Une audition à l'ONU, un ministre des Outre-mer annoncé, une dépression tropicale à l'horizon : la fin de campagne officielle est animée. Infos, rubriques et analyses…
Lecornu de retour pour le référendum ?
Le ministre des Outre-mer se rendra en Calédonie "dans les prochains jours", annonçait la nuit dernière le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal. A Nouméa, on évoque même une arrivée dès demain soir. En attendant Sébastien Lecornu, il a été question de la consultation à Paris, mercredi, au Conseil des ministres et au Sénat. Le sénateur LR Michel Herbillon a interpellé le ministre sur la situation de la Calédonie dans le Pacifique et le positionnement de l’exécutif dans ce scrutin décisif.
Pour les indépendantistes, "un énième acte de mépris"
Cette venue imminente fait réagir les indépendantistes. Plus exactement le comité stratégique indépendantiste de non-participation, qui regroupe partis et syndicats. Il voit dans une telle visite "un énième acte de mépris et une ultime provocation".
"Face à l’entêtement de l’Etat de maintenir coûte que coûte la date de la consultation", poursuit le communiqué diffusé aujourd'hui, "le FLNKS et les nationalistes s’opposent à toutes discussions et à de quelconques rencontres avec le ministre des Outre-mer avant les élections présidentielles". D'ici avril, donc.
"Jour de deuil"
C’est ce que symbolise le 12 décembre pour le Sénat coutumier. L’institution l'a fait savoir cet après-midi dans une déclaration solennelle. Elle appelle à ne pas participer à ce troisième référendum. Mais invite à respecter le droit de vote et l’ordre public.
La participation peut-elle remettre en cause la validité du scrutin ?
Le taux de participation au référendum de dimanche peut-il être une raison pour décréter que ses résultats ne sont pas valides et réguliers ? Question importante puisqu’en appelant leur électorat à ne pas se rendre aux urnes, les indépendantistes souhaitent "délégitimer" le scrutin et ont prévenu qu’ils allaient le contester.
Cette question a été posée à la commission de contrôle. Réponse de son président Francis Lamy (en l’occurrence à NC la 1ère lors de l’invité de la matinale radio, le 24 novembre) :
En droit, la réponse est très claire : une faible participation n’invalide pas en soi le scrutin, qui est juridiquement valide.
Francis Lamy, président de la commission de contrôle
"Un choix qui doit être respecté"
Le conseiller d'Etat cite les décisions tranchées au niveau national, après les municipales tenues dans le contexte Covid : "Il y a eu des participations très faibles dans certaines communes et les recours qui mettaient en avant cette participation très faible pour contester la sincérité du scrutin ont été rejetés", rappelle-t-il.
"Sauf si, naturellement, cette faible participation s’explique par le fait qu’il y aurait eu de gens empêchés de participer au scrutin. Mais lorsqu’il s’agit d’une non-participation appelée par des mouvements politiques, celle-ci est le résultat d’un choix, d’une liberté, et il doit être respecté."
Et un avis des Nations-Unies ?
Autre interrogation qui en découle : quelle conséquence aurait un avis de l'ONU sur la validité du scrutin ? "Juridiquement, il n’y a qu’une seule instance qui peut remettre en cause la proclamation des résultats par la commission de contrôle", a répondu son président : "c’est le Conseil d’Etat. La loi organique le prévoit. Si l’on veut contester juridiquement les résultats du scrutin, il faut saisir le Conseil d’Etat."
Léa Havard, maître de conférences en droit public à l'UNC, le disait dans le même studio le 1er décembre : "Le comité de décolonisation de l’ONU pourra tout au plus produire un avis sur le déroulement du scrutin et émettre des réserves, considérer que le scrutin ne s'est pas déroulé dans de bonnes conditions.
Juridiquement, il n'a pas de moyen d'action pour contraindre la France à organiser un nouveau scrutin. On est dans une pression d'ordre politique.
Léa Havard, maître de conférences en droit public
ONU : audition, et contrefeu
L'ONU, parlons-en. C'est ce jeudi, à 15 heures, horaire de New York, qu'une délégation indépendantiste doit être auditionnée à l'assemblée générale des Nations-Unies. Soit 7 heures demain matin pour la Calédonie.
Un déplacement pointé par les non-indépendantistes, qui interrogent son financement. Et précédé, ont annoncé les Républicains calédoniens, d'une visioconférence organisée à la demande de Sonia Backès, présidente du parti et de la province Sud, avec la dirigeante du comité de décolonisation aux Nations-Unies. "Pour faire le point, écrit le mouvement sur les réseaux sociaux, sur la situation calédonienne en miroir de la démarche engagée par les indépendantistes présents à New York."
Non-lieu dans l'affaire des clips contestés
Les clips ont été retirés, il n’y a plus lieu de statuer : c’est en substance la décision rendue par le Conseil d’Etat mercredi 8 décembre. Un collectif d’électeurs avait engagé lundi une procédure de référé-liberté à l’encontre de plusieurs spots diffusés dans le cadre de la campagne audiovisuelle officielle.
