Gerald Darmanin et Bruno Le Maire en Nouvelle-Calédonie en fin de semaine pour parler avenir institutionnel et nickel

Gerald Darmanin et Bruno Le Maire en Nouvelle-Calédonie seront en Nouvelle-Calédonie pour parler avenir institutionnel et nickel.
Pour la cinquième fois en un an, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, se rend en Nouvelle-Calédonie, vendredi et samedi, afin d'échanger avec les partis locaux sur le futur statut du territoire. Il sera accompagné dans son déplacement par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances qui y sera de samedi à lundi dans le but d'évoquer l'avenir de l'industrie du nickel, pilier économique fragilisé de l'archipel du Pacifique sud.

La Nouvelle-Calédonie constitue une collectivité d'Outre-mer à "statut particulier", inscrit dans la Constitution, qui lui confère une très large autonomie. Un projet de texte sur le changement institutionnel, présenté à Paris début septembre, a fait l'objet de nombreux échanges entre l'État et les délégations indépendantistes et non-indépendantistes. 
Il doit être discuté plus formellement pendant cette visite de M. Darmanin, alors que l'État souhaite une réforme constitutionnelle début 2024.


Les négociations se feront cependant sans l'Union calédonienne (UC), principale composante du Front de libération kanak socialiste (FLNKS). Réunie en congrès mi-novembre, l'UC a confirmé son refus de discuter du document présenté par l'État, "inacceptable" pour elle, selon son président, Daniel Goa. L'UC souhaite toutefois poursuivre les discussions avec l'État, mais en bilatérale, et sur la base de son projet d'indépendance.

 Points d'achoppement 

Parmi les principaux points d'achoppement figurent le maintien d'un droit à l'autodétermination, mais aussi l'éventuel dégel du corps électoral aux élections provinciales, restreint depuis 1998 et dont l'ouverture à des arrivants récents pourrait bousculer les équilibres politiques.


L'autre grande composante du FLNKS, le Parti de libération Kanak (Palika) auquel appartient le président du gouvernement calédonien Louis Mapou, participe aux discussions. Mais le Palika peut difficilement signer d'engagement sans mandat du FLNKS. Or le congrès du front ne pourra avoir lieu avant fin décembre au mieux, comme le souhaite le Palika, voire en février-mars.

Aboutir à un accord sans l'Union calédonienne semble hypothétique


Le cabinet du ministère de l'Intérieur a d'ailleurs assuré à des journalistes que " l'objectif n'est pas de repartir avec un accord, ce n'est sans doute pas réaliste". Mais "c'est important que les discussions se poursuivent dans la perspective de conclure", a-t-il ajouté.
La situation semble toutefois moins bloquée qu'il y a encore quelques semaines. 
Le dialogue entre Calédoniens — au point mort depuis le référendum d'autodétermination contesté de décembre 2021 qui avait abouti à une victoire du "non" à l'indépendance —  a repris mi-novembre, à l'initiative du mouvement non-indépendantiste de la droite modérée Calédonie ensemble. 


L'UC y participe et échange également "avec des gens du Rassemblement-Les Républicains ou du groupe Les Loyalistes", a indiqué le premier vice-président de l'UC, Gilbert Tyuiénon, interrogé par l'AFP. Une amorce de dialogue rendue possible par l'élection au Sénat de l'indépendantiste Robert Xowie (UC), grâce à un accord de circonstance avec Le Rassemblement-Les Républicains.

La rentabilité des usines de nickel 

Du côté économique, "un des premiers enjeux est de restaurer la rentabilité des usines" de production de nickel, secteur premier pourvoyeur d'emplois et en cours de restructuration en Nouvelle-Calédonie, et en grande difficulté aujourd'hui, a indiqué le cabinet de Bruno Le Maire en amont du déplacement. Au terme d'une série d'entretiens et de visites, le ministre tiendra lundi une réunion avec le groupe de travail nickel, regroupant politiques et industriels. Ces derniers recevront "des propositions écrites", des "engagements que doivent prendre l'ensemble des parties prenantes pour résoudre la situation", selon le cabinet du ministre.


Aucune des trois usines métallurgiques n'est rentable et chacune est sous la menace d'une fermeture. Un scénario sérieusement envisagé par l'Inspection générale des finances dans un rapport sur le secteur rendu début juillet. Localement, un soutien de l'État est attendu. Pour le cabinet de Bruno Le Maire, " l'État est prêt à prendre sa part dans le projet, y compris sur le plan financier, mais ça nécessite d'abord de définir un modèle économique viable, car l'État ne subventionnera pas des modèles non productifs".

Il pourrait toutefois annoncer une aide à la transition énergétique, l'un des facteurs de surcoût du nickel calédonien étant sa forte dépendance aux énergies fossiles, fioul et charbon.