Le 13 mai 2024, alors que l'Assemblée nationale se penchait sur l'ouverture du corps électoral pour les provinciales, la Nouvelle-Calédonie est entrée brusquement dans une période de très grandes violences. Des troubles qui se sont concentrés en particulier dans les quatre villes de l'agglomération nouméenne.
14 personnes tuées par balles
La Calédonie a payé un terrible tribut en termes de vies perdues. Quatorze personnes ont succombé à des blessures par arme à feu, selon le bilan officiel. Il a été établi par les autorités depuis le début des émeutes. Il s'agit de douze civils et de deux gendarmes mobiles en mission. Les enquêtes ouvertes permettent de déterminer ce qui s'est précisément passé.
Au-delà des chiffres, voici le nom de celle et ceux dont le pays fait le deuil. Jybril Salo, étudiant en BTS de dix-neuf ans, originaire de Maré, a été tué l'après-midi du 15 mai sur la presqu'île de Ducos, vers Tindu, à proximité d'un barrage. Il a été touché de dos, à distance. Un homme est en détention provisoire dans l'Hexagone.
Stéphanie Doouka, dix-sept ans, et Chrétien Neregote, 36 ans, ont perdu la vie le même jour, dans la zone industrielle de Ducos. Un gérant de société a été mis en examen, et placé sous mandat de dépôt. Il est depuis en détention provisoire dans l'Hexagone.
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Dont deux gendarmes
Ce soir-là, le sous-officier Nicolas Molinari, 22 ans, a été mortellement blessé par un tir à la tête à La Coulée, dans le Sud du Mont-Dore, lors d'une intervention. Rattaché à la brigade de Plum, il appartenait au peloton de gendarmerie mobile de Melun, en Seine-et-Marne. Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre, mais aussi pour tentative de meurtre sur plusieurs de ses collègues.
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L'adjudant-chef Xavier Salou, 46 ans, a succombé à un tir qualifié d'accidentel et attribué à un collègue manipulant son arme, le 16 mai, sur le territoire du Mont-Dore. Il appartenait au groupement blindé de gendarmerie mobile de Versailles.
Dans le grand Nouméa, mais aussi à Kaala-Gomen et Thio, des décès à déplorer
Le décès de Pierre-Yves Girold, 51 ans, est le premier à survenir en dehors de l'agglomération nouméenne. C'était l'après-midi du 18 mai, à Kaala-Gomen, dans le Nord-Ouest de la Grande terre. Il est mort après un échange de coups de feu qu'il aurait initié, à hauteur d'un barrage.
Six jours après, l'après-midi du 24 mai, Daniel Tidjite, 48 ans, a été tué d'un tir à la poitrine à Dumbéa, à hauteur des barrages dressés à proximité du centre hospitalier. L'auteur présumé est un policier qui n'était pas en service.
Le 3 juin, un échange de tirs avec les gendarmes a entraîné la mort de Lionel Païta, 26 ans. Plusieurs versions des faits sont données mais ils se sont produits dans le Nord de Païta, vers la tribu de Saint-Laurent. À hauteur de la portion de RT1 qui relie Nouméa à l'aéroport international de Tontouta et qui est devenue un enjeu majeur de sécurisation.
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La neuvième victime en moins d’un mois est Joseph Poulawa, 34 ans. Il a été grièvement blessé par un gendarme du GIGN lors d’une confrontation entre émeutiers et forces de l’ordre le soir du 29 mai, à Koutio. Il a rendu son dernier souffle le 11 juin.
Dans la soirée du 23 juin, un jeune homme de 23 ans est victime d'une plaie par balle à Kaméré. L'autopsie a confirmé qu'il était mort d'une hémorragie. La légitime défense a été retenue pour le tireur.
Trois décès à Saint-Louis
Le 10 juillet, Rock Victorin Wamytan dit "Banane", est abattu par un tir de riposte d'un gendarme du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. C'était lors d'une opération de sécurisation de la route provinciale qui traverse Saint-Louis, à proximité de l'église.
Le 15 août, à Thio, Marco Caco, 43 ans, est atteint par une balle tirée en pleine tête par un gendarme mobile. Il décédera lors de son transfert au Médipôle. La version d’un "tir de riposte" de la gendarmerie est remise en cause par la CCAT.
À Saint-Louis, c'est lors d'une nouvelle opération de gendarmerie que Johan Kaidine, 29 ans, et Samuel Moekia, 30 ans sont tués lors d'affrontements, dans la nuit du 18 au 19 septembre.