Alcool, cannabis, méthamphétamine, cocaïne, crack…. L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies publie un état des lieux des drogues licites et illicites dans tous les territoires d'Outre-mer. Des usages contrastés et préoccupants chez les jeunes.
"Globalement on ne boit pas plus, mais quand on boit, on boit plus ". C'est ainsi qu’Ivana Obradovic, l’auteure de la publication sur les drogues et addictions outre-mer résume la consommation d’alcool dans ces territoires.
A l’instar de la boisson, l’usage global des drogues licites et illicite en outre-mer est particulièrement contrasté, avec des comportements généralement modérés aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et la Réunion et excessifs en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Ils sont tout aussi variés en fonction des âges et des catégories de population partout en Outre-mer.
En Guadeloupe et en Martinique, les jeunes pratiquent de plus en plus "l’alcoolisation ponctuelle importante" (usage intensif de l’alcool à certaines occasions, ou "binge drinking "). En Martinique, 19% des jeunes de 17 ans déclarent s’adonner à ce genre d’épisodes de manière régulière. L’étude constate aussi que les jeunes martiniquaises consomment beaucoup plus d’alcool que leurs concitoyennes de l’Hexagone. L’alcool est également consommé de manière excessive dans certaines catégories de la population, comme les Amérindiens en Guyane.
Autre phénomène inquiétant : la hausse des expérimentations d’usage de la cocaïne, toujours chez les jeunes. "On constate ce phénomène depuis une quinzaine d’années", note Ivana Obradovic. "En Guadeloupe, 2% des adolescents de 17 ans l’ont testée, contre seulement 0,3% en 2005". Plus globalement, la cocaïne est quatre fois moins consommée dans ces régions que dans l’Hexagone, malgré leur localisation stratégique qui en font un lieu de passage privilégié pour le trafic vers l’Europe.
Écoutez le reportage de Tessa Grauman sur la consommation de drogues aux Antilles et en Guyane :
Cela ne concerne pas toute la population, mais chez les jeunes et certains groupes d’adultes, on constate des phénomènes d’alcoolisation excessive. Les jeunes de 17 ans pratiquent trois fois plus le "binge drinking" aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Les femmes réunionnaises se singularisent aussi par un volume de consommation d’alcool particulièrement important : 36 verres par semaine contre 26 chez les femmes dans l’Hexagone. Une des conséquences est que La Réunion apparaît comme la région française présentant le plus grand nombre de cas de syndrome d’alcoolisation fœtale.
L’usage du cannabis est aussi très courant dans l’île : à 17 ans, 47% des jeunes en ont déjà fumé, contre 39% en métropole. Côté drogues fortes et illégales, ce sont la MDMA et l’ecstasy qui sont les plus expérimentées. En revanche l’héroïne, qui circule beaucoup dans les îles voisines de l’océan indien, est quasiment absente du département français.
Ecoutez les explications d’Ivana Obradovic sur l’absence d’héroïne à La Réunion :
A Mayotte, peu d’études existent sur le comportement des habitants en matière de santé. La plus récente ne concerne que des adolescents. Et encore, l’enquête ne tient pas compte de ceux qui sont marginalisés et donc plus exposés à des conduites addictives.
Ainsi, les jeunes interrogés évoquent un usage très limité de tabac, de boissons alcoolisées ou même de cannabis (un adolescent sur 10 en aurait fumé dans l’archipel contre 4 sur 10 dans l’hexagone).
Mais du côté des professionnels qui travaillent auprès des jeunes, on décrit un tout autre tableau. Le tabac et le bangué seraient très présents à Mayotte, de même que la chimique, sorte de cannabinoïde de synthèse consommé en mélange avec d’autres produits.
Le point sur la situation à Mayotte avec Tessa Grauman :
En Nouvelle-Calédonie, on expérimente l’alcool de manière massive dès 17 ans, et son niveau de consommation quotidienne est deux fois supérieur à la métropole. Conséquence indirecte : le taux de mortalité routière sur le territoire est l'un des plus hauts du monde.
