Fraîchement élu sénateur de Mayotte, Saïd Omar Oili n'a qu'une préoccupation actuellement : la crise de l'eau dans son département. Membre du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI, affilié à la majorité présidentielle), il avertit d'ores et déjà le gouvernement qu'il "va falloir amplifier en 2024" les premières mesures mises en place "car la crise est loin de se terminer".
Il rappelle d'ailleurs qu'à la sortie de la rencontre avec Emmanuel Macron vendredi 20 octobre, les élus de Mayotte "ont adressé un courrier commun où nous demandons de véritables efforts sur nos infrastructures sur notre territoire qui souffre d'un retard avec une démographie en forte hausse".
Le sénateur demande donc "quels sont les investissements" que le gouvernement "prévoit pour sortir de cette crise de l'eau structurelle". Il souhaite également que soit éclaircie une rumeur "qui évoque une reprise en main de l'État" de la compétence de l'eau, normalement prise en charge par les collectivités mahoraises.
Crise, urgence, pérennité
À ces questions, le ministre de l'Écologie Christophe Béchu ne donne pas d'informations nouvelles mais remet clairement les choses à plat. Il commence en rappelant les trois facteurs à cette crise de l'eau :
- "un déficit pluviométrique auquel nous devons nous habituer, il est la conséquence d'un dérèglement climatique" ;
- l'afflux de population : "à aucun moment les infrastructures d'eau potable de Mayotte n'ont été faites en imaginant que la proportion de personnes en situation irrégulière serait comparable à celle que nous connaissons" ;
- "une absence de travaux à l'échelle de ceux qui aujourd'hui ont la compétence depuis 2017 malgré des moyens qui sont existants et qui n'ont pas été conduits avec la vitesse et la célérité qu'il aurait fallu".
Il énumère ensuite les plans d'action sur trois temporalités : la crise, avec la cellule interministérielle de crise et la distribution de bouteilles d'eau ; l'urgence, avec le lancement de travaux actuellement pour éviter une nouvelle crise en juillet ou août prochain ; et la pérennité avec un plan sur 2024-2027. "400 millions €, usine de dessalement, forages, possibles retenues collinaires, réutilisation d'eaux usées, tous les moyens tant l'ampleur est importante", liste le ministre.
Les collectivités de Mayotte épinglées
Pas de précision supplémentaire quant aux investissements et au calendrier donc, avant de terminer sur la question de la rumeur. "La compétence eau est dédiée aux collectivités territoriales, rappelle-t-il, avant de cibler celles de Mayotte. La vérité oblige à dire qu'au cours de ces dernières années, les choses qui auraient dû être faites ne l'ont pas été."
Nous considérons que pour passer la crise que nous connaissons, sans un appui exceptionnel de l'État, on n'y arrivera pas.
Christophe BéchuMinistre de l'Ecologie
Si le gouvernement a envoyé des moyens sur l'île, via les différents ministères de la Santé, de l'Écologie et des Outre-mer, Christophe Béchu ne donne pas de réponse ferme sur la suite une fois que la crise sera terminée : "Au-delà de ce moment, il faudra qu'on se demande quel est le bon niveau de soutien et d'accompagnement de l'État aux collectivités territoriales."
Accompagné du ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier, Gérald Darmanin se rendra d'ailleurs la semaine prochaine à Mayotte pour évoquer cette grave crise de l'eau qui touche Mayotte mais également les problèmes de sécurité et d'immigration irrégulière.