Plusieurs collectifs appellent à une mobilisation de soutien aux militants anti-chlordécone dimanche à Vincennes

Le logo de l'événement à Vincennes
A l’appel de collectifs et d’acteurs de la société civile, dont Priscillia Ludosky et le chercheur Malcom Ferdinand, une mobilisation est prévue dimanche à Vincennes en soutien aux militants anti-chlordécone et pour la "Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition".
 
L’événement, dénommé « Vibrons ensemble pour la justice », se tiendra dimanche 23 août de 14h à 20h au Bois de Vincennes au lieu-dit Kaban’O’Ka (angle rue de la Fontaine et rue des Pichets, ndlr). Organisé à l’appel de plusieurs collectifs (Zéro Chlordécone Zéro Poison section Paris, association Aprézan, Cercle du marronnage Île-de-France, Mouvement International pour les Réparations, Comité d’organisation du 10 Mai, entre autres) et d’acteurs de la société civile comme les Martiniquais Priscillia Ludosky, le chercheur au CNRS Malcom Ferdinand, l’artiste Joby Valente ou la Mahoraise Aicha Abdallah du Collectif Mayotte En Mouvement France, cette mobilisation veut marquer son soutien aux militants anti-chlordécone et célébrer la « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition », instituée par l’Unesco.
 

"Pas sans les peuples dits d’Outre-mer" 

Dans une tribune intitulée « Le monde d’après ne se fera pas sans les peuples dits d’Outre-mer », publiée sur le blog des invités du site d’information Médiapart, les principaux membres du collectif d’organisation rappellent que cette mobilisation va se dérouler quelques jours avant le 27 août, date à laquelle se tiendra le procès de militants anti-chlordécone en Martinique, et « exhortent à en finir avec l’arrogance et le déni de responsabilité de l'État français ». Ils dénoncent « un empoisonnement consécutif au système de profit mis en place par de grands planteurs issus des familles esclavagistes qui bâtirent leur fortune à l’ombre du Code Noir de Colbert. Un empoisonnement criminel qui aura duré des décennies avec la complicité de l’État français accordant des dérogations pour un pesticide interdit en France. »
 
Constatant que les territoires d’Outre-mer ont fait la richesse de la France sur fond d’esclavage et de colonisation, ainsi que la deuxième puissance maritime mondiale derrière les Etats-Unis avec une Zone Économique Exclusive de 11 millions de km2, le texte dénonce la paupérisation des régions ultramarines. « Selon l’Insee, 14,7 % de la population de l’Hexagone vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018, soit 9,3 millions de personnes. L’institut établit que les inégalités de niveau de vie sont encore plus prononcées dans les DROM qu’en Hexagone. »
 

En effet, en 2017, le taux de pauvreté (basé sur le seuil médian national) s’élevait à 33% en Martinique, à 34% en Guadeloupe. En Guyane, c’est la moitié de la population (53%) qui vit sous le seuil de pauvreté, 42% à La Réunion, et 77% à Mayotte. » « Les prix sont en moyenne supérieurs à ceux de l’hexagone de 37 % à La Réunion, 42 % en Guadeloupe, 45 % en Guyane et 48 % en Martinique.

Les signataires du texte  


Fustigeant les monopoles, notamment en Martinique, où en 2009, « les békés (1% de la population martiniquaise) possédaient 52% des terres agricoles, 40% de la grande distribution, 50% du commerce d’importation alimentaire, 90% de l’industrie agro-alimentaire », ils précisent également qu’ « en 2018, treize familles liées aux Outre-mer figuraient au classement annuel des 500 premières fortunes professionnelles de France du magazine Challenge, notamment le groupe Bernard Hayot et le groupe Karibea (famille Fabre). Ceci basé sur un système de surexploitation baptisé Pwofitasyon ».
 

Le président Macron interpellé

Interpellant directement le président Macron, notamment sur les objectifs de la « Loi de programmation relative à l'égalité réelle Outre-mer et portant autres dispositions en matière sociale et économique », les collectifs et signataires du texte écrivent qu’ils poursuivront leurs mobilisations jusqu’à l’obtention notamment : « de la reconnaissance et de la réparation des crimes contre l’humanité historiques commis sur nos territoires, de l’arrêt et de la réparation des crimes, écocides et scandales sanitaires contemporains (Guyane : Projet « Espérance », Réunion : Leucose Bovine, Antilles : empoisonnement au chlordécone, Polynésie française : essais nucléaires…) »;
 
« Du respect de notre droit de VIVRE dignement sur nos territoires, dont l’accessibilité pour tous, à l'eau potable, à des services de santé opérationnels, à des alternatives de transports non polluants ; de la priorisation dans les mutations à la fonction publique des candidatures d’originaires de ces territoires et de la priorisation dans l’embauche aux candidatures natives eu égard notamment aux dernières déportations (ex : BUMIDOM, Enfants de la Creuse); de l’adaptation des programmes et cursus aux territoires (BTP, Énergies renouvelables, production d’eau potable, métiers de la mer, agro-industrie, traitement des déchets etc.), afin que les étudiants ne soient pas contraints de s’exiler pour accéder à une formation adéquate. »