"J'ai toujours été très aquatique", aime à répéter Laurent Chardard. Grand passionné de surf, c'est dans les vagues de son île natale, La Réunion, qu'il perd son bras et sa jambe droite après avoir été happé par un requin en 2016. Amputé, il refuse d'arrêter le sport et se lance dans la para natation. Jeudi 5 septembre, devant un public excité et sous les yeux d'une partie de sa famille, le Réunionnais a, une nouvelle fois, prouvé qu'il était fait pour l'eau. En parcourant l'immense piscine paralympique de Paris La Défense Arena en 1'05"28, Laurent Chardard a fini troisième de la finale du 100 m nage libre, catégorie S6. Distancé par l'Italien Antonio Fantin, qui finit premier, le Français a été au coude-à-coude avec le Brésilien Talisson Henrique Glock, qui finit un centième de seconde avant lui (1'05"27).
Cette dernière course individuelle des Jeux Paralympiques de Paris 2024 vient clôturer une semaine parfaite pour le natif de Saint-Pierre. Mardi, en fin de journée, le jeune homme de 29 ans marquait l'histoire et sa carrière en remportant sa toute première médaille paralympique sur sa discipline de cœur, le 50 m papillon, dont il est double champion du monde. Troisième en finale, il a fièrement brandi sa breloque en bronze avec le drapeau de La Réunion sur les épaules devant des milliers de spectateurs.
Quand on nage, on ne se rend pas forcément compte parce qu'on est concentré sur la course. Mais quand on est sur le podium, la pression est redescendue donc on peut vraiment profiter [du public] et regarder tout autour. C'est tout un stade qui crie notre nom. C'est énorme !
Laurent Chardard, nageur médaillé paralympique aux Jeux de Paris 2024
Viser l'or
Pourtant, comme tout grand compétiteur, difficile de satisfaire le nageur. "Il y avait une autre médaille qui était atteignable", estime-t-il. Que ce soit sur le 50 m papillon ou le 100 m nage libre, Laurent Chardard veut exceller et monter sur la plus haute marche du podium.
Sur le 100 m nage libre, sa bête noire s'appelle Antonio Fantin, un Italien de 23 ans, grand champion de la discipline. C'est déjà lui qui avait remporté l'or à Tokyo, pour ses premiers Jeux (Laurent Chardard avait fini à une décevante 7ᵉ place). Jeudi matin, pour les séries du 100 m nage libre S6, le jeune prodige de la para natation italienne a même battu le record paralympique, devenu 1'03"67. En finale, l'Italien a encore assuré : 1'03"12, nouveau record paralympique, et nouvelle médaille d'or.
Rescapé de l'attaque de requin qui lui a coûté deux membres, Laurent Chardard peut dorénavant apprécier ses deux médailles paralympiques qui manquaient cruellement à son palmarès. Il sera sans conteste une des stars des bassins aux prochains championnats du monde de natation handisport, prévus en septembre 2025 à Singapour. Avec en ligne de mire 2028 et les Jeux de Los Angeles. Pas le choix, cette fois-ci : il voudra l'or paralympique.