Léa Mormin Chauvac enquête sur la vie puis l'oubli des sœurs Nardal

Jeune journaliste martiniquaise, Léa Mormin Chauvac retrace les parcours des 7 sœurs Nardal et plus particulièrement ceux de Jeanne et Paulette, femmes de lettres installées à Paris dans les années 20. La jeune autrice cherche à comprendre pourquoi ces femmes ont été éclipsées et oubliées de la mémoire martiniquaise.

Paulette, Émilie, Alice, Jane, Cécile, Lucie et Andrée Nardal : sept sœurs, femmes de lettres et musiciennes, originaires de la Martinique. Paulette et Jane font partie des premières femmes noires à entrer à la Sorbonne dans les années 1920.

Elles créent le "salon littéraire de Clamart". Paulette contribue à fonder "La Revue du monde noir" tandis que ses sœurs écrivent des articles engagés et universalistes. Pourquoi les sœurs Nardal ont-elles été gommées de l’histoire militante au profit d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor ? Quelles dissensions les opposaient ?  

De Fort-de-France à Paris, en passant par l’Angleterre et les États-Unis, où Paulette fut députée à l’ONU, Léa Mormin-Chauvac retrace leur vie. Si leur rôle commence à être reconnu, un long chemin reste encore à parcourir pour leur réhabilitation. Ce livre y participe, rendant hommage à ces femmes, symboles des luttes féministes et antiracistes. La préface est signée Alain Mabanckou.  

L'autrice 

Léa Mormin-Chauvac est née en 1993 à Aix-en-Provence. Cette journaliste, est également membre du comité éditorial du trimestriel féministe "La Déferlante". Après un passage par Libération et France Culture, elle a coécrit une bande dessinée sur les sœurs Nardal. Elle est également coauteure du documentaire "Les Sœurs Nardal, les oubliées de la négritude" diffusé en 2023 sur France 5.  

Lecture d'un extrait 

"Si Césaire admettait que "La Revue du monde noir " constituait un progrès grâce à son évocation du monde nègre, il la jugeait superficielle et trouvait ses animateurs "mondains" et "salonnards". C'est pour cela que le compatriote des sœurs Nardal, tout en les connaissant très bien de son propre aveu, ne reconnut jamais leur apport, qu'il jugeait mineur. "Il est indispensable d'analyser cette revue pour mettre en lumière toute la dette de Césaire à son égard, bien qu'il en minimise l'importance", écrit pourtant son biographe. Paulette Nardal, elle, l'affirmait clairement: "Nos idées ont été reprises par Césaire et Senghor et dépassées et symbolisées par la notion de négritude". 

En plus de la misogynie de leurs contemporains, la reconnaissance dont auraient pu bénéficier les sœurs Nardal de leur vivant a pâti d'un manque d'archive, la matière première des historiens et historiennes." 

Les sœurs Nardal de Léa Mornin-Chauvac

♦ Pour aller plus loin 

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Illustrations : The last Kamit
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