"Il reste, au-delà des procédures de justice, que cet insecticide a contaminé les sols, les eaux, les cultures, les productions animales et plus graves encore, les corps", interpelle Dominique Théophile. L'insecticide dont fait référence le sénateur de Guadeloupe n'est d'autre que le chlordécone, ce pesticide interdit en France en 1990, mais qui a continué d'être utilisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993. Ce produit chimique a provoqué une pollution importante et durable sur les deux îles.
Dominique Théophile pointe "des conséquences terribles" sur les habitants des Antilles, notamment en termes de santé. "Le lien entre le cancer de la prostate et une surexposition au chlordécone a été récemment établie", rappelle le sénateur.
Les femmes, elles aussi, ne pourraient ne pas être épargnées. Si le lien entre le cancer du sein et la molécule n'a pas été formellement établie, il n'en demeure pas moins que la précocité de l'incidence interroge.
Dominique Théophile
Le sénateur de Guadeloupe propose "deux pistes" pour améliorer la prise en charge et le dépistage des cancers :
- Pour les hommes de plus de 45 ans, "un dépistage organisé […] aurait pour effet d’augmenter la démarche de prévention et permettrait de mieux recourir à d’autres examens."
- Pour les femmes, "il conviendrait d’abaisser l’âge cible du dépistage organisé du cancer du sein pour offrir aux Guadeloupéennes et aux Martiniquaises les mêmes chances que dans l’Hexagone."
"Nous devons continuer à faire mieux"
La ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq rejoint l'avis du sénateur. Elle précise que des "rendez-vous de prévention vont être mis en place pour la population en général", en plus des actions renforcées de sensibilisations déjà présentes sur les territoires.
"Ces rendez-vous de prévention des âges de 40-45 ans et 60-65 ans vont permettre d'aborder avec les patients le dépistage des cancers, ceux de la prostate et ceux du sein", détaille Geneviève Darrieussecq.
"Nous devons continuer à faire mieux [...]. Nous allons renforcer la recherche dans le domaine des dépistages pour requestionner les bornes d'âges des dépistages organisés et proposer des recommandations pour les personnes qui n'en relèveraient pas", termine la ministre.
Aux Antilles, l'impact du chlordécone fait toujours l'objet de recherche. Dernièrement, un rapport parlementaire a signalé le manque de connaissances scientifiques sur le produit au niveau de la santé, de l'environnement ou encore sur les solutions possibles.