L'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé et son mari Richard Philcox en lice pour le prix International Booker Prize

L'écrivaine guadeloupéenne et ancienne professeure de littérature Maryse Condé.
L'ancienne professeure de littérature et son époux ont été nommés pour l'écriture et la traduction de "L'Évangile du nouveau monde", paru en 2021. Les lauréats seront annoncés le 23 mai à Londres.

Un peu plus de 50 ans après la publication de son premier livre (la pièce de théâtre Dieu nous l'a donné, en 1972), l'œuvre de Maryse Condé attise une nouvelle fois la curiosité de la scène littéraire internationale. La fondation Booker Prize a annoncé le 14 mars que son dernier roman L'Évangile du nouveau monde (Buchet Chastel, 2021) faisait partie de la liste des treize ouvrages nommés pour l'International Booker Prize. Cette récompense britannique prestigieuse célèbre une œuvre étrangère traduite et publiée au Royaume-Uni ou en Irlande. "Je suis très fière et heureuse", a réagi Maryse Condé auprès d'Outre-mer La 1ère.

Naïvement, je pense à ma mère, qui aurait été comblée. Je pense aussi à mon mari et traducteur, qui m'a fait connaître au monde anglophone. Je pense aussi à mes enfants, mes petits-enfants et arrières-petits-enfants.

Maryse Condé, à Outre-mer La 1ère

"Maryse Condé est l'une des plus grandes auteures francophones et une grande voix de la Caraïbe", soulignent les membres du jury (présidé par la Française Leïla Slimani) pour justifier la sélection de l'artiste guadeloupéenne. Son mari, le Britannique Richard Philcox, est également nommé, au titre de la traduction du livre.

Le roman de Maryse Condé "L'Évangile du nouveau monde" (2021) a été traduit en anglais par son mari, Richard Philcox.

Dans ce livre, elle prouve à nouveau à quel point elle est une conteuse douée. La narration est vivante et fluide, et on se sent emporté par cette histoire comme on l'est par les fables de notre enfance.

Membres du jury de l'International Booker Prize

Chez elle dans le monde

À 89 ans, Marysé Condé, née à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, est aujourd'hui une auteure mondialement reconnue. Toute sa carrière, elle s'est évertuée à placer la Caraïbe au cœur de ses écrits. Son œuvre la plus célèbre est sans aucun doute Moi, Tituba sorcière (1986). Récemment, elle a été mise à l'honneur dans un long article du célèbre quotidien américain The New York Times titré Maryse Condé, at Home in the World ("Marysé Condé, chez elle dans le monde").

Dans son dernier roman, qui lui a valu cette nomination à l'International Booker Prize, la romancière guadeloupéenne transpose la vie de Jésus aux Antilles. Affaiblie par un AVC et par les années, Maryse Condé disait à Outre-mer La 1ère en 2021 qu'il s'agissait très certainement de son ultime ouvrage. "Je n’écrirais plus. C’est trop dur et trop compliqué", reconnaissait-elle. "[Dans L'Évangile du nouveau monde], je voulais résumer un peu mes luttes et mes échecs et mettre les deux en parallèle."

Multi-récompensée pour ses écrits – elle a été lauréate du Prix Carbet de la Caraïbe en 1997, du Grand prix du roman métis en 2010, du Prix mondial Cino del Duca en 2021 –, Maryse Condé avait déjà été nommée pour l'International Booker Prize en 2015, sans l'emporter. Son dernier prix remonte à 2018, lorsqu'elle a reçu le premier Nobel "alternatif" de la littérature. "Tous les prix pour lesquels j'ai été nominée ou que j'ai reçus proviennent de l'étranger, remarque-t-elle. Jamais la France ne m'a honorée ainsi."

Le 18 avril, le jury annoncera les six ouvrages retenus pour la finale. Les lauréats seront annoncés le 23 mai, lors d'une cérémonie à Londres.