L'écart des horaires de départ entre chaque catégorie de voiliers devait être d'une dizaine de minutes, elle sera finalement d'une dizaine de jours. À cause de la tempête Ciaran, seul les Ultim, ces géants des mers de 32 m de long, ont réellement entamé la Transat Jacques Vabre le jour prévu, le dimanche 29 octobre.
Les autres catégories sont réparties entre deux ports de la côte Ouest : les Ocean Fifty (multicoques de 15 m) et les Class 40 (monocoques de 12 m) avaient aussi pris le départ dimanche dernier du Havre mais se sont abrités à la base nautique de Lorient (Morbihan) pour éviter la tempête.
Les 40 Imoca, les monocoques de 18 m qui font le Vendée Globe, n'ont pas bougé du Havre (Seine-Maritime). On fait le point sur le futur départ et la situation de nos skippers ultramarins pour qui il y a déjà eu un peu de casse.
Un départ mardi ?
À l'issue d'une réunion entre les équipes et l'organisation ce jeudi en fin d'après-midi, la date de la libération des Imoca a encore été repoussée. "La possibilité évoquée (mercredi) de voir s'élancer les Imoca dimanche est désormais exclue, notamment à cause du renforcement du vent de secteur ouest, très impactant au large du Havre", a expliqué le directeur de course Francis Le Goff.
L'organisation a précisé qu'elle travaillait désormais "sur un scénario de départ dont une première option serait mardi en tout début de matinée". Un départ le mardi 7 novembre est aussi ce qui semble se dessiner pour les Ocean Fifty et les Class 40, sous réserve des conditions météo.
Car si la tempête Ciaran a quitté la Bretagne, une nouvelle arrive ce weekend sur les côtes françaises : Domingos. "Sur certains départements de la façade atlantique [...], une évolution vers une vigilance orange ("Vent") est très probable", a indiqué Météo France. Si Domingos devrait être moins puissant que Ciaran, il faudra malgré tout rester prudent.
Lagravière et Seguin dans l'attente
Bien que moins puissante au Havre qu'à Lorient, Ciaran a montré sa force avec des rafales à plus de 110 km/h qui ont balayé le port normand de mercredi à jeudi, générant d'imposantes gerbes d'eau qui frappaient les coques et les ponts des 40 bateaux encore amarrés.
Parmi les skippers bloqués, le Réunionnais Morgan Lagravière (For People), vainqueur de la dernière édition en 2021, et le Guadeloupéen Damien Seguin. Ce dernier a d'ailleurs posté ce jeudi sur Twitter une vidéo depuis son bateau Groupe Apicil où l'on sent la puissance des vents.
Pas de difficultés pour Piperol et Vauchel-Camus
Côté Ocean Fifty, le seul Ultramarin en lice, Thibaut Vauchel-Camus, est arrivé premier à l'escale morbihannaise avec son binôme Quentin Vlamynck sur leur bateau Solidaires en Peloton, en 20 heures et 44 minutes.
Pas d'avarie non plus pour le Guadeloupéen Kéni Piperol, engagé en Class 40 avec Thomas Jourdren sur Captain Alternance. Ils ont mis une journée et un peu plus de 15 heures pour rallier Le Havre à Lorient, se plaçant ainsi à la 24e position.
Dans une vidéo publiée sur Facebook, il revient sur le départ et notamment les conseils de Bruno Jourdren, navigateur et père de Thomas, pour prendre le moins de risques possibles face à la tempête.
L'équipage martiniquais mis à l'épreuve
La descente de la Manche et le tour de la pointe bretonne ont été plus durs à gérer l'équipage 100% martiniquais, Martinique Tchalian. Hervé Jean-Marie et Jean-Yves Aglaé ont en effet eu de la casse, notamment sur les safrans, la partie immergée du gouvernail qui permet d’orienter le voilier, ainsi que sur la voile. "On a eu des problèmes qui ne sont pas structurels donc déjà c'est une bonne nouvelle, ça veut dire que le bateau la coque est encore saine", analyse Jean-Yves Aglé au micro d'Outre-mer la 1ère à Lorient.
Après avoir trouvé un endroit au calme pour faire les réparations, ils sont repartis et sont arrivés derniers de leur catégorie après deux jours et 13 heures de navigation. "On est passé par toutes les émotions, la joie, la désillusion, le retour du moral, la faim et la soif", commentait Hervé Jean-Marie sur une vidéo publiée sur YouTube.
"Se remettre dans la config' Transat"
Derniers mais toujours en course, contrairement à un duo de concurrents qui a déjà dû abandonner. Cette étape à Lorient est d'ailleurs bienvenue pour Jean-Yves Aglaé car cela leur permet à lui et son co-skipper de "réparer un maximum", "prendre le temps de se reposer et de se remettre dans la config[uration] Transat", et "recommencer à parler stratégie, météo", liste-t-il auprès de l'équipe d'Outre-mer la 1ère.
Malgré toutes ses péripéties, il pense que l'arrivée à Fort-de-France se fera autour du 20-23 novembre : "On attend d'avoir réellement la confirmation du parcours, c'est ce qui va déterminer la durée de la navigation et du coup l'arrivée en Martinique." Les deux Martiniquais auront encore au moins trois jours pour faire le plein avant de repartir vers le péyi.