L'Îlothentik, un restaurant-snack familial aux saveurs péi [Une semaine à Montpellier]

Fabrice et Chloé Bègue sont les gérants du restaurant-snack réunionnais L'Îlothentik, à Montpellier.
À l'occasion du carnaval antillais de Montpellier du 23 au 25 février, Outre-mer La 1ère est allée à la rencontre de la communauté ultramarine dans la ville de l'Hérault, située dans le sud de l'Hexagone. Parmi elle, deux Réunionnais, un père et sa fille, à la tête d'un restaurant-épicerie qui propose 100 % de plats de La Réunion.

"Ici nou koz kréol", annonce le paillasson placé devant l'entrée du petit restaurant coincé entre une boutique de robes de mariées et un salon de coiffure sur le parking de la Foir'Fouille. Fabrice et Chloé Bègue nous accueillent chaleureusement, tandis qu'une enceinte diffuse de la musique réunionnaise. Bienvenue à La Réunion... Ou plutôt, bienvenue à L'Îlothentik, une sorte d'enclave réunionnaise au cœur de Montpellier.

Fabrice et Chloé sont père et fille. Avant d'arriver dans l'Hexagone en 2018, l'un travaillait dans le bâtiment, l'autre était étudiante en BTS management. Si Fabrice a quitté son île avec sa famille, "c'était pour découvrir autre chose, explique-t-il. On tournait un peu en rond [à La Réunion]".

Mais s'installer à près de 9 000 km de son département implique de renoncer à de nombreuses choses. Et en premier lieu : à la nourriture. À Montpellier, difficile de retrouver le boucané de gramoune, le pain bouchon, les caris... "Les pains me manquaient beaucoup", avoue Chloé Bègue, 25 ans. D'où l'idée, avec son père, de lancer un restaurant où ils pourraient recréer les saveurs et l'ambiance péi. En 2019, L'Îlothentik ouvre ses portes.

Saveurs et ambiance de La Réunion

"Le concept est un petit peu particulier parce que ce n'est pas que de la restauration. Je fais aussi du snack (sandwichs, pains bouchons, pains gratinés...). À côté de ça, il y a un côté charcuterie et un côté épicerie, qui permet d'apporter un petit plus aux Réunionnais qui ont besoin de retrouver les saveurs perdues quand ils ont quitté La Réunion", liste Fabrice Bègue, 45 ans, qui a grandi à Saint-André.

L'Îlothentik propose du cari poulet, du boucané, du cassoulet créole...

Le restaurant-snack propose des samoussas, des accras, des beignets...

Dans l'espace cuisine, ouvert sur la salle de restauration où est attablée une quinzaine de personnes, Chloé Bègue s'active à recharger les différents bacs de nourriture. Ici du cari poulet. Là du cassoulet créole. Un peu plus loin, du poulet trois merveilles... Travailler ici, "ça réchauffe le cœur", dit-elle.

Et l'estomac aussi. Laurie, une jeune Réunionnaise de 26 ans, qui vit dans l'Hexagone depuis sept ans, fait la queue derrière le comptoir. Comme une à deux fois par mois, elle vient récupérer son repas à emporter dans le restaurant de la famille Bègue. Elle repartira avec un poulet trois merveilles et un boucané patates. "Je retrouve les saveurs, l'ambiance et l'accueil de La Réunion", sourit-elle.

Produits importés

De l'autre côté du restaurant, les deux associés ont aménagé quelques étagères sur lesquelles s'alignent des dizaines de conserves de haricots (rouges, rosés, blancs). Il y a aussi des bouteilles de rhum Metiss, des sacs de pois du Cap, de l'eau de Cilaos, et une dizaine d'autres produits de La Réunion.

Toutes ces denrées, ils les achètent auprès d'un fournisseur installé dans l'Hexagone qui importe directement depuis l'île de l'Océan Indien. Pareil pour la charcuterie, qui est faite par La Maison Robert, installée dans l'Aude, à 1h30 de Montpellier. "Tout est fait en laboratoire avec les épices de La Réunion", explique Chloé. Mais l'inconvénient de proposer des produits venant d'aussi loin, c'est que la rupture de stock guette. Dans le stand de viande, les boudins et saucisses se comptent sur les doigts de la main.

Un coin épicerie propose du Rhum de La Réunion.


Les coûts d'importation sont répercutés sur les prix de vente. 25,90 €/kg pour du cari poulet, du rougail saucisse ou du cassoulet créole au porc. Mais "il y a de la demande malgré tout", relativise Fabrice Bègue.

Après avoir passé avec plus ou moins de difficultés la crise des Gilets Jaunes (2018-2019) et celle du Covid (2020-2022), L'Îlothentik "a tenu bon". La famille a même pu s'élargir : derrière les fourneaux, Bruno, 19 ans, prépare un massalé de thon. Depuis quatre mois, ce jeune Réunionnais est apprenti dans le restaurant-snack de la famille Bègue. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans l'Hexagone. Et en cuisine, il faut dire qu'il n'est pas trop dépaysé.

Retrouvez la rencontre avec Fabrice Bègue dans ce module vidéo réalisé par Carl Behary-Laul-Sirder :

Une semaine à Montpellier : L'îlothentik ©Carl Behary-Laul-Sirder / Quentin Menu

  • "Une semaine à Montpellier"

Le samedi 25 février, La1ere.fr vous proposera de vivre en direct le carnaval antillais de Montpellier, l'un des plus importants de France hexagonale. En prélude à ce rendez-vous, nous vous proposons toute cette semaine une série de rencontres avec des Ultramarins de Montpellier et sa région. Ces rencontres et portraits sont à découvrir en cliquant ici.