La possibilité d'un non-lieu dans l'instruction du dossier chlordécone continue de susciter de très vives réactions. Dans un entretien à Outre-mer la 1ère, le député de Martinique Serge Letchimy estime que "l'Etat n'assume pas ses responsabiltés", et "cela n'honore pas la République".
La perspective d'une prescription dans le scandale du chlordécone suscite de nombreuses réactions de colère. Après le Crefom qui dénonçait lundi 25 janvier le possible classement sans suite de la plainte de plusieurs associations, c'est le député de Martinique Serge Letchimy qui s'insurge. Lui qui en 2019 était le rapporteur d'une importante commission d'enquête parlementaire sur le scandale du Chlordécone, estime que "l'Etat n'assume pas toutes ses responsabilités", malgré l'engagement pris par Emmanuel Macron en déplacement aux Antilles en 2018.
Le président Macron est le seul président de la République au cours de ces 25 dernières années qui a déclaré que l'Etat doit assumer ses responsabilités. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. L'Etat n'assume pas toutes ses responsabilités face à ce drame de pollution de 92% des Martiniquais et 97% des Guadeloupéens qui ont dans leur sang de la chlordécone. Et près de 50 à 60% des terres de Guadeloupe et de Martinique sont polluées, donc l'Etat ne peut pas ne pas assumer.
"Agir en transparence"
"Le fait de ne pas avoir donné suite aux conclusions de la commission d'enquête à la hauteur du drame, en ne prenant que des petites miettes de solutions à distribuer dans le plan chlordécone, cela n'honore pas la République", poursuit Serge Letchimy qui estime que "ce n'est pas respectueux vis-à-vis des Guadeloupéens et Martiniquais. Le seul moyen d'éteindre ou d'atténuer cette rancoeur qui est en train de prospérer en Martinique et en Guadeloupe, c'est d'agir en transparence, clairement et pour le bien de tout le monde".
Ecoutez le député de Martinique interviewé par Célia Cléry :
Serge Letchimy / plainte chlordécone
"Sortir de la chlordécone"
Concernant le possible classement sans suite de la plainte et le courrier adressé par Alfred Marie-Jeanne à Emmanuel Macron, Serge Letchimy estime que le président de la République ne peut interférer dans une affaire judiciaire en raison de la séparation des pouvoirs. "Emmanuel Macron doit dire à ses équipes de mettre en place des plans non pas pour vivre avec la chlordécone, mais sortir de la chlordécone et rentrer dans un processus de réparations".
Serge Letchimy
Question à l'Asssemblée nationale
Mardi 26 janvier, à l'Assemblée nationale, le député Letchimy a interpellé le gouvernement sur ce dossier chlordécone, et ses conséquences sur la filière pêche de Martinique :
En réponse, Annick Girardin, ministre de la Mer, a expliqué que la filière pêche des Antilles a "besoin d'un plan d'un plan d'accompagnement, nous vous accompagnerons sur ce sujet" :