Jean-Marc Vigilant : "Dans l’armée, je n’ai pas souffert du racisme" #MaParole

Le Général Jean-Marc Vigilant est l'invité de #MaParole
Il a explosé le plafond de verre. Le général Vigilant d'origine martiniquaise a pris la direction de l’Ecole de guerre en juillet 2020. Pour ce pilote au CV long comme le bras pour qui "rien n’est impossible", c’est juste le fruit du travail. Son parcours exceptionnel dans #MaParole.

Né à Châlons-en-Champagne, le général Vigilant pourrait écrire un guide sur les villes de garnison en France. Il en a écumé quelques-unes, à commencer par Saint-Maixent l’Ecole, où il a grandi entouré d’un père sous-officier et d’une mère infirmière. Mais sa vie de militaire l'a emmené aux quatre coins de la planète. Aujourd'hui, le général Vigilant, directeur de l'Ecole de guerre totalise 3000 heures de vol et 90 missions de guerre.

 

#1 Vocation pour l'aviation

De son enfance à Saint-Maixent, le futur pilote militaire se souvient de sa passion pour les avions. Il passait son temps à construire des maquettes. Et à l’âge de 9 ans, un voyage en Martinique l'a émerveillé. Il a passé une bonne partie du vol en compagnie du pilote dans le cockpit à lui poser des questions sur le Boeing 747 et son maniement. A l’arrivée, il aurait déclaré à ses parents : "Je veux être pilote". Par la suite, Jean-Marc Vigilant s’est renseigné en allant trouver une conseillère d’orientation. Très encourageante, elle lui avait déclaré que c’était impossible pour lui de devenir pilote. "J’ai rayé le mot impossible de mon vocabulaire", s’amuse aujourd’hui le général. A force de travail et de ténacité, aidé par un soutien sans faille de sa famille, Jean-Marc Vigilant a persévéré. Il s’est inscrit en classe préparatoire en sciences physique, a souffert en mathématiques et a fini par passer brillamment le concours de l’Ecole de l’air à Salon-de-Provence, la grande école d’officiers pilotes et d’ingénieurs.

 

#2 De Cambrai à Norfolk

Une fois le brevet de pilote obtenu en 1990, l’officier Vigilant a commencé sa carrière à Cambrai, dans le Nord. "C’était comme dans le film, Bienvenue chez les Ch'tis, à l’arrivée on pleure, mais quand on repart, on pleure aussi", dit-il. Cette mutation lui avait été vivement conseillée par l’un de ses instructeurs à l’Ecole de l’air. A Cambrai, il devait surveiller le ciel et parfois décoller en quelques minutes pour intercepter un avion suspect. Muté ensuite à Reims, il a dirigé une escadrille et s’est perfectionné dans le pilotage des mirages. Il a tellement maitrisé l’avion de chasse qu’on l’a envoyé à Mont-de-Marsan pour former à son tour des pilotes. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à préparer le concours de l’Ecole de guerre. La meilleure formation pour devenir chef dans l'armée.

Une fois le concours réussi, Jean-Marc Vigilant a choisi de partir étudier à l’Ecole de guerre en Espagne. Un pari audacieux qui s’est révélé payant. En matière militaire, le fait de connaître ses alliés semble être un atout précieux. Après l’Ecole de guerre, l’officier Vigilant a été muté à nouveau à Reims où il a dirigé un escadron. Et puis direction Paris où il a commencé à rédiger des notes sur les opérations en cours de l’armée française pour la ministre de la Défense de l’époque, à savoir Michelle Alliot-Marie. Deux ans après, en 2007 retour en Espagne. Jean-Marc Vigilant a alors travaillé pour le ministère de la Défense espagnole. A l'époque, l'armée était dirigée pour la première fois par une femme ministre, Carme Chacón. Après cette expérience, l'officier a été nommé directeur de la base aérienne de Dijon qui a été impliqué dans l’opération Harmattan en Libye.

Le général Vigilant (à gauche) à la rencontre des militaires d'une base aérienne de l'Opération Chammal en Jordanie, en septembre 2018

 

#3 Ecole de guerre

En 2012, Jean-Marc Vigilant a suivi l'enseignement du collège de l'OTAN à Rome pour comprendre les arcanes de l’OTAN. Grâce à cet apprentissage, l’officier est devenu directeur du cabinet du général français en poste au siège américain de l’OTAN à Norfolk aux Etats-Unis. A l’issue de cette mission, l’officier Vigilant s’est envolé pour l’Irak. De 2018 à 2019, en tant que représentant pour la France dans l’opération CHAMMAL, il a supervisé l’emploi des forces françaises sous commandement américain au Levant. Il a vécu les dernières heures de Daech. C’est à ce moment-là, alors qu’il était en opération en Arabie Saoudite, qu’il a passé un entretien en visioconférence pour devenir directeur de l’Ecole de guerre.

En juillet 2020, le général Vigilant a été nommé directeur de cette école très prestigieuse. Il est à ce jour le premier homme noir à la diriger. Le Figaro, le Journal du dimanche, Libération et Outre-mer la 1ère ont alors fait de longs portraits de lui. Le général Vigilant ne se voit pas comme un symbole. Son parcours est la suite logique de son travail, dit-il. Il se souvient qu’après cette couverture médiatique inhabituel pour un militaire, des amis, des camarades de promotion lui avaient dit "qu’ils avaient réalisé à ce moment-là qu‘il était noir". Aujourd'hui à la tête l’Ecole de guerre, le général plaide avec conviction pour une féminisation de l’armée. Il a même signé une tribune à ce sujet dans Le Monde. L’armée doit, selon lui, devenir de plus en plus représentative de la population française.  

 

Le général Jean-Marc Vigilant (au centre) sera le nouveau directeur de l’Ecole de guerre à partir de juillet 2020

 

A la prise de son : Diane Koné

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♦♦ Jean-Marc Vigilant en 5 dates ♦♦♦

26 février 1967

Naissance à Châlons-en-Champagne

1990

Brevet de pilote de chasse

2000

Réussit le concours de l'Ecole de guerre

2015

Directeur de cabinet du Commandant allié suprême pour la Transformation à Norfolk (Etats-Unis)

27 juillet 2020

Directeur de l'Ecole de guerre