Dimanche 9 septembre 2018, un énorme bateau, le Maersk Launcher a quitté San Francisco en tirant un équipement de 600 mètres de long destiné à nettoyer le Pacifique. L’ingénieur martiniquais Bruno Sainte-Rose participe dès le début à ce projet lancé par le Hollandais Boyan Slat.
A 33 ans, le Martiniquais Bruno Sainte-Rose va enfin voir de manière concrète les résultats de ses calculs. Cet ingénieur diplômé de Centrale, spécialiste de mécanique des fluides, travaille depuis le début dans l’aventure The Ocean Cleanup.
Lancé par Boyan Slat en 2012, The Ocean Cleanup s’est donné pour objectif de collecter la moitié des déchets plastiques du vortex du Pacifique nord en cinq ans. Un pari complètement fou qui petit à petit se concrétise. La1ère a rencontré Bruno Sainte-Rose à Paris. Jeune papa, il n'a pas pu assister en direct au départ du prototype, ce dimanche 9 septembre 2018 à San Francisco.
La 1ère : le système de nettoyage imaginé par l’équipe de The Ocean Cleanup est parti ce dimanche depuis San Francisco. Etiez-vous sûr de voir aboutir de manière concrète ce projet ?
Bruno Sainte-Rose : pour moi c’est la fin du début. On est au début de la preuve que notre système peut fonctionner. Donc on va essayer sur ce premier essai dans le Pacifique d’en apprendre le plus possible et de voir comment notre prototype se comporte sur la durée afin de l’améliorer à l’avenir.
Quel est l’objectif de ce premier système ?
Notre système fonctionne grâce à de gros cylindres de plastique en dessous desquels il y a une jupe. Les cylindres permettent la flottaison et la jupe permet de récolter le plastique sur les trois premiers mètres de la surface de l’eau. L’idée, c’est que le système va plus vite que le plastique grâce aux vents et aux vagues.
Grâce à cette vitesse relative, on espère récolter une tonne de plastique par semaine, donc à peu près cinquante tonnes de plastique par an avec ce premier système.
Quel va être le calendrier ?
Dans un premier temps, notre prototype va être disposé dans une première zone située à 450 km des côtes de San Francisco. Il va falloir effectuer une manœuvre afin que ce système en ligne prenne la forme d’un U à l’aide de câbles et de chaînes.
Dans un second temps, on ira à environ 2 000 km au large de San Francisco au milieu du grand vortex de plastique afin de tester la capacité à accumuler les déchets. Au bout de deux mois, on procédera à la première récolte. On saura alors quelle quantité de plastique l’appareil parvient à collecter.
Ensuite, on souhaite mettre au point un système plus grand. On passera alors à l’industrialisation de notre prototype pour parvenir à l’objectif final : collecter la moitié des déchets plastiques du grand vortex du Pacifique nord en 5 ans.
Etes-vous sûr d’y parvenir ?
L’ensemble des études et des calculs menés jusque-là ont subi plusieurs améliorations qui ont permis d’être optimistes. Et je pense qu’on le sera encore plus d’ici à trois semaines quand on aura les premiers résultats concrets.
Est-ce qu’il y a un risque que cet appareil se casse ?
Oui bien sûr, mais si le projet casse, on aura appris quelque chose. On espère surtout qu’on aura le temps d’apprendre avant qu’il ne casse. Ça nous donnerait des informations sur nos modèles. Il est possible que l’on ait des surprises, bonnes ou mauvaises.
C’est une première. Les premiers concepts d'avions se sont cassés. On apprend en faisant.
Comment vous êtes-vous embarqué dans l’aventure The Ocean Cleanup lancé par Boyan Slat ?
Au départ, j’ai entendu parler du projet en 2013. Boyan Slat avait fait un TedX (une conférence) qui m’avait marqué. J’ai été impressionné par son audace. Il n’avait que 17 ans. A l’époque, il était à la recherche de quelqu’un qui avait mes compétences.
