Christiane Taubira: "Je vais m'engager fortement dans la campagne"

Christiane Taubira, en janvier 2016 à New-York.
Dans une interview accordée à Libération, l'ex-garde des Sceaux déplore la "grande confusion" de la gauche, et assure qu'elle s'impliquera dans la campagne, sans pour autant préciser si elle compte ou non se présenter.
Elle est en retrait de la vie politique mais fait la Une de Libération ce 12 septembre. "Ma gauche ma France", titre le quotidien au sujet de l'interview de l'ancienne Garde des Sceaux. Quatre pages d'entretien dans lesquelles elle appelle la gauche à se rassembler et laisse planer le doute sur la teneur de son investissement dans la campagne présidentielle.
Morceaux choisis.
 

Sur la France

A la question "comment va la France", Christiane Taubira confie à la fois son inquiétude et sa confiance. "C'est un pays où les gens peuvent se mettre à organiser des débats, à s'énerver, à se disputer sur des questions comme les libertés individuelles. Il y a vrai génie collectif", assure-t-elle, avant néanmoins de déplorer "l'image que notre parole publique envoie à l'étranger".
"Quand le pays débat sur la déchéance de nationalité, les gens de l'extérieur se disent 'mais qu'est ce que c'est que ce pays là'".
 

La déchéance de nationalité

La déchéance de nationalité, c'est justement sur ce désaccord que Christiane Taubira a quitté le gouvernement en janvier 2016. "Je suis partie sereine et tourmentée. Sereine vis-à-vis de moi-même parce que je suis incapable de trahir mes convictions (…). Mais, tourmentée parce que j'estimais que ce que nous allions faire était grave. Et je n'avais pas réussi à l'en empêcher".
 

 
L'élection présidentielle

"Je vais m'engager fortement dans la campagne. Je ne sais pas encore comment", a déclaré l'ex-ministre de la Justice, qui déplore la "phase de grande confusion" dans laquelle se trouve la gauche. "La question  (…) est de savoir si nous serons capables, nous à gauche, sous peine de disparaître et pour un moment, de nous engager pour l'égalité, la cohésion sociale, une République exigeante, bienveillante, présente"
 
 

L'élection présidentielle de 2002

C'est un des sujets que Christiane Taubira n'aime pas voir aborder. Alors candidate à l'élection présidentielle, comme de nombreux candidats de la gauche plurielle, elle avait par la suite été accusée d'avoir favorisé la défaite de Lionel Jospin, alors candidat socialiste.  Il  avait échoué à accéder au second tour, au profit de Jean-Marie Le Pen.
"A chaque fois qu'on vient me chercher dessus, je cogne. Parce que si la gauche est dans cet état de délabrement aujourd'hui, c'est parce qu'en 2002, on a cherché un bouc émissaire au lieu de se demander ce qui s'était passé. Depuis le PS n'a fat aucune analyse politique de cette défaite. Il n'a cessé de se répéter que si Taubira n'avait pas été là au premier tour, il aurait gagné".
 
 

Sa propre candidature à la présidentielle 2017

Dans son livre Le premier secrétaire de la République,  Cyril Graziani rapporte que Christiane Taubira aurait envisagé de se lancer dans la campagne, dans l'hypothèse où François Hollande ne serait pas candidat. "Un cancan anonyme", selon l'intéressée.
 Et à la question "est ce que ce pourrait être vous?" [la candidate qui portera les différentes sensibilités de la gauche], la réponse est énigmatique. "Vous êtes têtus…" suivie d'un silence et d'une injonction: "mettez trois points de suspension (rires)"
 
 
 
Depuis son départ du gouvernement, Christiane Taubira, officiellement retraitée, sort épisodiquement de son silence.
Ainsi, en juillet, elle avait écrit un texte poignant sur l'attentat de Nice. Début septembre, c'est le Canard Enchaîné qui rapportait des propos tenus après que le Premier ministre Manuel Valls a critiqué son action concernant les prisons. "Il ne faut pas me chercher, (…) Je peux devenir méchante" aurait-elle déclaré.