"La ville [de Saint-Laurent-du-Maroni] est ouverte, livrée, à tous les trafics : armes, drogue, mais aussi immigration illégale... Une situation indigne de notre République." Devant ses collègues sénateurs, l'élu guyanais Georges Patient (du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, RDPI) a tiré la sonnette d'alarme mercredi 23 octobre sur la situation délicate dans laquelle se trouve la commune située dans l'Ouest de la Guyane.
Depuis plusieurs mois, Saint-Laurent-du-Maroni connaît une flambée de la délinquance et des trafics en tout genre, rendant la vie insupportable pour ses habitants. La Guyane est un des départements les plus criminogènes de France : on y compte 20 homicides pour 100.000 habitants, soit cinq fois plus que les Bouches-du-Rhône, pourtant en proie aux guerres de bandes.
Des gendarmes pris pour cible
La situation s'est tendue au début du mois d'octobre avec l'attaque contre des gendarmes intervenant après une fusillade dans la commune de l'Ouest guyanais. Dans l'enceinte du Sénat, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a fait applaudir les forces de l'ordre engagées pour assurer la sécurité des habitants, reconnaissant l'ampleur de la tâche. Depuis le début de l'année, 42 meurtres ont été commis dans le territoire d'Outre-mer.
Pour faire face à cette insécurité, le sénateur Georges Patient a réclamé le retour des deux escadrons de gendarmerie déployés dans le cadre de l'opération place nette lancée au mois d'avril par Gérald Darmanin. Mais ces renforts ont dû retourner dans l'Hexagone pour les Jeux Olympiques.
Bruno Retailleau a cependant indiqué qu'en concertation avec le Premier ministre Michel Barnier, ces forces de l'ordre supplémentaires seraient renvoyées en Guyane prochainement. Ces derniers jours, l'antenne locale du GIGN a par ailleurs obtenu des renforts. Un peloton d’intervention de la Garde républicaine est aussi arrivé à Saint-Laurent-du-Maroni pour appuyer les forces locales.
Contrôle des frontières
Au-delà des renforts temporaires, le ministre de l'Intérieur a également annoncé le renforcement des contrôles sur le Maroni, fleuve qui sépare la Guyane du Suriname voisin et qui est une véritable "passoire" aux dires de Bruno Retailleau. "Nous allons mieux contrôler les frontières", a-t-il promis. Pour cela, il compte rétablir "le contrôle des accostages des bateaux sur le port" et utiliser des drones pour surveiller de manière "permanente" la frontière.
"Comptez sur nous pour ne pas laisser dériver la violence dans votre territoire, nous sommes très attentifs", a assuré le locataire de la place Beauvau au sénateur Georges Patient. Face à la situation de crise dans son département, ce dernier a soulevé la question : "Après Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Martinique... La Guyane sera-t-elle le prochain brûlot de l'Empire ?"