La trilatérale, attendue depuis de longs mois aura-t-elle lieu ? Presque deux ans se sont écoulés depuis le dernier référendum sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, et, depuis, le gouvernement n’est pas parvenu à réunir indépendantistes et non indépendantistes autour d'une même table. Les délégations calédoniennes sont à Paris jusqu’au vendredi 8 septembre.
Les cartons d’invitations envoyés aux participants par le ministère de l’Intérieur mentionnent une "réunion avec l’ensemble des délégations politiques" dès le mercredi 6 septembre. "Mercredi, ils tentent une trilatérale", confirme Virginie Ruffenach, l'une des membres de la délégation non indépendantiste. La Première ministre, qui prononcera un discours devant les deux délégations, ne devrait pas s'attarder : elle est attendue au Conseil d’État à peine une heure plus tard. Cette potentielle trilatérale aurait lieu au ministère de l’Intérieur, en fin d’après-midi.
Mais rien n’est moins sûr. En avril dernier, le gouvernement avait déjà tenté de mettre tout le monde autour de la table, mais s’il avait réussi à renouer le dialogue avec les indépendantistes, il n’y était pas parvenu. La journée de mardi, consacrée à des rencontres bilatérales entre les délégations et les conseillers des différents ministres qui suivent le dossier, devrait permettre de préciser les choses.
Un calendrier contraint, en théorie
Pour le FLNKS, la séquence parisienne n’est pas forcément l’occasion d’entamer une discussion entre toutes les parties. Interrogé par NC la 1ère le 29 août dernier, Roch Wamytan, élu de l’Union calédonienne, disait espérer revenir de Paris avec "des éléments" pour rédiger un rapport qui servira à la préparation des congrès des partis qui compose le FLNKS.
"On en a marre de l’inertie, le troisième référendum a eu lieu il y a 20 mois, on en est à la 7e séquence avec le gouvernement, énumère Virginie Ruffenach, du Rassemblement-les Républicains. On voit bien que les indépendantistes jouent la montre, mais il faut avancer. L’État doit prendre les choses en main".
En théorie, le calendrier est serré. Les prochaines élections provinciales doivent se tenir en mai 2024, or en Nouvelle-Calédonie, le corps électoral a été gelé en 1998. De fait, des milliers de personnes résidant sur le Caillou n'ont pas la citoyenneté calédonienne et ne peuvent pas voter lors des élections provinciales, qui déterminent la composition du Congrès et du gouvernement local. Pour les non indépendantistes, les élections ne peuvent se tenir sans une modification du corps électoral, ce qui implique une modification de la Constitution. C’est aussi la position du gouvernement. En mars dernier, Gérald Darmanin assurait que "nous tiendrons les élections à l'heure en mai 2024 avec un corps électoral qui sera modifié".
Mais si du côté du Rassemblement-les Républicains on s’impatiente, chez Calédonie Ensemble, une autre force représentée au sein de la délégation non indépendantiste, on est prêt à prendre le temps. Dans une lettre adressée à la Première ministre, le sénateur Gérard Poadja, le député Philippe Dunoyer et l’ancien député Philippe Gomès, affirment chercher "un consensus". Ils sont prêts à se donner du temps pour le trouver, y compris s’il faut décaler les élections provinciales. "Cette échéance démocratique ne constitue par ‘un horizon indépassable’, écrivent-ils. L’important, au bout de 35 années, n’est pas de tenir les élections ‘à l’heure’, mais d’être à l’heure de l’Histoire". Pour les signataires de la lettre, ce n’est que si aucun accord n’était trouvé d’ici la fin de l’année que l’État aurait à "prendre les mesures unilatérales nécessaires". "Nous n’en sommes pas là", rassurent les signataires.
En parallèle des rencontres purement politiques, des réunions plus techniques consacrées au nickel sont prévues au ministère de l’Économie lundi et mardi.