Mercredi dernier, Emmanuel Macron annonçait le renforcement des mesures de freinage du Covid-19 sur tout l'Hexagone, expliquant que cela ne concernait pas les Outre-mer "où le virus circule moins". Mais les derniers chiffres font craindre une forte progression du virus dans plusieurs territoires.
C'était mercredi 31 mars. Emmanuel Macron annonçait que l'ensemble de l'Hexagone passait en vigilance renforcée face à la très forte progression du Covid-19. Le chef de l'Etat expliquait alors que ces mesures de vigilance renforcée ne concernait pas les Outre-mer : "Ce choix ne concerne pas les territoires d'Outre-mer où le virus circule moins et qui ont fait de très gros effort pour ralentir l'épidémie".
Si cette décision peut laisser penser que les Outre-mer sont désormais à l'abri du virus, la réalité est bien différente, comme le montrent les derniers chiffres et les dernières décisions prises localement par les préfets. La situation est inquiétante à La Réunion, en Martinique, en Guyane.
Réunion : le préfet tire la sonnette d'alarme
A La Réunion, le préfet est intervenu vendredi 2 avril pour annoncer un durcissement des mesures. Malgré le couvre-feu en vigueur depuis un mois, le coronavirus et son variant sud-africain n’ont jamais autant circulé à La Réunion. Le taux d’occupation des lits de réanimation flirte avec les 90 %, malgré les 122 lits installés. "Si la situation épidémique ne s’arrange pas dans les deux semaines", le préfet aura recours au confinement.
Concrètement, le préfet a annoncé la fermeture des bars et restaurants, des salles de cinéma, de spectacles, de sports, des centres commerciaux de plus de 10 000 m2. Il a confirmé la prolongation du couvre-feu de 5h à 18h, pour au moins deux semaines encore. Les motifs impérieux sont aussi maintenus au moins jusqu’au 30 avril pour les personnes souhaitant voyager.
Autre décision : un renforcement des mesures en milieu scolaire. Dès jeudi 8 avril, "trois lycées vont modifier leur organisation pour réduire le nombre d’élèves en présentiel". Dès la semaine prochaine, les proviseurs des 48 lycées de La Réunion doivent tous se préparer à mettre en œuvre le protocole prévu pour réduire le nombre de lycéens accueillis en même temps dans l’établissement.
Guyane : retour du couvre-feu à 19h
En Guyane, la préfecture a annoncé vendredi 2 avril le retour du couvre-feu à 19h (au lieu de 23h) à Cayenne, Kourou, Macouria, Matoury et Rémire-Montjoly. "Depuis deux semaines, les indicateurs épidémiologiques se dégradent en Guyane. La circulation du virus s’est intensifiée avec un taux d’incidence régionale de 58 pour 100 000", préviennent les autorités. Les variants brésiliens et anglais, plus virulents, représentent 70 % des cas positifs des cas détectés en Guyane ces derniers jours.
Martinique : couvre-feu à 19h
"Les indicateurs de la covid-19 sont en nette augmentation en Martinique. Les seuils d’alerte ont été dépassés" expliquait le 1er avril le préfet du territoire, Stanislas Cazelles. Un couvre-feu de 19h à 5h a donc été mis en place, et d'autres décisions ont été prises : fermeture des salles de cinéma et de spectacle, fermeture des restaurants, activités sportives collectives suspendues. Et "le camping et les pique-niques sont interdits" pour ce week-end de Pâques. Malgré les appels solennels au respect des décisions prises, les autorités expliquent que les Martiniquais ne respectent "que peu" les mesures sanitaires. Le directeur général du Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France a suspendu l’ensemble des congés des médecins, soignants, agents techniques ou administratifs. "Dans les semaines à venir, ne nous le cachons pas, il sera difficile de soigner tout le monde", déclare Benjamin Garel.
Guadeloupe : légère baisse mais inquiétude à l'hôpital
Si le nombre de nouveaux cas de Covid diminue légèrement en Guadeloupe, les chiffres restent élevés et les hôpitaux font face à une réelle tension. De quoi inquiéter les soignants durant ce week-end pascal. La circulation du variant anglais en Guadeloupe est de plus en plus forte : il représente désormais 90 % des prélèvements criblés.
Mayotte : "la situation reste préoccupante"
A Mayotte, la préfecture explique que "Malgré la baisse des indicateurs épidémiques, la situation demeure préoccupante". Le service de réanimation du CHM compte désormais 22 lits suite au départ progressif du service de santé des armées. "Il est proche de la saturation", estiment les autorités. Le taux d'incidence est de 61 cas pour 100.000 habitants, mais des restrictions sont toujours en vigueur dans le département : couvre-feu à 22h30, port du masque obligatoire dans l’espace public urbain, rassemblements de plus de six personnes interdits, fêtes de mariage, les voulés et la diffusion de musique amplifiée toujours interdits, les salles de sport restent fermées et le gouvernement maintient les motifs impérieux de déplacement entre Mayotte, La Réunion et la métropole.
Dans les autres territoires, la situation s'améliore
La Nouvelle-Calédonie a entamé son déconfinement progressif vendredi 2 avril. La liberté d'aller et venir est totalement rétablie. Quelques mesures persistent cependant, comme le port du masque obligatoire. En Polynésie, la situation s'est nettement améliorée, les bars et restaurants ont pu rouvrir, comme le montre ce reportage à Tahiti de Polynésie la 1ère :
A Wallis et Futuna, la vaccination progresse à grande vitesse : plus de 44% de la population est désormais vaccinée et le nombre de cas diminue fortement. Même constat à Saint-Pierre et Miquelon : 52,6% de la population éligible à la vaccination de l’archipel avait reçu une première injection, vendredi 2 avril.