Santé, transports, insécurité, agriculture : mouvements sociaux et protestations se multiplient en Guyane. L'accès au centre spatial Guyanais est bloqué et le tir d'Ariane 5 prévu mardi 21 mars a été empêché. Décryptage.
La Guyane est sous tension depuis plusieurs semaines. Insécurité, santé, transports, agriculture : aucun secteur n'est épargné par les mouvements sociaux et les protestations. Des grévistes et différents collectifs manifestent depuis lundi 20 mars sur le rond-point de Carapa, à Kourou. Un lieu stratégique qui leur permet de bloquer l'accès au Centre spatial Guyanais où le tir d'Ariane 5 a été empêché, mardi 21 mars.
Ces grévistes ont été rejoints par les "500 frères" qui comptent durcir le mouvement. Ce collectif qui veut lutter contre la délinquance, avait déjà très vivement interpellé Ségolène Royal lors de sa visite en Guyane le 17 mars dernier. Retour sur ces événements en quatre actes.
Mardi 21 mars, les "500 frères" ont quitté Cayenne pour rejoindre les grévistes de plusieurs mouvements sociaux rassemblés sur le rond-point de Carapa à Kourou. Depuis, ils bloquent ensemble l'accès au Centre Spatial Guyanais, rendant impossible le lancement d'Ariane 5 initialement prévu mardi 21 mars. Regardez ce post Facebook de Guyane 1ère qui montre un défilé des 500 frères à Kourou :
Acte 2 : La visite de Ségolène Royal perturbée
Les premiers mouvements sociaux ont démarré en Guyane avec la visite de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, les 16 et 17 mars. Plusieurs rendez-vous ont été perturbés. Des blocages ont été menés par plusieurs organisations professionnelles.
Vendredi 17 mars, Ségolène Royal a même été très vivement prise à partie par les "500 frères". Entre quarante et cinquante hommes vêtus de noir et cagoulés ont pénétré dans l'enceinte de la CTG, Collectivité Territoriale de Guyane, alors que se tenait la conférence internationale sur la convention de Carthagène. La ministre de l'Ecologie devait défendre la protection du milieu marin de la région des Caraïbes, devant des représentants de pays de la zone, tels que les Etats-Unis, les Bahamas, la République dominicaine ou encore le Guyana.
Suite à cet incident diplomatique qui a provoqué le départ de plusieurs délégations des pays voisins de la Guyane, Ségolène Royal a écourté sa visite dans le département et a annulé sa participation à l'inauguration du pont de l'Oyapock entre le Brésil et la Guyane.
Les salariés UTG Eclairage d'EDF sont en grève illimitée. Leurs revendications sont axées sur l'emploi, l'embauche locale, les conditions de travail, la formation, la sécurité et l'avenir énergétique du pays. Le collectif Toukans réclame lui davantage de garanties pour la santé en Guyane et surtout pour l'avenir du centre médical de Kourou.
Sur ce rond-point également, des salariés d'Endel, société qui s'occupe de maintenance industrielle et travaille pour le Centre Spatial Guyanais. Les grévistes réclament le respect des négociations annuelles obligatoires. A leurs côtés, il y a les transporteurs, eux aussi en grève. Le mouvement est conduit par l’UGTR, l’Union Guyanaise des Transporteurs Routiers, qui dénonce l’attitude du Centre Spatial Guyanais, qui ne les ferait pas suffisamment travailler sur le chantier d’Ariane 6.
Ces manifestants ont été rejoints, mardi 21 mars, par le collectif des "500 frères" venu leur prêter main forte. Depuis, le mouvement se durcit. Des échauffourées ont même ont éclaté entre grévistes et forces de l'ordre sur ce rond-point, mardi matin. Les gendarmes mobiles ont fait reculer les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes (Regardez ci-dessous le Facebook Live de Guyane1ère).
Parallèlement, les agriculteurs sont aussi mobilisés contre l’Agence de Service et de Paiement. Des tracteurs et des bétaillères étaient positionnés, mardi, devant la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt, route de Baduel. La FDSEA et le syndicat des jeunes agriculteurs dénoncent le non-paiement des subventions et des aides européennes.
Eclats de voix, tensions, inquiétudes : après un début de discussions dans la confusion, plusieurs acteurs ont quitté la réunion. "On ne reste pas dans une salle avec des gens qui ne connaissant pas les vrais problèmes du pays", ont hurlé des grévistes. Finalement le calme est revenu, mais aucun accord n'a été trouvé dans ces différents conflits sociaux. "La priorité du centre spatial est de lancer leur fusée, ce n'est pas l'avenir de la Guyane, pas la santé, pas nos vies, pas le développement économique du pays, ni l'insécurité", a déclaré à la sortie un membre du collectif des "500 frères" qui entend désormais durcir le mouvement de blocage sur le rond-point de Kourou.
Ces grévistes ont été rejoints par les "500 frères" qui comptent durcir le mouvement. Ce collectif qui veut lutter contre la délinquance, avait déjà très vivement interpellé Ségolène Royal lors de sa visite en Guyane le 17 mars dernier. Retour sur ces événements en quatre actes.
