Alcool, cannabis, méthamphétamine, cocaïne, crack…. L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies publie un état des lieux des drogues licites et illicites dans tous les territoires d'Outre-mer. Des usages contrastés et préoccupants chez les jeunes.
"Globalement on ne boit pas plus, mais quand on boit, on boit plus ". C'est ainsi qu’Ivana Obradovic, l’auteure de la publication sur les drogues et addictions outre-mer résume la consommation d’alcool dans ces territoires.
A l’instar de la boisson, l’usage global des drogues licites et illicite en outre-mer est particulièrement contrasté, avec des comportements généralement modérés aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et la Réunion et excessifs en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Ils sont tout aussi variés en fonction des âges et des catégories de population partout en Outre-mer.
Antilles et Guyane : usages excessifs chez les jeunes
Ecoutez les explications d’Ivana Obradovic sur l’absence d’héroïne à La Réunion :
La Réunion et l'absence d'héroïne
Mayotte : situation difficile à évaluer
A Mayotte, peu d’études existent sur le comportement des habitants en matière de santé. La plus récente ne concerne que des adolescents. Et encore, l’enquête ne tient pas compte de ceux qui sont marginalisés et donc plus exposés à des conduites addictives.
La tendance à s’alcooliser beaucoup est aussi constatée chez les jeunes en Polynésie. Avec la particularité que les jeunes filles sont majoritaires à boire jusqu’à l’ivresse : elles sont 57 % à consommer de manière excessive contre 49% dans l’Hexagone.
Les jeunes expérimentent aussi beaucoup le cannabis : sur dix jeunes néo-calédoniens, quatre ont fumé dans l’année, trois dans le mois et un fume de façon régulière. S’ajoute à cela le phénomène de la métamphétamine (ou ice) en Polynésie, une drogue de synthèse dix fois plus puissante que la cocaïne.
La consommation de drogue dans le Pacifique par Tessa Grauman :
Consommation drogue Pacifique
L’alcool, produit le plus consommé Outre-mer
Si les usages sont contrastés, l’alcool reste de loin le produit le plus consommé en Outre-mer. Avec une prédilection chez les consommateurs pour la bière et les alcools forts, en particulier le rhum dans les DOM.
Ecoutez l’interview d’Ivana Obradovic sur l’alcool en Outre-mer.
L'alcool en outre-mer
Artane, ice, chimique ou crack selon les territoires
L’Artane, un médicament détourné en produit euphorisant, est arrivé sur l’île de La Réunion dans les années 80. Utilisé en même temps que d’autres produits, type alcool et cannabis, il est expérimenté par moins de 3% de la population.
A Mayotte, la chimique (un mélange de tabac trempé dans de l’alcool et additionné d’herbe de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse) a fait son apparition en 2010, et sa consommation s’étend depuis 2014. Le phénomène est tel que, depuis 2015, le taux de prise en charge d’usagers de cette drogue par le service d’addictologie du Centre hospitalier de Mayotte dépasse celui des consommateurs de cannabis.
Aux Antilles et en Guyane, le crack, stupéfiant dérivé de la cocaïne, touche un public très marginalisée, environ 1% de la population de la population.
La métamphétamine (ou ice) est arrivée récemment en Polynésie. Ce produit, d’abord importé d’Hawaï, de Californie et du Mexique, serait désormais développé sur place dans des laboratoires clandestins.
Ecoutez Ivana Obradovic qui explique les raisons de la présence de drogues spécifiques à certaines régions d’Outre-mer.
Ice en Polynésie, crack aux Antilles, Artane à la Réunion: pourquoi?