J’ai tenté ma chance en lui envoyant un email. Il m’a répondu au bout d’un mois, après relance (sourire). Il m’a dit qu’il était en train de composer une petite équipe pour aborder ce problème. J’ai dit ok. On était au départ douze volontaires sur ce sujet. On s’est retrouvé ensuite à deux ou trois. Après il y a eu des levées de fonds et donc en 2015, je suis parti rejoindre l’équipe à Delft en Hollande.
Quelle est votre fonction exacte dans ce projet de nettoyage du gyre du Pacifique nord ?
Moi je suis responsable de la modélisation de la production de la barrière qui va accumuler le plastique. Cela consiste à faire des prévisions sur la quantité de plastique qui va être récolté par le système. Cela implique des modélisations en océanographie et en mécanique des fluides. Il faut estimer comment vont se comporter les vagues, le courant et le vent.
Vous travaillez avec Boyan Slat depuis 2013. Comment vivez-vous de l’intérieur l'expérience The Ocean Cleanup ?
C’est vraiment motivant de travailler dans une équipe aussi dynamique. On ne compte pas ses heures. C’est un projet enthousiasmant.. On est poussé par Boyan Slat qui est assez exceptionnel par son audace, sa capacité à s’entourer des bonnes personnes, à diriger des équipes, à prendre des décisions. En communicant de manière très intelligente, il parvient à trouver des financements et des partenariats qui nous permettent d’en être à ce niveau-là.
Son autre atout : il n’est pas buté. Quand on a eu des critiques sur notre système de nettoyage, il a su s’adapter. Par exemple, on s’est rendu compte qu’il était plus favorable de faire un appareil mobile plutôt qu’ancré au sol. Boyan Slat a été capable de se remettre en question.
Vu de Martinique, comment vos proches jugent votre travail ?
Je sens beaucoup de fierté en Martinique parmi mes proches. En plus, notre projet pourrait être utilisé pour les sargasses. J’ai pas mal de sollicitations à ce niveau-là et des idées pour aider à régler ce problème.
Mes modèles permettent de prédire l’efficacité de systèmes flottants dans certaines conditions atmosphériques avec des sources de pollution plastique ou du type sargasse. Mon modèle pourrait être utilisé comme moyen de décision.
Concrètement les filets en mer sont l’un des moyens pour dévier et permettre une récupération des sargasses. Avec ces modèles, je pourrais prédire la trajectoire des sargasses et la façon dont ces filets les dévient. Cela pourrait être un outil d’aide à la décision pour la mise en place de ces filets.
Lancé par Boyan Slat en 2012, The Ocean Cleanup s’est donné pour objectif de collecter la moitié des déchets plastiques du vortex du Pacifique nord en cinq ans. Un pari complètement fou qui petit à petit se concrétise. La1ère a rencontré Bruno Sainte-Rose à Paris. Jeune papa, il n'a pas pu assister en direct au départ du prototype, ce dimanche 9 septembre 2018 à San Francisco.
La 1ère : le système de nettoyage imaginé par l’équipe de The Ocean Cleanup est parti ce dimanche depuis San Francisco. Etiez-vous sûr de voir aboutir de manière concrète ce projet ?
Bruno Sainte-Rose : pour moi c’est la fin du début. On est au début de la preuve que notre système peut fonctionner. Donc on va essayer sur ce premier essai dans le Pacifique d’en apprendre le plus possible et de voir comment notre prototype se comporte sur la durée afin de l’améliorer à l’avenir.
Quel est l’objectif de ce premier système ?
Notre système fonctionne grâce à de gros cylindres de plastique en dessous desquels il y a une jupe. Les cylindres permettent la flottaison et la jupe permet de récolter le plastique sur les trois premiers mètres de la surface de l’eau. L’idée, c’est que le système va plus vite que le plastique grâce aux vents et aux vagues.
Grâce à cette vitesse relative, on espère récolter une tonne de plastique par semaine, donc à peu près cinquante tonnes de plastique par an avec ce premier système.
Quel va être le calendrier ?
Dans un premier temps, notre prototype va être disposé dans une première zone située à 450 km des côtes de San Francisco. Il va falloir effectuer une manœuvre afin que ce système en ligne prenne la forme d’un U à l’aide de câbles et de chaînes.
