Les Outre-mer, c'est quoi ? La Guadeloupe

Vue des chutes du Carbet en Guadeloupe

Dans sa riche histoire, la vitalité de la culture guadeloupéenne est reconnue. On citera notamment Maryse Condé, prix Nobel alternatif de littérature en 2018. La Guadeloupe a également permis à la France de briller côté sportif, avec Marie-José Pérec, Teddy Riner et bien d'autres.               

Chef-lieu : Basse-Terre
Statut : département et région d’Outre-mer (DROM)
Zone : Caraïbe, petites Antilles
Au nord, Montserra, Antigua et Barbuda
Au sud, La Dominique et la Martinique
Paris se trouve à 6.800 km
La Guadeloupe fait partie des régions ultrapériphériques (RUP) de l’Union européenne
Langues : français et créole
 

Population

En janvier 2019, la population guadeloupéenne était estimée à un peu plus de 381.000 habitants. En dix ans, l’archipel a perdu environ 20.000 habitants. Cette tendance est due principalement à la baisse de la natalité et à une migration de plus en plus importante des jeunes vers d’autres horizons. En 2018, un quart de la population était âgé d’au moins 60 ans contre 24,1 % en 2017 (13,9 % en 1999). Les moins de 20 ans représentaient 25,9 % de la population contre 32,7 % en 1999. L’âge moyen est estimé à environ 40 ans, soit 7 ans de plus qu’en 1999.

>>> A lire : Un rapport parlementaire pointe le vieillissement "massif et rapide" de la population aux Antilles et à La Réunion 
 
♦ Vidéo : Les communes de la Guadeloupe « an tan lontan » 


Histoire en bref

Selon les sources, les traces des premiers habitants de la Guadeloupe, venus du continent sud-américain, remontent entre 3.000 et 3.500 avant J.C. Les migrations sont essentiellement celles des Indiens Arawaks, détrônés plus tard par les Kalinas au IXe siècle. Ces derniers baptisent l’île « Karukera », ce qui signifie « l’île aux belles eaux » dans leur langue.  
Les Espagnols, avec à leur tête Christophe Colomb, arrivent sur l’île en novembre 1493 et lui attribuent un nouveau nom, Guadeloupe. Les Français prennent possession des terres en 1635 sous l’égide de la Compagnie française des Indes occidentales. Les Indiens caraïbes sont décimés par les massacres perpétrés par les colons et les maladies. Les survivants s’enfuient vers la Dominique.

Commence alors un processus colonial à grande échelle, basé essentiellement sur la culture de la canne à sucre. Des dizaines de milliers d’esclaves sont capturés et ramenés d’Afrique sub-saharienne. A la fin du XVIIIe siècle, la Guadeloupe comptait ainsi plus de 90.000 esclaves. Cette époque est marquée également par une féroce rivalité franco-britannique. Les Anglais occuperont l’île à plusieurs reprises, mais les Français en sortiront finalement vainqueurs en 1794. La même année, la Convention proclame l’abolition de l’esclavage, qui sera rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802, suscitant la résistance farouche en particulier du Martiniquais Louis Delgrès, colonel de l’armée française, et de son compagnon d’arme guadeloupéen Joseph Ignace, qui avec 300 hommes préféreront se suicider à l’explosif à Matouba plutôt que de se rendre. Finalement, sous la pression des révoltes d’esclaves et l’impulsion de Victor Schœlcher, alors sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies, le décret d'abolition de l’esclavage est signé le 27 avril 1848. La Guadeloupe célèbre cet événement historique tous les 27 mai, date de la proclamation du décret sur le territoire (87.000 esclaves émancipés).

