Quelles réactions politiques dans l'Hexagone après l'annonce du maintien du référendum en Calédonie le 12 décembre ?

Jean-Luc Mélenchon dénonce "une erreur profonde", quand d'autres, au PS et chez LR notamment, saluent la décision du gouvernement. Tour d'horizon des premières réactions politiques dans l'Hexagone après l'annonce du Haut-commissaire concernant le maintien du référendum le 12 décembre.

Le troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie se tiendra bien le 12 décembre prochain. Les indépendantistes, qui souhaitaient un report de la date en raison de la situation sanitaire, ont confirmé qu’ils ne participeront pas au scrutin après les annonces du Haut-commissaire de la République. Voici les premières réactions politiques au niveau national.

"Erreur profonde"

Maintenir la consultation le 12 décembre est "une erreur profonde" selon Jean-Luc Mélenchon, candidat insoumis à la présidentielle. Pour lui, la décision du gouvernement met en péril l’ensemble du processus fixé lors des accords de Matignon et de Nouméa "alors que jusqu’à présent tout le monde a fait les efforts nécessaires pour maîtriser la situation et les réactions à la situation".

Je trouve que c’est une décision qui n’est pas sage et qui pourrait faire couler le processus tout entier. Alors que si on accepte l’idée raisonnable d’attendre un peu, que la situation sanitaire soit assez stabilisée, on y gagnera en légitimité.

Jean-Luc Mélenchon

 

"Le processus en Calédonie nécessite beaucoup de savoir-faire, de doigté et d’écoute. Ça ne sert à rien de brutaliser les gens, a-t-il commenté. Quel est l’intérêt ? On va avoir un vote et il va être immédiatement mis en cause comme étant insincère par l’une des deux parties prenantes, et pas n’importe laquelle."

Une décision qui "prive le scrutin de sa légitimité"

Pierre Kanuty, ancien conseiller régional (PS) d’Ile-de-France est sur la même ligne. "Le maintien du référendum est une erreur car les deux camps ne sont pas d’accord, or depuis 1988, tout s’est construit sur le consensus. Il ne faut pas le fragiliser, au risque de tensions qui ne profitent à personne", a-t-il estimé sur twitter.

Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse, s’est également opposé au maintien de la consultation. Pour l'autonomiste Corse, ne pas reporter le référendum est "contraire à l’esprit des accords de paix et prive le scrutin de sa légitimité démocratique".

Un report aurait été synonyme "d'insécurité" et "d'incertitude"

"Même si la situation sanitaire pose en effet un certain nombre de difficultés et de questions, la balance penche me semble-t-il pour l’organisation de cette consultation le 12 décembre, a estimé Philippe Gosselin, député (LR) de la Manche et membre de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale. "Sur le plan matériel un processus est clairement enclenché", note le député. En effet, des escadrons de gendarmerie, déployés pour maintenir l’ordre en marge du scrutin, sont déjà arrivés sur le Caillou.

"En reportant, on prend le risque de reporter dans un an, dans une situation qui peut être de toute façon compliquée et qui génère aussi beaucoup d’insécurité", estime-t-il.  Une "insécurité juridique" d’une part, car les textes prévoient que la consultation soit organisée au plus tard au mois de septembre 2022, mais aussi "politique" selon Philippe Gosselin, qui craint de voir se mêler des enjeux nationaux, notamment au moment de la présidentielle, aux enjeux locaux du scrutin référendaire. Enfin, l’élu redoute l’"incertitude économique" des acteurs, qui peineraient à se projeter si le scrutin était sans cesse reporté.

"Marine Le Pen a toujours été très claire, elle a toujours expliqué qu’elle était pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, a déclaré André Rougé, le porte-parole pour les Outre-mer de la candidate du Rassemblement National à la présidentielle. Elle a toujours dit qu’elle souhaitait que le processus référendaire puisse aller à son terme, nous ne pouvons que nous réjouir que ce soit le cas."

Se fier à "l'autorité scientifique"

"Sur un sujet aussi tendu, sensible, que la poursuite des accords de Nouméa et de Matignon il faut de l’objectivité, il ne faut pas que les pouvoirs publics donnent l’impression d’avoir choisi leur camp. La France, et le gouvernement, doivent être impartiaux face aux deux parties, considère David Habib, membre du parti socialiste et vice-président de l’Assemblée nationale. On ne peut sortir de cette difficulté qu’en restant sur des bases scientifiques. C’est ce qui guidait le parti socialiste, notre position a été claire. La validité de la date devait se faire sur la base d’informations strictement médicales et donc ce que nous demandions, c’était d’avoir une position de l’autorité scientifique", explique-t-il, en ajoutant qu’il souhaiterait que le gouvernement rende public l’avis du conseil scientifique sur la question.

La Nouvelle-Calédonie, durement touchée par l'épidémie de coronavirus après avoir été longtemps "covid free", voit son taux d’incidence baisser progressivement. Il s’établit désormais à 106 cas pour 100 000 habitants.