Les jeunes expérimentent aussi beaucoup le cannabis : sur dix jeunes néo-calédoniens, quatre ont fumé dans l’année, trois dans le mois et un fume de façon régulière. S’ajoute à cela le phénomène de la métamphétamine (ou ice) en Polynésie, une drogue de synthèse dix fois plus puissante que la cocaïne.
La consommation de drogue dans le Pacifique par Tessa Grauman :
Ecoutez l’interview d’Ivana Obradovic sur l’alcool en Outre-mer.
A Mayotte, la chimique (un mélange de tabac trempé dans de l’alcool et additionné d’herbe de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse) a fait son apparition en 2010, et sa consommation s’étend depuis 2014. Le phénomène est tel que, depuis 2015, le taux de prise en charge d’usagers de cette drogue par le service d’addictologie du Centre hospitalier de Mayotte dépasse celui des consommateurs de cannabis.
Aux Antilles et en Guyane, le crack, stupéfiant dérivé de la cocaïne, touche un public très marginalisée, environ 1% de la population de la population.
La métamphétamine (ou ice) est arrivée récemment en Polynésie. Ce produit, d’abord importé d’Hawaï, de Californie et du Mexique, serait désormais développé sur place dans des laboratoires clandestins.
Ecoutez Ivana Obradovic qui explique les raisons de la présence de drogues spécifiques à certaines régions d’Outre-mer.
A l’instar de la boisson, l’usage global des drogues licites et illicite en outre-mer est particulièrement contrasté, avec des comportements généralement modérés aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et la Réunion et excessifs en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Ils sont tout aussi variés en fonction des âges et des catégories de population partout en Outre-mer.
Antilles et Guyane : usages excessifs chez les jeunes
En Guadeloupe et en Martinique, les jeunes pratiquent de plus en plus "l’alcoolisation ponctuelle importante" (usage intensif de l’alcool à certaines occasions, ou "binge drinking "). En Martinique, 19% des jeunes de 17 ans déclarent s’adonner à ce genre d’épisodes de manière régulière. L’étude constate aussi que les jeunes martiniquaises consomment beaucoup plus d’alcool que leurs concitoyennes de l’Hexagone. L’alcool est également consommé de manière excessive dans certaines catégories de la population, comme les Amérindiens en Guyane.Autre phénomène inquiétant : la hausse des expérimentations d’usage de la cocaïne, toujours chez les jeunes. "On constate ce phénomène depuis une quinzaine d’années", note Ivana Obradovic. "En Guadeloupe, 2% des adolescents de 17 ans l’ont testée, contre seulement 0,3% en 2005". Plus globalement, la cocaïne est quatre fois moins consommée dans ces régions que dans l’Hexagone, malgré leur localisation stratégique qui en font un lieu de passage privilégié pour le trafic vers l’Europe.
Écoutez le reportage de Tessa Grauman sur la consommation de drogues aux Antilles et en Guyane :
Consommation drogue Antilles Guyane
La Réunion : forte alcoolisation
Cela ne concerne pas toute la population, mais chez les jeunes et certains groupes d’adultes, on constate des phénomènes d’alcoolisation excessive. Les jeunes de 17 ans pratiquent trois fois plus le "binge drinking" aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Les femmes réunionnaises se singularisent aussi par un volume de consommation d’alcool particulièrement important : 36 verres par semaine contre 26 chez les femmes dans l’Hexagone. Une des conséquences est que La Réunion apparaît comme la région française présentant le plus grand nombre de cas de syndrome d’alcoolisation fœtale.
L’usage du cannabis est aussi très courant dans l’île : à 17 ans, 47% des jeunes en ont déjà fumé, contre 39% en métropole. Côté drogues fortes et illégales, ce sont la MDMA et l’ecstasy qui sont les plus expérimentées. En revanche l’héroïne, qui circule beaucoup dans les îles voisines de l’océan indien, est quasiment absente du département français.
