Nouvelle-Calédonie : l'accord polémique avec l'Azerbaïdjan "nul et non avenu", dit la nouvelle présidente du Congrès

À gauche, la présidente du parlement de l'Azerbaïdjan et l'élue calédonienne Omayra Naisseline le 18 avril 2024 ; à droite, Veylma Falaeo, présidente du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, le 29 août 2024.
Un protocole d'accord entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et le Parlement de l'Azerbaïdjan, qui avait fait polémique à sa signature en avril, doit "être considéré comme nul et non avenu", a affirmé lundi la nouvelle présidente de l'Assemblée, Veylma Falaeo.

Cette affaire embarrasse le Congrès de Nouvelle-Calédonie depuis près de six mois : le 18 avril 2024, Omayra Naisseline, élue du groupe UC-FLNKS (Union calédonienne - Front de libération nationale kanak et socialiste) et Nationalistes, avait signé un mémorandum de coopération au nom du Congrès de la Nouvelle-Calédonie avec Sahiba Gafarova, la présidente du parlement de l’Azerbaïdjan.

"Le texte a été signé par Omayra Naisseline, qui n'avait pas le mandat pour le faire", a expliqué durant une conférence de presse Veylma Falao, membre du petit parti de l'Éveil océanien élue à la présidence du Congrès fin août à la place de l'indépendantiste Roch Wamytan.

En conséquence, selon Veylma Falao, le texte "doit être considéré comme nul et non avenu", et elle appelle les élus locaux "à se tourner vers l'avenir et la reconstruction du territoire", frappé par cinq mois de violence qui ont fait 13 morts et plusieurs milliards d'euros de dégâts depuis le mois de mai.

Bakou accusé d'ingérence dans les Outre-mer

Le voyage en Azerbaïdjan de plusieurs élus indépendantistes, en avril, avait créé une vive polémique dans l'archipel, le régime de Bakou étant à couteux tirés avec Paris qui l'accuse d'ingérence dans les territoires ultramarins français.

Les groupes non-indépendantistes, Les Loyalistes et le Rassemblement, avaient à l'époque dénoncé un accord "n'ayant fait l'objet d'aucune concertation", avec un pays qui s'est "rendu coupable de crimes horribles contre sa propre population".

Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, pointait devant la commission des lois de l'Assemblée nationale "l'ingérence extrêmement néfaste" du pays du Caucase en Nouvelle-Calédonie.

Pas autorisé à déléguer

Roch Wamytan a "pris acte de l'annulation du protocole d'accord" mais a dénoncé en parallèle la volonté de "la droite locale radicalisée de saisir toutes les opportunités pour empêcher des pays de nous soutenir dans notre lutte", rappelant que le texte "se bornait à des déclarations d'intention en matière de coopération parlementaire" et que 14 accords similaires avaient été signés avec des assemblées d'autres pays.

Président du Congrès au moment de cette époque, il avait assuré avoir habilité Omayra Naissiline à signer ce mémorandum. Mais y était-il autorisé ? Visiblement non puisque selon l'article 70 de la loi organique, le président du Congrès peut déléguer certaines de ses attributions mais uniquement à ses vice-présidents. Une fonction que n'occupait pas Omayra Naisseline.