A lire [Grand format]
27 avril 2018 : 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage 
 

Plan des cales d'un bateau négrier et de leur cargaison d'esclaves durant la traite


Après l’abolition, de nombreux ouvriers originaires d’Inde viendront travailler en Guadeloupe, entre 1854 et la fin du siècle. Ce seront environ plus de 20.000 Indiens, en majorité Tamouls, dénommés « les engagés », qui signeront des contrats quinquennaux. Exploités dans les plantations, trop pauvres pour se payer un retour, ils demeureront sur place. De même, quelques milliers d’Africains « libres » seront recrutés comme « cultivateurs » dans les années 1860. Le mélange de ces populations constituera le creuset de la Guadeloupe contemporaine.

De 1940 à 1943, l’archipel est placé sous la férule du gouverneur Constant Sorin, qui représente l'administration de Vichy. Cette époque difficile, marquée par de nombreuses pénuries, est connue sous l’expression « An tan Sorin ». Néanmoins, de nombreux Guadeloupéens comme de Martiniquais, les « Dissidents », entrent en résistance et rejoignent les Forces françaises libres, en passant par les îles anglophones avoisinantes. Après la guerre, notamment sous la pression des députés communistes au Parlement, la proposition de loi visant à une assimilation intégrale au statut départemental fait de la Guadeloupe un département français d’Outre-mer en mars 1946.

A lire : L’indianité des Antilles, l’oubliée de l’histoire

Géographie

L’archipel de la Guadeloupe comprend deux îles principales, la Basse-Terre (848 km2) et la Grande-Terre (588 km2), séparées par un étroit bras de mer. Il compte trois dépendances : Marie-Galante (158 km2), la Désirade (21 km2), l’archipel des Saintes (13 km2) et quelques ilots. Toutes ces îles offrent une très grande variété de paysages et de sites, allant des chutes et des rivières en passant par les forêts tropicales, les plages et le volcan de La Soufrière.
 

Vue du volcan de La Soufrière.

Economie

Le secteur tertiaire (administration publique, éducation, santé, services marchands, tourisme…) domine l’activité de l’économie guadeloupéenne. Il représentait 86,3 % de l’emploi salarié en 2018. L’industrie (agroalimentaire, biens de consommation et intermédiaires) comptait environ pour 8 % des emplois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’agriculture, l’élevage et la pêche ne représentent que peu d’emplois, alors que par exemple la banane et la canne à sucre sont les deux grandes cultures d’exportations de Guadeloupe, occupant plus de 50 % des surfaces agricoles utiles. En 2018, le taux de chômage en Guadeloupe s’établissait à 23,1 % de la population active, contre 8,8 % en France hexagonale.

>>> Tourisme : c’est l’un des moteurs de l’économie guadeloupéenne. En 2018, l’aéroport a enregistré un nouveau record de passagers (2.359.779 hors transit), soit une hausse de 4,6 % (+4,5 % en 2017). La fréquentation hôtelière a également augmenté de +3,5 % en nuitées en 2018. Le nombre de croisiéristes a bondi de 20,6 % la même année. La croisière de transit a connu notamment un formidable essor sur les cinq dernières années.
 

 

 

Politique et cadre institutionnel

Département depuis mars 1946, l’île a vu ses compétences étendues depuis décembre 1982 en matière de finances publiques locales entre autres où la région détermine, dans le cadre défini par le Conseil de l’Union européenne, le taux, les exonérations et la répartition de l’Octroi de mer (taxe indirecte sur la consommation qui concerne à la fois les produits importés et ceux produits localement.) La Guadeloupe compte quatre députés et trois sénateurs au Parlement ainsi que deux représentants au Conseil économique, social et environnemental. Par ailleurs une députée guadeloupéenne a été élue au Parlement européen pour la période 2019-2024, sous l’étiquette du Rassemblement national (RN).

Sur le plan régional, l’archipel appartient à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), à l’Association des États de la Caraïbe (AEC), dont le but est de favoriser la collaboration économique, sociale et culturelle entre les territoires caribéens, et à l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires dans la Caraïbe (OHADAC). Depuis mars 2019, la Guadeloupe est également membre associé de l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO).
 