Ecoutez les explications d’Ivana Obradovic sur l’absence d’héroïne à La Réunion :
La Réunion et l'absence d'héroïne
Mayotte : situation difficile à évaluer
A Mayotte, peu d’études existent sur le comportement des habitants en matière de santé. La plus récente ne concerne que des adolescents. Et encore, l’enquête ne tient pas compte de ceux qui sont marginalisés et donc plus exposés à des conduites addictives.Ainsi, les jeunes interrogés évoquent un usage très limité de tabac, de boissons alcoolisées ou même de cannabis (un adolescent sur 10 en aurait fumé dans l’archipel contre 4 sur 10 dans l’hexagone).
Mais du côté des professionnels qui travaillent auprès des jeunes, on décrit un tout autre tableau. Le tabac et le bangué seraient très présents à Mayotte, de même que la chimique, sorte de cannabinoïde de synthèse consommé en mélange avec d’autres produits.
Le point sur la situation à Mayotte avec Tessa Grauman :
Consommation drogue Mayotte
Polynésie et Nouvelle-Calédonie : records de consommation
Qu’il s’agisse de tabac, d’alcool ou de cannabis, dans les territoires français du Pacifique, les niveaux de consommation des habitants sont globalement supérieurs à ceux de la métropole et largement plus élevés que dans les autres Outre-mer.En Nouvelle-Calédonie, on expérimente l’alcool de manière massive dès 17 ans, et son niveau de consommation quotidienne est deux fois supérieur à la métropole. Conséquence indirecte : le taux de mortalité routière sur le territoire est l'un des plus hauts du monde.
En Polynésie, les femmes plus que les hommes
La tendance à s’alcooliser beaucoup est aussi constatée chez les jeunes en Polynésie. Avec la particularité que les jeunes filles sont majoritaires à boire jusqu’à l’ivresse : elles sont 57 % à consommer de manière excessive contre 49% dans l’Hexagone.Les jeunes expérimentent aussi beaucoup le cannabis : sur dix jeunes néo-calédoniens, quatre ont fumé dans l’année, trois dans le mois et un fume de façon régulière. S’ajoute à cela le phénomène de la métamphétamine (ou ice) en Polynésie, une drogue de synthèse dix fois plus puissante que la cocaïne.
La consommation de drogue dans le Pacifique par Tessa Grauman :
Consommation drogue Pacifique
L’alcool, produit le plus consommé Outre-mer
Si les usages sont contrastés, l’alcool reste de loin le produit le plus consommé en Outre-mer. Avec une prédilection chez les consommateurs pour la bière et les alcools forts, en particulier le rhum dans les DOM.Ecoutez l’interview d’Ivana Obradovic sur l’alcool en Outre-mer.
L'alcool en outre-mer
Artane, ice, chimique ou crack selon les territoires
L’Artane, un médicament détourné en produit euphorisant, est arrivé sur l’île de La Réunion dans les années 80. Utilisé en même temps que d’autres produits, type alcool et cannabis, il est expérimenté par moins de 3% de la population.A Mayotte, la chimique (un mélange de tabac trempé dans de l’alcool et additionné d’herbe de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse) a fait son apparition en 2010, et sa consommation s’étend depuis 2014. Le phénomène est tel que, depuis 2015, le taux de prise en charge d’usagers de cette drogue par le service d’addictologie du Centre hospitalier de Mayotte dépasse celui des consommateurs de cannabis.
Aux Antilles et en Guyane, le crack, stupéfiant dérivé de la cocaïne, touche un public très marginalisée, environ 1% de la population de la population.
La métamphétamine (ou ice) est arrivée récemment en Polynésie. Ce produit, d’abord importé d’Hawaï, de Californie et du Mexique, serait désormais développé sur place dans des laboratoires clandestins.
Ecoutez Ivana Obradovic qui explique les raisons de la présence de drogues spécifiques à certaines régions d’Outre-mer.
Ice en Polynésie, crack aux Antilles, Artane à la Réunion: pourquoi?