que nous passions par la Jordanie et la Turquie sans visa, et arrivés à la frontière Israël-Jordanie, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de cars, et nous sommes passés en priorité, nous sommes restés à la frontière environ deux heures", retrace-t-il.
Il se rappelle aussi avoir vu par la suite sur les réseaux sociaux des milliers de personnes à l'aéroport dont des Français, trop nombreux pour monter dans les premiers avions affrétés par l'État, destinés aux "plus vulnérables" s'imagine le père.
"À Tahiti, on n'a pas l'habitude"
L'arrivée en Jordanie le 11 octobre a donc été un soulagement, et ils ont eu ainsi le temps de se remettre de leurs émotions. "Nous à Tahiti, on n'a pas l'habitude, on ne connaît pas. Nous, c'est la paix, l'amour, clame Teura Taharu. Donc être confronté à cette situation, c'est sûr que c'était inquiétant."
"Nos familles aussi étaient très inquiètes", poursuit-elle. Et même beaucoup plus préoccupés que le groupe bloqué sur place : "On était assez loin du côté de Bethléem, ensuite on s'est déplacé à Jérusalem donc on était assez loin de la zone de guerre. Mais à Tahiti, ils avaient l'impression qu'on était au centre de la guerre !"
Les familles et la communauté chrétienne de Polynésie attendent de pied ferme les 34 pèlerins qui restent dans la nuit de samedi à dimanche à Paris, avant de reprendre un avion pour Papeete ce 15 octobre... Comme c'était prévu initialement !