Dans un second temps, on ira à environ 2 000 km au large de San Francisco au milieu du grand vortex de plastique afin de tester la capacité à accumuler les déchets. Au bout de deux mois, on procédera à la première récolte. On saura alors quelle quantité de plastique l’appareil parvient à collecter.
Ensuite, on souhaite mettre au point un système plus grand. On passera alors à l’industrialisation de notre prototype pour parvenir à l’objectif final : collecter la moitié des déchets plastiques du grand vortex du Pacifique nord en 5 ans.
Etes-vous sûr d’y parvenir ?
L’ensemble des études et des calculs menés jusque-là ont subi plusieurs améliorations qui ont permis d’être optimistes. Et je pense qu’on le sera encore plus d’ici à trois semaines quand on aura les premiers résultats concrets.
Est-ce qu’il y a un risque que cet appareil se casse ?
Oui bien sûr, mais si le projet casse, on aura appris quelque chose. On espère surtout qu’on aura le temps d’apprendre avant qu’il ne casse. Ça nous donnerait des informations sur nos modèles. Il est possible que l’on ait des surprises, bonnes ou mauvaises.
C’est une première. Les premiers concepts d'avions se sont cassés. On apprend en faisant.
Comment vous êtes-vous embarqué dans l’aventure The Ocean Cleanup lancé par Boyan Slat ?
Au départ, j’ai entendu parler du projet en 2013. Boyan Slat avait fait un TedX (une conférence) qui m’avait marqué. J’ai été impressionné par son audace. Il n’avait que 17 ans. A l’époque, il était à la recherche de quelqu’un qui avait mes compétences.
J’ai tenté ma chance en lui envoyant un email. Il m’a répondu au bout d’un mois, après relance (sourire). Il m’a dit qu’il était en train de composer une petite équipe pour aborder ce problème. J’ai dit ok. On était au départ douze volontaires sur ce sujet. On s’est retrouvé ensuite à deux ou trois. Après il y a eu des levées de fonds et donc en 2015, je suis parti rejoindre l’équipe à Delft en Hollande.
Quelle est votre fonction exacte dans ce projet de nettoyage du gyre du Pacifique nord ?
Moi je suis responsable de la modélisation de la production de la barrière qui va accumuler le plastique. Cela consiste à faire des prévisions sur la quantité de plastique qui va être récolté par le système. Cela implique des modélisations en océanographie et en mécanique des fluides. Il faut estimer comment vont se comporter les vagues, le courant et le vent.
Vous travaillez avec Boyan Slat depuis 2013. Comment vivez-vous de l’intérieur l'expérience The Ocean Cleanup ?
C’est vraiment motivant de travailler dans une équipe aussi dynamique. On ne compte pas ses heures. C’est un projet enthousiasmant.. On est poussé par Boyan Slat qui est assez exceptionnel par son audace, sa capacité à s’entourer des bonnes personnes, à diriger des équipes, à prendre des décisions. En communicant de manière très intelligente, il parvient à trouver des financements et des partenariats qui nous permettent d’en être à ce niveau-là.
Son autre atout : il n’est pas buté. Quand on a eu des critiques sur notre système de nettoyage, il a su s’adapter. Par exemple, on s’est rendu compte qu’il était plus favorable de faire un appareil mobile plutôt qu’ancré au sol. Boyan Slat a été capable de se remettre en question.
Vu de Martinique, comment vos proches jugent votre travail ?
Je sens beaucoup de fierté en Martinique parmi mes proches. En plus, notre projet pourrait être utilisé pour les sargasses. J’ai pas mal de sollicitations à ce niveau-là et des idées pour aider à régler ce problème.
Mes modèles permettent de prédire l’efficacité de systèmes flottants dans certaines conditions atmosphériques avec des sources de pollution plastique ou du type sargasse. Mon modèle pourrait être utilisé comme moyen de décision.
Concrètement les filets en mer sont l’un des moyens pour dévier et permettre une récupération des sargasses. Avec ces modèles, je pourrais prédire la trajectoire des sargasses et la façon dont ces filets les dévient. Cela pourrait être un outil d’aide à la décision pour la mise en place de ces filets.