Les enfants dits de la Creuse signent la première pétition européenne contre la maltraitance des enfants

Elisabeth Rabesandratana appelle à signer la pétition européenne contre la maltraitance des enfants.
Mercredi à Paris, des représentants des instances européennes, d’associations et d’ONG de protection de l’enfance ainsi que des survivants d’abus étaient rassemblés pour signer et lancer la première pétition européenne pour mettre fin à la maltraitance infantile. Parmi eux, les représentants des enfants dits de la Creuse.

Ils viennent d'Allemagne, d'Espagne ou encore de Suède et font tous partis du mouvement européen de protection de l'enfance Justice Initiative, parmi eux les représentants des enfants dits de la Creuse. À la tribune de la salle Victor Hugo de l’Assemblée nationale à Paris, ils se sont rassemblés pour lancer la première pétition européenne pour mettre fin à la maltraitance des enfants, avec une attention particulière sur les contenus en ligne. L’Europe héberge en effet 62 % des contenus pédocriminels sur internet dans le monde, énonce Mié Kohiyama, victime et co-fondatrice du mouvement BeBrave en France. La pétition demande donc des contrôles plus nombreux et une vigilance plus intransigeante sur le contenu des plateformes. "C’est la forme moderne des abus de toutes sortes, en partie sexuels sur les enfants" estime Elisabeth Rabesandratana, présidente de la branche française de Justice Initiative.

Elisabeth Rabesandratana est également l’avocate des enfants réunionnais dits de la Creuse, déracinés de la Réunion vers l’Hexagone entre 1962 et 1984. De nombreuses victimes de ce déracinement étaient d’ailleurs présentes, dont leur représentante Valérie Andanson. "Tout ce qui s’est passé ici reflète avec mon histoire personnelle puisque je suis une victime comme beaucoup d’enfants dits de la Creuse. Notre fédération aujourd’hui veut absolument ouvrir le combat afin de lutter contre tous les abus envers les enfants. Que nos parcours de vie puissent servir à la génération actuelle et future."

Elisabeth Rabesandratana signe la pétition européenne contre la maltraitance des enfants.

"Le début du changement"

"Ça ne pourra jamais soigner totalement les blessures qui ont pu être faites" lance Laura aux côtés de sa sœur Sabrina. Les deux jeunes femmes sont venues soutenir leur mère, née à la Réunion et emmenée en Bretagne dans les années 1970. "Le fait de voir cette association et de voir l’ampleur que ça commence à prendre, c’est gratifiant, poursuit Sabrina. C’est le début du changement !"

Si la faute morale de l’État a été reconnue dans l'affaire des enfants dits de la Creuse, c’est désormais la phase de mémoire et d’informations qui est à l’œuvre. "Nous avons maintenant l’Europe, ajoute Valérie Andanson. Et ça, c'est très important, parce que je crois qu’aujourd’hui les pays d’Europe vont s’associer pour parler d’une seule voix et c’est ensemble qu’on va réussir et c’est ensemble qu’on va avancer". Désormais installée à la Réunion, où elle a pu renouer avec ses racines, Valérie Andanson espère bien toucher tous les territoires ultramarins.

Vers un lieu de mémoire dans la Creuse 

La fédération des victimes et le ministère des Outre-mer travaillent ensemble à la création d’un lieu de mémoire et de recherches sur cet épisode dramatique de l’histoire. "Il est vraiment important qu’il y ait un lieu en France avec des historiens, des militants, avec des bénévoles pour pouvoir travailler sur ces questions, estime Jean-Laurent Lastelle, conseiller au ministère délégué aux Outre-mer. Ce centre sera un jour construit. Je pense qu’il y a encore besoin de lumière universitaire et de recherches historiques.". Des financeurs ont déjà été trouvés comme la région Nouvelle Aquitaine, annonce Elisabeth Rabesandratana "Symboliquement, on veut que ce centre soit à Guéret (Creuse), estime la présidente française de Justice Initiative. Il faudra trouver les moyens pour relier Guéret à l’ensemble de la France et de l’Europe. Ces enfants tous petits venant de la Réunion montrent l’exemple, et finalement, ils donnent l’impulsion. Et je pense que ce centre doit se faire dans un cadre européen."