"Les jours à venir sont très préoccupants" : l'État s'organise pour venir en aide à Mayotte, dévastée par le cyclone Chido

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et François Bayrou, Premier ministre, lors de la cellule de crise interministérielle après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 14 décembre 2024.
Le Premier ministre François Bayrou a réuni une cellule de crise interministérielle samedi soir, à Paris, pour évoquer les dégâts liés au passage du cyclone Chido à Mayotte. Des renforts vont être dépêchés sur l'île, alors que l'on s'attend à un bilan très lourd.

La situation est catastrophique. Au moins deux morts, des dégâts matériels sans précédent, et tout à reconstruire. Sans compter les problèmes d'approvisionnement en eau et en nourriture, qui vont bientôt surgir. Samedi 14 décembre, Mayotte a été durement frappé par le cyclone Chido, "le plus dévastateur et le plus violent" qu'ait connu l'archipel depuis 1934, a indiqué le préfet du territoire. Face à la situation, le nouveau Premier ministre François Bayrou a réuni une cellule de crise interministérielle dans la soirée au ministère de l'Intérieur.

"Les jours à venir sont préoccupants", a dit le locataire de Matignon, à l'issue d'une longue réunion autour de 13 ministres du gouvernement Barnier, toujours en place jusqu'à la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale. Le cyclone a été "d'une violence inattendue", a souligné François Bayrou. Avant de s'éclipser, il a assuré les Mahorais du soutien de l'État.

Un bilan potentiellement très lourd

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a ensuite pris la parole pour faire le point sur la situation à Mayotte, toujours en vigilance rouge malgré l'éloignement du cyclone. Sur le bilan humain, les autorités estiment qu'il est encore trop tôt pour donner des chiffres. Dans l'après-midi, l'AFP a appris la mort d'au moins deux personnes à Petite-Terre. Mais, face à la violence de la tempête, le bilan pourrait être bien plus lourd.

Notamment parce que "l'habitat précaire a été entièrement détruit", a annoncé le ministre démissionnaire de l'Intérieur. Les bidonvilles, très nombreux à Mayotte, ont été balayés par les vents violents et emportés par les glissements de terrain engendrés par la pluie. 

C'est une situation qui est dramatique. L'ensemble des services de l'État [est mobilisé] pour porter secours à nos compatriotes mahorais.

Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l'Intérieur

Sur place, de nombreux équipements ont été détruits ou endommagés. C'est le cas de l'aéroport de Dzaoudzi, à Petite-Terre, dont la tour de contrôle a subi de gros dégâts, rendant la réouverture impossible. Cependant, la piste n'a pas été trop endommagée, et pourra donc être utilisée pour les vols de secours, qui devraient commencer à arriver dans les prochaines heures.

Le toit de la tour de contrôle arraché au passage de Chido

De l'aide doit partir de l'Hexagone pour Mayotte dès dimanche, avait annoncé plus tôt dans la journée Bruno Retailleau. 140 personnels militaires de la sécurité civile et sapeur-pompiers vont apporter leur aide aux 110 déjà sur place. Par ailleurs, un avion militaire doit acheminer du fret humanitaire. Un hélicoptère et un navire militaire doivent aussi être dépêchés sur place. Le ministre démissionnaire de l'Intérieur a annoncé qu'un pont aérien entre Mayotte et La Réunion allait être ouvert pour permettre le ravitaillement du département. 

Les bâtiments publics réquisitionnés

L'hôpital a aussi été gravement endommagé. Plusieurs services ont été inondés. L'électricité a longtemps été coupée, rendant la prise en charge des blessés impossible, avant d'être rétablie, samedi, en fin de journée. Un hôpital de campagne sera mis en place prochainement pour appuyer les équipes du Centre hospitalier de Mayotte.

Par ailleurs, "jusqu'à mercredi, il va y avoir cinq vagues successives de renfort de la sécurité civile", a indiqué Bruno Retailleau.  En tout, 800 personnes seront envoyées sur le territoire dévasté, en plus de 210 personnels médicaux.

Si des mesures d'urgence sont prises pour venir en aide le plus rapidement aux Mahorais et Mahoraises, des questions se posent sur le moyen et le long-terme. Lors de la réunion de crise, les membres du gouvernement ont souligné qu'il va falloir assurer l'approvisionnement en nourriture et en eau des sinistrés et des renforts, ainsi que les loger, alors même que des milliers d'habitats sont désormais invivables. Des bâtiments publics, comme les établissements scolaires, seront réquisitionnés, a précisé le ministre démissionnaire de l'Intérieur.

La cellule de crise interministérielle se réunira deux fois par jour pour suivre la situation et organiser les secours. "L'île est dévastée", a redit Bruno Retailleau, qui devrait se rendre à Mayotte dans les prochains jours, accompagné du ministre démissionnaire des Outre-mer, François-Noël Buffet. À ses côtés, le secrétaire d'État à la Francophonie et aux Partenariats internationaux Thani Mohamed Soilihi, originaire de Mayotte, écoutait attentivement les annonces. Depuis le passage du cyclone Chido, il n'a plus de nouvelles de sa famille.