Récolte de la canne en Guadeloupe.

 

 

Société

L’histoire de la Guadeloupe a été marquée par de nombreux conflits sociaux. Entre autres, la grève des ouvriers de l'usine Gardel au Moule le 14 février 1952 (événement qui fit quatre morts, connu sous le nom du « massacre de la Saint-Valentin »), les émeutes de mai 1967 pour des augmentations de salaire qui firent des dizaines de morts et de blessés, et enfin la longue grève (44 jours) de 2009 contre la « pwofitasyon » (exploitation). Plus récemment, les questions écologiques et environnementales ont dominé le débat public avec la question de l’invasion des côtes par les algues sargasses et celle de la pollution des terres et des eaux par le chlordécone, pesticide longtemps utilisé dans l’agriculture locale. La question de l'accès aux soins et de la santé aussi, après que le CHU de Pointe-à-Pitre ait partiellement brûlé en novembre 2017, sans que la réhabilitation complète des infrastructures ait encore été effectuée. Le problème des coupures d'eau est également récurrent sur l'archipel. Par ailleurs, à partir de mars 2020, la pandémie de Covid-19 n'a pas épargné la Guadeloupe. Fin mai, l'Agence régionale de santé (ARS) avait déjà annoncé près de 160 cas et 12 décès dus à la maladie sur le territoire. 

♦ Décryptage : Antilles et Guyane, un fléau nommé sargasses (par Kelly Pujar) 

 

 

Culture et sport

La vitalité de la culture guadeloupéenne est unanimement reconnue. Parmi ses écrivains, on citera notamment Maryse Condé, récipiendaire en 2018 du prix Nobel alternatif de littérature, Simone Schwarz-Bart, Gisèle Pineau, les poètes Guy Tirolien et Sonny Rupaire, Daniel Maximin, Ernest Pépin, Dominique Lancastre, Gerty Dambury… Pour ses musiciens, le groupe Akiyo, le pianiste de jazz Alain Jean-Marie, le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart, le guitariste et arrangeur Jacob Desvarieux de Kassav’, le batteur et percussionniste Sonny Troupé, les chanteurs Tanya Saint-Val, Tricia Evy, Joëlle Ursull (Grand prix de l’Eurovision en 1990), Admiral T, Franky Vincent et Patrick Saint-Eloi (1958-2010). Ses acteurs, Firmine Richard, Greg Germain, Jacques Martial, Jean-Michel Martial (1952-2019), et le réalisateur Jean-Claude Barny (Le Gang des Antillais). Miss France 2020, Clémence Botino, est guadeloupéenne. Le territoire compte par ailleurs le premier musée français consacré à l’histoire et à la mémoire de l’esclavage, le Mémorial ACTe. Enfin, l’île de Marie-Galante abrite le célèbre festival annuel international Terre de Blues, qui a fêté ses vingt ans en 2019.

Vidéo : Ecoutez Tricia Evy chanter « Lanmou A »


Terre de sportifs de haut niveau, les Guadeloupéens ont permis à la France de briller sur de nombreux terrains. Football avec notamment Marius Trésor, Thierry Henry, William Gallas, Lilian Thuram, Thomas Lemar, Kingsley Coman, Anthony Martial et Alexandre Lacazette ; athlétisme avec Roger Bambuck (médaillé de bronze en relais 4X100m aux JO de 1968), Christine Arron, Patricia Girard et Marie-José Pérec (triple championne Olympique) ; escrime avec Laura Flessel (deux titres Olympiques, six fois championne du monde en individuel et en équipe) ; basket avec entre autres Rudy Gobert, joueur dans la NBA américaine ; tennis avec Gaël Monfils, 9e joueur mondial ; et bien sûr judo avec Teddy Riner, double champion Olympique et décuple champion du monde.  

Vidéo : Le top 25 des ippons de Teddy Riner