Né en Martinique, d’un père marin pêcheur et d’une mère fonctionnaire agent hospitalier, Loïc Léry est le troisième d'une fratrie de sept enfants. Dans les années 70, alors que le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer) organise le déplacement, sans retour, de milliers de "Domiens" vers Paris et la province, Loïc Léry, alors âgé de 13 ans, est envoyé à Paris où il est confronté au racisme qui le pousse à quitter l’école deux ans plus tard.
Des années de galère au "gang des Antillais"
À 17 ans, le jeune homme enchaîne les petits boulots : balayeur, coursier, vendeur dans la téléphonie et agent à l’hôpital Necker. Il rencontre sa femme avec qui il aura deux enfants. Avec peu de ressources, le couple s’isole. C’est à cette période que Loïc Lery rejoint le gang des Antillais qui s'adonne, à la fin des années 1970 à Paris, au braquage de bureaux de poste. Le "Colibri", comme on le surnomme, sera arrêté le 12 octobre 1979. Il n'aura passé qu'un an au sein du gang des Antillais. Il écope de 10 ans de prison et en fera au final sept.
Naissance d'un écrivain
Dans l'attente de son jugement, Léry est incarcéré à Fleury-Mérogis. Placé en isolement après une rixe, Il découvre les écrits d'Angela Davis, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop et Aimé Césaire.
Patrick Chamoiseau travaille à l'époque en tant qu'éducateur social au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis auprès des jeunes incarcérés. Le directeur de la prison lui signale ce détenu aux lectures atypiques. Les deux hommes sympathisent et le futur prix Goncourt (en 1992 pour son roman Texaco) va l'accompagner durant toute son incarcération. Il lui offre un cahier et lui conseille d'écrire afin de faire de la plume son arme. En lui citant l'exemple de Chester Himes, taulard devenu auteur, Patrick Chamoiseau incite le prisonnier à coucher sur le papier sa propre histoire. Du fond de sa cellule, Loïc Lery se met à écrire sans relâche et manque les promenades quotidiennes.
En décembre 1984, il met la touche finale à son livre Le Gang des Antillais, tandis que se profile son procès. Envoyé à la prison de Poissy, il demande son transfert à Fort-de-France, qu’il obtiendra deux ans plus tard.
En Martinique, son livre est un succès, mais pas assez pour le faire vivre. Il devient pêcheur comme son père, puis agent hospitalier comme sa mère.
La consécration
En 2016, son polar est adapté au cinéma par l'acteur, scénariste et réalisateur Jean-Claude Barny, captivé par la force des dialogues. Tel un effet miroir, Barny en fait un récit où résonnent sa propre histoire et celle de ses parents.
À 64 ans, l’envie d’écrire n'a pas quitté Loïc Lery qui partage désormais son temps entre son travail en milieu hospitalier à Fort-de-France et l'écriture de romans policiers.
♦ Pour aller plus loin :
Le Gang des Antillais, ou l'amertume des enfants du Bumidom
Festival Polar : "Le gang des Antillais" décroche le prix du meilleur long métrage francophone
L'ex ganster Loïc Léry troque le flingue contre la plume
⇒ L'intégralité du documentaire est à retrouver ici : Loïc Léry, du flingue au stylo
Un film de Sonia Medina et Stéphane Krausz
Productions : Zycopolis Productions / France Télévisions / Martinique la 1ère
Avec : Sébastien Onomo, Jocelyne Béroard, Jérôme Pierrat, Patrick Chamoiseau, Jean-Claude Barny, Agnès Léry et Steve "Fola" Gadet.
Durée : 52 minutes
2022
/outremer/2024/07/26/000-3662898-66a3e856e967f809317895.jpg)
/outremer/2024/07/26/laurent-gane-souvenirs-olympiques-1500x1000-pic-66a3c4a61c621143039556.jpg)
/outremer/2024/05/10/takaiki-1-207-1-663e7ddca31e5817704914.png)
