"Il ne faut pas dire que le chlordécone est cancérigène" : les scientifiques répondent à Emmanuel Macron

Luc Multigner, médecin épidémiologiste à l'Inserm
Les professeurs Luc Multigner et Pascal Blanchet ont répondu à Emmanuel Macron dans un communiqué publié le 2 février. Le président de la République avait remis en question le caractère cancérigène du chlordécone lors de la séquence Outre-mer du grand débat national.
Les propos d'Emmanuel Macron sur le caractère cancérigène du chlordécone continuent de faire réagir. Après les élus de Martinique et de Guadeloupe, c'est au tour des scientifiques de s'insurger. Dans un communiqué publié le 2 février, au lendemain du Grand débat national consacré aux maires d'Outre-mer, les professeurs Luc Multigner, directeur de recherches à l'INSERM et Pascal Blanchet, professeur à l'université des Antilles et chef du service urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, ont tenu à répondre au président de la République. Emmanuel Macron avait affirmé qu'il "ne faut pas dire que c'est cancérigène".
 

Rappel des travaux existants

Dans cette lettre, les deux scientifiques recensent les travaux effectués sur la dangerosité du chlordécone, ce pesticide utilisé pendant des années dans les bananeraies des Antilles et soupçonné d'être à l'origine de nombreuses maladies. "Nous tenons à rappeler des faits dûment vérifiables", commencent-ils ainsi, avant d'énumérer plusieurs études. Le chlordécone est classé comme cancérogène 2B par l'OMS, c'est-à-dire potentiellement cancérogène pour l'Homme. Même chose aux Etats-Unis et au niveau européen.

Pas de contradictions

Luc Multigner et Pascal Blanchet évoquent dans cette lettre des travaux réalisés en 2010 "qui montraient que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate". S'ils reconnaissent que leurs travaux ont pu "susciter de la controverse dans la communauté scientifique", les deux professeurs rappellent que les conclusions "n'ont pas été contredites".

Caractère cancérogène confirmé

Interrogé dans le journal télévisé de Martinique la 1ère, le directeur de l'INSERM réaffirme le caractère cancérigène du chlordécone. "On peut le dire de manière très officielle", affirme-t-il. Il déplore également dans cet entretien les "propos dédaigneux" tenus à l'égard du professeur Blanchet lors du grand débat du 1er février.

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Les propos du président de la République avait provoqué une vive émotion durant le débat. D'abord, l'intervention forte du maire de Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe, Joël Beaugeande. "Le petit médecin de campagne que je suis vous affirme que de nombreux Guadeloupéens et Martiniquais sont malades de la chlordécone et meurent quotidiennement", avait-il déclaré, ému, au Président.


La petite phrase d'Emmanuel Macron a ensuite donné lieu à un vif échange entre Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer et actuel sénateur de Guadeloupe. Retour sur l'opposition des élus de Martinique et de Guadeloupe face au président de la République :
 
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