Acte 1 : Le collectif des 500 frères
A la mi- février, le collectif des "500 frères contre la délinquance" fait une démonstration de force dans les rues de Cayenne. A peine créée, il rassemble près de 600 personnes lors d'une manifestation. Leur objectif : dénoncer la violence qui règne dans ce département qui bat le record de criminalité en France. Toujours vêtus de noir et cagoulés, depuis cette première manifestation, les membres des "500 frères" ont été reçus à plusieurs reprises par la préfecture. Selon eux, l'insécurité en Guyane est due en partie à la forte immigration clandestine en provenance des pays voisins. Vendredi 17 mars, ils se sont rassemblés devant plusieurs consulats, à Cayenne, pour demander aux autorités des pays voisins de "rapatrier leurs délinquants".Mardi 21 mars, les "500 frères" ont quitté Cayenne pour rejoindre les grévistes de plusieurs mouvements sociaux rassemblés sur le rond-point de Carapa à Kourou. Depuis, ils bloquent ensemble l'accès au Centre Spatial Guyanais, rendant impossible le lancement d'Ariane 5 initialement prévu mardi 21 mars. Regardez ce post Facebook de Guyane 1ère qui montre un défilé des 500 frères à Kourou :
Acte 2 : La visite de Ségolène Royal perturbée
Les premiers mouvements sociaux ont démarré en Guyane avec la visite de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, les 16 et 17 mars. Plusieurs rendez-vous ont été perturbés. Des blocages ont été menés par plusieurs organisations professionnelles.
Vendredi 17 mars, Ségolène Royal a même été très vivement prise à partie par les "500 frères". Entre quarante et cinquante hommes vêtus de noir et cagoulés ont pénétré dans l'enceinte de la CTG, Collectivité Territoriale de Guyane, alors que se tenait la conférence internationale sur la convention de Carthagène. La ministre de l'Ecologie devait défendre la protection du milieu marin de la région des Caraïbes, devant des représentants de pays de la zone, tels que les Etats-Unis, les Bahamas, la République dominicaine ou encore le Guyana.
Suite à cet incident diplomatique qui a provoqué le départ de plusieurs délégations des pays voisins de la Guyane, Ségolène Royal a écourté sa visite dans le département et a annulé sa participation à l'inauguration du pont de l'Oyapock entre le Brésil et la Guyane.
Acte 3 : Le rond-point des grévistes
Depuis lundi 20 mars, des grévistes d'EDF UTG Eclairage et du collectif citoyen les Toukans ont érigé des barrages au rond-point Carapa à Kourou. Un carrefour stratégique qui mène au centre spatial guyanais où devait se tenir un tir de la fusée Ariane 5, mardi 21 mars. Sur ce carrefour, toutes les tensions sociales convergent. (Regardez ci-dessous le Facebook Live de Guyane 1ère ce mercredi 22 mars).Les salariés UTG Eclairage d'EDF sont en grève illimitée. Leurs revendications sont axées sur l'emploi, l'embauche locale, les conditions de travail, la formation, la sécurité et l'avenir énergétique du pays. Le collectif Toukans réclame lui davantage de garanties pour la santé en Guyane et surtout pour l'avenir du centre médical de Kourou.
Sur ce rond-point également, des salariés d'Endel, société qui s'occupe de maintenance industrielle et travaille pour le Centre Spatial Guyanais. Les grévistes réclament le respect des négociations annuelles obligatoires. A leurs côtés, il y a les transporteurs, eux aussi en grève. Le mouvement est conduit par l’UGTR, l’Union Guyanaise des Transporteurs Routiers, qui dénonce l’attitude du Centre Spatial Guyanais, qui ne les ferait pas suffisamment travailler sur le chantier d’Ariane 6.
Ces manifestants ont été rejoints, mardi 21 mars, par le collectif des "500 frères" venu leur prêter main forte. Depuis, le mouvement se durcit. Des échauffourées ont même ont éclaté entre grévistes et forces de l'ordre sur ce rond-point, mardi matin. Les gendarmes mobiles ont fait reculer les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes (Regardez ci-dessous le Facebook Live de Guyane1ère).
Parallèlement, les agriculteurs sont aussi mobilisés contre l’Agence de Service et de Paiement. Des tracteurs et des bétaillères étaient positionnés, mardi, devant la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt, route de Baduel. La FDSEA et le syndicat des jeunes agriculteurs dénoncent le non-paiement des subventions et des aides européennes.
Acte 4 : L'échec des discussions
Mardi 21 mars, après les tensions sur le rond-point de Carapa, des discussions ont été organisées à la mairie de Kourou en présence du préfet, d'élus, du président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, et des différents porte-paroles des salariés et des collectifs.Eclats de voix, tensions, inquiétudes : après un début de discussions dans la confusion, plusieurs acteurs ont quitté la réunion. "On ne reste pas dans une salle avec des gens qui ne connaissant pas les vrais problèmes du pays", ont hurlé des grévistes. Finalement le calme est revenu, mais aucun accord n'a été trouvé dans ces différents conflits sociaux. "La priorité du centre spatial est de lancer leur fusée, ce n'est pas l'avenir de la Guyane, pas la santé, pas nos vies, pas le développement économique du pays, ni l'insécurité", a déclaré à la sortie un membre du collectif des "500 frères" qui entend désormais durcir le mouvement de blocage sur le rond-point de Kourou.
Acte 5 : La lettre à François Hollande
Dans une lettre adressée au président de la République François Hollande et daté du 21 mars, Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité Teritoriale de Guyane met en garde. "Il devient absolument vital d'envoyer un signal fort, sous peine de voir le territoire sombrer dans une crise socio-économique sans précédent, qu'il s'agisse de la santé, de la sécurité, du logement, de l'éducation, ou encore des infrastructures routières", écrit Rodolphe Alexandre qui demande "un plan ambitieux de relance économique" pour la Guyane.Tensions sociales en #Guyane : le président de la #CTG Rodolphe Alexandre écrit à @fhollande pic.twitter.com/4Nuq35dKBO
— La1ere.fr (@la1ere) 21 mars 2017