Des dessins animés produits par les groupements Les Voix du Non 2 et Les Voix du Non 3. Les loyalistes qui le sont initiés expliquent avoir voulu traiter avec humour des sujets complexes. L’un des auteurs du recours considérait pour sa part que ces vidéos constituent "une forme de racisme qui vise à dégrader, humilier, à déshonorer les populations océaniennes".
Plainte du MOI contre Sébastien Lecornu
En parlant de justice, le Mouvement des Océaniens indépendantistes tenait ce soir point presse : le MOI annonce avoir "saisi la cour de justice de la République, à Paris" pour démêler l'affaire de l'apéro auquel Sébastien Lecornu a participé le 16 octobre, à Nouméa, pendant le confinement. Une information révélée par le Chien bleu puis développée par le site Mediapart.
Deux consultations à la loupe
En attendant d'analyser celui de dimanche, regard sur les deux précédents référendums. L’université, le Laboratoire de recherche juridique et économique ainsi que Sciences Po se sont associés pour enquêter sur les comportements des Calédoniens lors des consultations de 2018 et 2020.
Le scrutin en quelques chiffres
- 185 004 électeurs sur la liste spéciale référendaire
- 307 bureaux de vote à travers toute la Calédonie
- 60 bureaux de vote à Nouméa, ouverts de 7 heures à 19 heures
- 10 bureaux de vote délocalisés pour les électeurs des îles qui votent à Nouméa, ouverts de 7 heures à 18 heures
- 5 824 électeurs dans ces BVD
- 15 experts de l'ONU
- 7 observateurs du Forum des îles du Pacifique
- 5 membres dans la commission de contrôle
- 260 délégués pour les appuyer
Invité de la matinale
Demain, dès le dernier service de cantine, une partie des cantines nouméennes seront transformées en bureau de vote. Des préparatifs détaillés ce jeudi par Alan Boufenèche. Le directeur de la vie citoyenne à la mairie a notamment évoqué le protocole sanitaire qui vaudra pour ce scrutin. Ou le nombre plus important de bureaux de vote : ceux de Daniel-Talon à Logicoop, Albert-Perraud à Magenta et Mauricette-Devambez 1 à Rivière-Salée sont dédoublés.
Entretien complet avec Anne-Claire Lévêque :
Demain, vendredi, place à Gérard Sarda, président de la Ligue des droits de l'Homme et du citoyen de Nouvelle-Calédonie.
Paroles de jeunes
Comment parle-t-on du référendum et de l'après sur le campus universitaire de Nouville, à Nouméa ? Certains préfèrent ne pas trop aborder le sujet - "c'est une source de clivage et de tensions", relève Mathilda. D'autres aiment à confronter leurs visions - "Ça peut être enrichissant de voir que telle ou telle personne voit autrement que notre point de vue", pense Anthony.
Des réactions à retrouver ici.
"Oui ou Non ?"
Un single en forme de cri, comme pour exprimer les doutes et la frustration d'un enfant des Evénements. "J'entends constamment cette question : 'Oui ou Non ?'", répète Simanë dans un clip diffusé mardi, et réalisé par Terence Chevrin. Ce message, l'artiste multicartes le porte depuis 2018, mais en a fait un morceau de son premier album, à paraître en janvier.
Oui ou Non, Oui ou Non, Oui ou Non ? Pourquoi ? Où on va ? Est-ce un choix ? On fait quoi ? Quel poids ? Réponds-moi !
Simanë
Môô mâ awé, un hymne à la paix
La semaine d'avant, c'est une chanson pour la paix qui était dévoilée. Un hymne à la paix et au destin commun nommé Moo Ma Awé. Un projet porté par Tim Sameke avec le groupe de musique Macelo, originaire de Ponérihouen, et un collectif d’une dizaine d’artistes calédoniens de toutes les communautés.
On peut ne pas être d’accord, ce n’est pas pour autant qu’on doit être des ennemis.
Eddy Brial, musicien
Voyez le reportage d’Erik Dufour et Nicolas Fasquel :
Un week-end encadré par des arrêtés
Pas d'arme. Pas de carburant à emporter (susceptible de terminer dans un cocktail Molotov !). Pas de feux d'artifice. Le haussariat a pris trois arrêtés à l'approche du jour J, détails ici. En attendant qu'un quatrième soit annoncé, comme les fois d'avant, concernant la vente d'alcool.
Renforts en force
C'est ce qui s'appelle bleuir le paysage. L'Etat a fait savoir haut et fort qu'il convoquait moult renforts, humains et matériels, pour sécuriser la dernière consultation prévue par l'Accord de Nouméa. Et ils se voient : policiers, gendarmes, militaires, véhicules, VBRG ou encore ce Puma supplémentaire sorti du "nez" d'un Antonov.
Dans ma commune
Comment les Calédoniens vivent-ils l’approche du référendum ? Hier, la rubrique "Dans ma commune" a terminé son tour de Calédonie à Canala. Un instantané à retrouver ici.
Pour retrouver les infos sur la consultation, allez sur le site et cliquez sur Référendum Nouvelle-Calédonie 2021.