Football : le Guadeloupéen Mathys Tel, l'espoir en pleine ascension chez les Bleuets

Considéré depuis son plus jeune âge comme un talent précoce, Mathys Tel a toujours tout fait plus vite que les autres. Passé par l’Institut national du football français de Clairefontaine, le jeune Guadeloupéen a toujours été destiné à briller dans les plus grands clubs. "Je suis quelqu’un d’assez sûr de lui, qui aime le challenge et viser toujours plus haut", assure-t-il.

Alors que les plus grands clubs de football du monde lui font la cour, le jeune joueur choisi le Stade rennais pour continuer sa progression. Un apprentissage qui se fera en plusieurs temps. Attaquant lorsqu’il évolue en région parisienne, le Guadeloupéen recule en défense quand il est sous les couleurs des rouges et noirs de Rennes. "Il y avait un sacré trou, sourit-il. Mais on m’aurait mis gardien, j’aurais joué aussi."

Joueur habile et technique, le jeune Mathys Tel ne peut se contenter de jouer à l’arrière et se projette toujours vers le but adverse. "J’oubliais parfois que j’étais défenseur, et je prenais le ballon. J’étais le [Franz] Beckenbauer de Port-Louis [en Guadeloupe]." Franz Beckenbauer était un défenseur allemand, sacré deux fois ballon d’or.

Un début de carrière prometteur

Repositionné au poste d’attaquant, Mathys Tel signe son premier contrat professionnel avec le Stade rennais à l’âge de 16 ans. Quelques semaines plus tard, il effectue ses débuts en professionnel et devient, par la même occasion, le plus jeune joueur de l’histoire du club. "C’est un record de battu et un objectif atteint, se félicite-t-il. C’était très encourageant et j’ai beaucoup appris dans les déplacements et la prise de risque".

À peine le temps de couper son cordon ombilical que le Guadeloupéen quitte déjà son cocon à Rennes sans marquer le moindre but dans le championnat français, pour s’installer en Bavière, en Allemagne. Il s’engage avec le club du Bayern Munich pour la somme de 28,5 millions d’euros.

C’est bien d’être dans des grands clubs, ça permet de progresser au contact d’autres joueurs talentueux et de profiter des infrastructures, mais il faut du temps de jeu le week-end pour le démontrer.

Gérald Baticle, sélectionneur en équipe de France espoirs

Malgré un temps de jeu limité du fait de son statut de remplaçant, Mathys Tel connaît des débuts prometteurs. Il marque cinq buts pour sa première saison en Allemagne en 27 matches et tape dans l’œil de deux illustres anciens Bleus, Didier Deschamps et Thierry Henry. "C’est intéressant ce qu’il fait, cette capacité à être décisif avec un temps de jeu réduit. On est attentif", disait à son sujet le sélectionneur de l’équipe de France A, lors d’une conférence de presse en octobre 2023.

"Il met des buts, il a une faculté à se créer des occasions en très peu de temps. Et surtout, il a une envie débordante. (...) Encore une fois, il y a beaucoup de choses à peaufiner, bien sûr, mais son envie fait qu'on le remarque à chaque rencontre, même lorsqu'il n'est pas décisif. (...) C'est à lui de saisir sa chance", décryptait de son côté l'ex-sélectionneur de Mathys Tel chez les espoirs, Thierry Henry.

Un impatient en quête de temps

Après une première année satisfaisante sous les couleurs du Bayern Munich, la saison 2024-2025 devait être celle de la confirmation pour l’attaquant de 19 ans. Retenu pour participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le club allemand va refuser de le libérer et le Guadeloupéen va accepter ce choix. Dans sa tête, il voulait se donner toutes les chances d’exploser aux yeux du monde lors de cet exercice. "Il y avait les ambitions des Bleus et celles du Bayern. On était sur une année d’exposition et il fallait faire un choix", lance l’attaquant.

Entre-temps, le coach belge Vincent Kompany est arrivé sur le banc du Bayern Munich et accorde un peu moins de temps de jeu au Guadeloupéen dans son effectif. Mais il ne lui ferme pas la porte et l’invite même à poursuivre ses efforts. "C’est un jeune joueur d’avenir. Il faut qu’il poursuive comme ça", disait-il en novembre.

Impatient de montrer l’étendue de ses qualités, Mathys Tel ronge son frein et, en décembre, il décide contre l’avis de ses proches de s’engager en prêt avec le club de Tottenham en Angleterre. "Je suis jeune, j’avais besoin de rythme et de prendre de l’expérience", confie-t-il pour justifier son choix.

Dans cette équipe basée à Londres, il a retrouvé le temps de jeu qui lui faisait défaut, au plus grand bonheur de son sélectionneur chez les Bleuets Gérald Baticle. "Il joue beaucoup plus avec ce prêt, il montre son potentiel et son niveau de performance. Pour nous, c'est intéressant, car on le voit franchir les paliers".

"Je me mets en mode Guadeloupéen pur"

Malgré une ascension fulgurante, Mathys Tel n’oublie pas ses racines. Né en région parisienne, le jeune joueur essaye, dès qu’il le peut, de rentrer sur son île, la Guadeloupe. "Dès que je rentre, je me mets en mode Guadeloupéen pur, et je coupe avec le football ". Si beaucoup d’autres de ses collègues footballeurs s’adonnent à la pêche, lui préfère enfiler ses bottes et ses gants quand il est de passage sur son île. "J’essaye d’aider ma famille en allant dans les jardins etc.", souffle celui dont la famille est originaire de la ville de Port-Louis dans le nord de la Grande-Terre.

"La Guadeloupe, c'est très beau, mais ce n’est pas facile là-bas, constate-t-il. (...) C’est mon île, et je ferai tout pour les représenter". Grand amateur de football, il avoue suivre avec attention les matchs de la sélection de Guadeloupe. Actuellement sélectionné avec l’équipe de France espoirs pour préparer l’Euro 2025, Mathys Tel ne se fixe pas de limite et vise l’équipe de France A, un jour. "C’est un objectif, mais il faut rester juste", pousse celui qui prend pour modèle le grand Thierry Henry.